MONTRÉAL – La saison recrue d'Artturi Lehkonen a été prometteuse, au point que Marc Bergevin avait peut-être le goût de danser de joie quand il l’a rencontré pour faire son évaluation. 

Si on exclut Alexander Radulov de l’équation en raison de son expérience, trois joueurs ont nettement dépassé les attentes chez le Canadien en 2016-2017. Paul Byron et Phillip Danault ont épaté à leur façon, mais Lehkonen est parvenu à le faire lors de sa toute première saison en Amérique du Nord.

L’accomplissement n’est pas minime pour le Finlandais de 21 ans, sans lequel le Tricolore aurait peiné à trouver une solution de rechange.

Non seulement Lehkonen a fait preuve d’une fascinante capacité d’adaptation en saison régulière, mais il a continué de s’imposer en séries éliminatoires. En fait, il s’est encore plus démarqué de ses coéquipiers par son style qui cadre avec ce contexte et sa contribution offensive (deuxième pointeur derrière Radulov avec deux buts et deux aides).

Malgré son jeune âge, Lehkonen dégage cette assurance des athlètes qui peuvent s’adapter avec aisance.

« Il y avait beaucoup à apprendre, c’est certain. Mais je pense que les gars sur l’équipe m’ont bien épaulé dès le début de la saison. Ils m’ont montré comment les choses se font et ça m’a beaucoup aidé dans mon cheminement. J’ai encore plus réalisé au fil du temps à quel point ce fut utile de recevoir ces conseils », a expliqué Lehkonen pendant le bilan de son équipe, lundi.

En dressant leur scénario idéal, les dirigeants du Canadien avaient sans doute souhaité que Lehkonen puisse accomplir une transition aussi rapide dans le hockey de la LNH. Mais dans leur vision réaliste, il ne s’attendait probablement pas à une telle efficacité de sa part en tant que recrue. Ambitieux et exigeant envers lui-même, le patineur originaire de Piikio ne juge pas qu’il a surpassé ses propres attentes.

« C’était environ ce à quoi je m’attendais et ce que je pensais être capable d’accomplir. Aussi, c’est une longue saison donc il faut y aller un jour à la fois et vivre chaque moment », a indiqué le blondinet qui retournera bientôt dans son pays.

Lehkonen songe au creux qu’il a connu, une séquence de 17 parties sans récolter de point qui s'est échelonnée du 24 janvier au 2 mars. Il a retrouvé son élan par la suite et il a senti qu’il était plus à sa place dans le circuit Bettman.

« Je dirais que vers la fin de la saison, j’ai commencé à me sentir plus confortable. Plus j’avais des matchs sous la cravate, mieux je me sentais mieux », a dit Lehkonen une fois que la fatigue du calendrier compressé avait été surmontée.

Le rendement de Lehkonen est convaincant au point que ce cas pourra servir d’exemple pour d’autres joueurs européens qui seront repêchés par l’organisation montréalaise. Sélectionné en deuxième ronde à l’été 2013, Lehkonen a disputé trois autres saisons (une en Finlande et deux en Suède) avant de traverser l’Atlantique pour de bon.

« J’ai pu jouer pour de bonnes équipes, ça m’a bien préparé pour cette étape. En Finlande, je me suis retrouvé avec Sami Kapanen (831 matchs dans la LNH) comme capitaine. Il a été un très bon mentor quand j’étais bien jeune. En Suède, le calibre m’a plus préparé physiquement », a expliqué le gaucher.

Les dirigeants sont encore plus emballés puisque le numéro 62 détient cette intelligence sportive qui laisse présager une courbe de développement très positive.

« Je sais que je veux devenir plus fort et meilleur dans toutes les facettes », a-t-il projeté pour sa deuxième saison dans la LNH sans s’exciter à propos de son année recrue.

S'il avait pu jouer au centre...

Son intelligence et son efficacité sur la patinoire ont fini par inciter une question à savoir s’il ne pouvait pas solutionner un problème qui perdure à Montréal. « As-tu déjà joué au centre? »

« Oui, l’an passé, j’étais horrible sur les mises au jeu ! », a-t-il répondu en riant.

« C’était pour environ 20 matchs au début de l’année et c’était la première fois. Ça prend un état d’esprit totalement différent », a noté Lehkonen qui admettait que l’expérience n’avait pas été totalement concluante.

« Il faut apprendre beaucoup de choses reliées au positionnement et comment défendre son territoire. C’est vraiment une autre chose et c’était difficile, ça prendrait du temps pour le faire », a poursuivi Lehkonen qui ne pense donc pas à cette option présentement.

Il ne représente donc peut-être pas une solution au centre – du moins pour le moment – mais où se voit-il au sommet de sa carrière?

« Je n’ai pas vraiment réfléchi à ça, mais je sais que je veux être un des meilleurs attaquants de mon équipe, être ce genre de joueur qui aide son équipe à gagner et à se rendre loin. Après tout, c’est ce qui compte », a déterminé celui qui a savouré le championnat en Suède l’an passé.

Pour ceux qui auraient aimé l’épier aux Championnats du monde, Lehkonen est vraisemblablement ennuyé par une blessure qui pourrait empêcher sa participation.

Incapable de mentir devant les médias, son visage est devenu rouge quand il n’était pas capable d’expliquer pourquoi il n’avait pas donné une réponse finale aux dirigeants finlandais.