Le temps De La Rose…
Canadiens dimanche, 14 janv. 2018. 00:17 dimanche, 15 déc. 2024. 13:50Je m’attendais à beaucoup de la part du Canadien à Boston.
Fraîchement libéré d’un rôle de centre qui ne lui va pas du tout, je m’attendais surtout à voir Jonathan Drouin sillonner la glace du TD Garden comme Mathew Barzal des Islanders a sillonné la patinoire du Centre Bell lundi. Je m’attendais à le voir demander la rondelle, contrôler la rondelle, passer la rondelle et tirer la rondelle de brillante façon à chacune de ses présences.
Pour être franc, je m’attendais à ce que Drouin marque un, deux, voire trois buts dans le cadre d’une victoire du Canadien aux dépens de ses rivaux de Boston.
Dieu que je me suis trompé.
Non seulement le Canadien a perdu – le score final (4-1) aurait pu être bien pire considérant les arrêts difficiles réalisés par Carey Price et les poteaux frappés par les Bruins – mais Jonathan Drouin n’a pas marqué.
Bon! Drouin a marqué, mais comme il a fait dévier la rondelle derrière son gardien Carey Price, ça ne compte pas. Il a aussi obtenu une belle chance avec une belle poussée en période médiane. Au final, il n’a obtenu que deux tirs au filet.
Je m’attendais à autant de la part de Galchenyuk. Je m’attendais à voir les deux attaquants les plus talentueux du Tricolore se lancer à corps perdu à l’attaque. Je m’attendais à les voir mettre la machine en marche et faire reculer les défenseurs des Bruins pendant que Jacob De La Rose resterait en maraude pour assumer un rôle défensif.
Comme vous, j’ai attendu et j’attends encore!
Et on attendra encore longtemps, car l’expérience Drouin à l’aile n’aura duré que le temps des roses. C’est à dire pas longtemps. Comme dans vraiment pas longtemps.
Dans les faits, l’expérience n’a duré que 22 minutes et 37 secondes, soit jusqu’au but crédité à Ryan Spooner après que Drouin eut fait dévier la rondelle derrière Price au terme d’une attaque offerte aux Bruins par Jacob de la Rose.
Après avoir disputé quelques bons matchs – du moins des meilleurs que ce à quoi il nous avait habitués – De La Rose a hérité d’un rôle de premier plan entre Galchenyuk et Drouin. On sait tous que De La Rose n’est pas fort avec la rondelle. Il l’a prouvé une fois encore en effectuant une passe par derrière toute bête parce que le joueur à qui il voulait l’offrir – Alex Galchenyuk – était à ses côtés.
Non seulement De la Rose a créé ce revirement, mais il est loin de s’être démené pour venir prêter main-forte à ses défenseurs et à son gardien. On se serait attendu à ce qu’il revienne ventre à terre. Mais non! Et Galchenyuk n’a pas fait mieux.
Avec les résultats qu’on connaît : un but qui donnait les devants 2-1 aux Bruins. Un but qui a rétrogradé De La Rose au sein du 4e trio. Un but qui a entraîné la promotion de Nicolas Deslauriers au sein du premier trio avec Drouin de retour au centre.
Du sur place...
Si, en première période, le trio Galchenyuk-De La Rose-Drouin avait fait la pluie et le beau temps, Claude Julien aurait sans doute été un brin plus patient avec ce trio. Peut-être même deux.
Mais comme De La Rose a obtenu le seul tir du premier tiers, que Galchenyuk et Drouin, à deux, n’ont pas eu la rondelle plus de 20 secondes sur la lame de leur bâton, Claude Julien ne pouvait leur offrir cette patience.
C’est cette absence d’implication, de détermination, de niveau de compétition qui déçoit le plus dans le cadre de cette expérience qu’on attendait tous depuis un bon moment. On va se le dire, De La Rose, Drouin et Galchenyuk n’ont pas été assez bons à Boston. Comme le reste de l’équipe d’ailleurs.
De La Rose n’a pas fait le travail. C’est clair. Comme il est aussi clair que Drouin n’est pas plus un joueur de centre après cette défaite aux mains des Bruins qu’il ne l’était avant le match. Dans ces circonstances, peut-être qu’il faudrait donner l’occasion à Charles Hudon de lancer Galchenyuk et Drouin. Peut-être même à Plekanec.
À moins qu’on mise énormément sur Shaw. Et là je ne pense pas à Andrew Shaw qui est blessé pour une période indéterminée, mais à Logan Shaw qui a rejoint le Tricolore à Boston après avoir été réclamé au ballottage et qui pourrait peut-être jouer vendredi à Washington.
Déjà que le Canadien est pauvre au centre, les blessures qui le prive de Shaw – solide sur les mises en jeu en zone offensive en attaque massive – et de Phillip Danault ont des répercussions négatives évidentes.
Tout comme la perte de Shea Weber qui ratait une 12e partie consécutive hier et qui ne devrait pas revenir avant deux bonnes semaines en raison de sa blessure au bas du corps que plusieurs considèrent maintenant comme une fracture à un os du pied.
Pour combler ces pertes importantes, et parce que le Canadien n’est pas très bien nanti en fait de talent, ça prend du travail, du désir de vaincre, de l’abandon pour la cause de l’équipe.
Des qualités qui font tout autant cruellement défaut dans le vestiaire du Canadien que son manque évident de talent collectif.
Mes observations sur le match :
- Des Bruins irrésistibles
- Un but à l’image de la saison
- Un premier but pour Jerabek
- Hommage réservé à Claude Julien
- Portrait des séries
Chiffre du match : J’hésite entre les chiffres 40 et 258. Pourquoi? Parce qu’en dépit de ses 40 ans bien comptés, Zdeno Chara a effectué une présence de 258 secondes – 4 minutes 18 secondes – au cours desquelles le capitaine des Bruins et ses coéquipiers ont écoulé deux pénalités, dont une séquence de 69 secondes à trois contre cinq. Séquence dont le Canadien n’a pu profiter, ce qui a nettement contribué à cette 27e défaite en 45 matchs...
Des Bruins irrésistibles
Comme les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh, les Bruins de Boston ont commencé la saison sur les talons.
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Le 15 novembre, après leur 17e match, les Bruins étaient sous la barre des ,500 avec une fiche de 6-7-4. Depuis, ils n’ont encaissé que trois défaites en temps réglementaire. Trois!
Leur victoire aux dépens du Canadien a haussé à 19 gains, trois défaites en temps réglementaire et quatre en prolongation ou tirs de barrage leur fiche lors des 26 dernières parties. Une séquence qui les a non seulement promus au deuxième rang dans la division Atlantique, mais qui pourrait leur donner l’occasion de rejoindre le Lightning de Tampa Bay si jamais les Bolts manquaient d’énergie d’ici la fin de la saison.
Les Bruins sont solides à toutes les positions, dans toutes les facettes du jeu. Zdeno Chara, que plusieurs croyaient fini il y a deux ans, a relancé sa carrière en profitant du talent et de la jeunesse de Charlie McAvoy. Patrice Bergeron (deux passes hier) est l’un des joueurs les plus complets de la Ligue. David Krejci (un but, une passe hier) est de retour en forme et en santé – il a aussi gagné 16 des 20 mises en jeu qu’il a disputées soit 80 % d’efficacité. Brad Marchand a marqué son 19e de la saison hier en plus d’ajouter sa 24e mention d’aide. David Pastrnak a des mains magiques alors que les gardiens Rask et Khudobin sont solides devant le filet.
En plus d’être talentueux, les Bruins travaillent, ils travaillent fort, ils travaillent bien. Bien hâte de voir où tout cela les mènera...
Un but à l’image de la saison
Il y a plus de choses qui vont mal ou très mal chez le Canadien cette saison que de choses qui vont bien. Je ne vous apprends rien ici. Le premier but des Bruins a toutefois très bien illustré les ennuis du Tricolore cette saison.
En possession de la rondelle, derrière Carey Price, Max Pacioretty a manqué cruellement de conviction. Il a joué du bout du bâton ce qui a permis à David Pastrnak, même s’il était sur les genoux, de lui voler la rondelle. Au même moment, Jeff Petry, qui a inventé plusieurs façons de se mettre dans le pétrin cette année, a vu la lame de son bâton se coincer entre deux baies vitrées. Plus préoccupé par le mauvais sort qui lui tombait dessus que par le déroulement du match, Petry n’a pas le moindrement tenté de nuire à Pastrnak ou à Marchand qui s’est emparé de la rondelle, qui l’a remise rapidement à Bergeron qui a tout aussi rapidement rejoint Pastrnak qui, une fois de retour sur ses patins, s’est rendu à la droite de Carey Price qu’il a déjoué avant que le gardien n’ait le temps de comprendre ce qui arrivait.
Sur ce but, le Canadien a multiplié les cafouillages alors que les Bruins ont multiplié les échanges précis et vifs. Oui Boston a joué un peu de chance. Mais les Bruins ont su en profiter.
Quand on parle de bonnes et de mauvaises exécutions, les Bruins et le Canadien nous ont donné des exemples parfaits.
Un premier but pour Jerabek
Débarqué de sa Tchéquie natale avec la réputation d’être l’un des meilleurs défenseurs offensifs de la KHL l’an dernier, Jakub Jerabek a mis du temps avant d’éclore.
Après avoir récolté ses deux premières passes de la saison, lundi, lors de la visite des Islanders au Centre Bell, le défenseur tchèque a marqué son premier but mercredi. Son voisin slovaque Zdeno Chara l’a aidé en faisant dévier la rondelle derrière Tuukka Rask, mais on n’enlèvera pas à Jerabek le mérite d’avoir décoché un bon tir.
Après 19 matchs avec le Tricolore, comment peut-on analyser le travail de Jerabek? On peut lui accoler l’étiquette d’être une version améliorée de Joe Morrow.
Comme Morrow, Jerabek a des aptitudes offensives évidentes. Défensivement, c’est périlleux. Les décisions sont trop souvent déficientes et la conviction n’est pas assez souvent au rendez-vous.
Mais bon. Il n’a que 19 matchs d’expérience dans la LNH. On va lui offrir la chance d’améliorer l’aspect global de son jeu. Pour l’instant, il stagne au sein du groupe de défenseurs de soutien qui ne soutiennent pas assez du Canadien...
Hommage réservé à Claude Julien
L’annonce de la retraite prochaine de René Rancourt qui interprète les hymnes nationaux aux matchs des Bruins depuis trop longtemps, et l’hommage rendu par les Bruins à Claude Julien sont les deux faits saillants à retenir de la première escale du Tricolore à Boston cette saison.
Je pourrais ajouter quelques bons arrêts de Carey Price qui, avec Brendan Gallagher et les joueurs du Canadien, est l’un des rares à s’être présenté mercredi.
Mais bon...
Julien a connu de très beaux et bons moments avec les Bruins au cours de ses 10 ans derrière leur banc. Il a ramené la coupe Stanley à Boston en 2011; il est allé une autre fois en grande finale en 2013 (Chicago); il a gagné le trophée Jack Adams (2009); il s’est hissé au premier rang de l’histoire des Bruins avec 419 victoires.
Il a aussi appris à composer avec la critique, la pression et les nombreuses rumeurs de congédiement. Des épreuves qui le serviront à Montréal alors que le présent de son équipe est loin d’être brillant et que le futur proche semble peu reluisant.
Au-delà l’hommage que lui a offert la direction des Bruins, ce sont les commentaires élogieux des joueurs importants de son ancien club qui ont le plus marqué son retour au Garden. Alors que plusieurs partisans échaudés avec raison par les insuccès du Tricolore au fil des dernières années remettent déjà en question les qualités de Claude Julien, les éloges des Marchand, Bergeron et autres leaders des Bruins devraient calmer la grogne et la diriger davantage du côté des joueurs qui sous performent que du côté du système qui leur ait proposé.
Portrait des séries
Je crois encore qu’il faudra autour de 95 points pour accéder aux séries à titre de club repêché dans l’Est. Mais bon, pour le moment, le total oscille davantage autour de 91 points que 95.
Bonne nouvelle pour le Canadien?
Oui certainement. Mais on est encore loin d’une nouvelle suffisamment bonne pour raviver les espoirs d’accéder aux séries.
Le Canadien revendique 42 points en 45 matchs. On peut d’ores et déjà dire adieux à l’une des trois premières positions dans la division atlantique. En fait, cette conclusion est tombée avant les Fêtes...
Pour se rendre à 95 points, le Canadien aura besoin de récolter 53 points en 37 matchs. Il aurait donc besoin d’une fiche qui ressemblerait à 24-8-5. Vous comprenez pourquoi j’utilise le conditionnel...
S’il n’a besoin que de 91 points, cette fiche devrait ressembler à 22 victoires, 10 revers en temps réglementaire et cinq autres en prolongation ou tirs de barrage.
Peut-être que certains d’entre vous y croient encore, mais de mon côté j’ai cessé d’y croire depuis un bon moment. Des revers vendredi à Washington et samedi alors que les Bruins reviendront au Centre Bell pour un deuxième samedi de suite, devraient venir à bout des espoirs des partisans qui y croient encore... ne serait-ce qu’un peu!