Collaboration spéciale SportlogIQ : Andrew Berkshire – Comme durant les deux dernières saisons, l’édition 2015-2016 des Canadiens de Montréal semble souffrir du syndrome de Jekyll et Hyde. Ils sont par moments fabuleux, dominant les meilleures équipes de la LNH, et à d’autres moments on se demande comment ils sont arrivés à se forger un dossier de 9-2.

Lors des cinq dernières rencontres, le CH a été surclassé 106-73 au chapitre des chances de marquer, dont 40-28 pour les chances comportant un grand danger. Lors des cinq matchs précédents, le CH avait un avantage marqué de 84-68 pour le total de chances, avec un différentiel à risque élevé de 37-25.

L’équipe n’est pas aussi mauvaise que ce qu'elle a laissé paraître récemment, mais elle n’est pas non plus aussi forte que sa fiche l’indique.

Qu’est-ce que le CH fait donc de bien, et que doit-il améliorer?

Les points positifs

Là où le CH surpasse la compétition, c’est dans le jeu sans la rondelle. Aucune autre équipe n’est plus efficace pour soutirer la rondelle à l’adversaire par tranche de 20 minutes à forces égales. Là où ce facteur fait une différence, c’est en zone neutre. Seulement 2,5 des 11 des réussites par tranche de 20 minutes ont lieu en zone neutre, mais c’est un exemple dans la ligue et ça provoque des revirements de la part de l’adversaire, ce qui est une autre force de l’équipe.

Quand les Canadiens ont le contrôle de la rondelle en zone neutre, contrairement à une critique fréquente, ils se débarrassent très rarement de la rondelle en fond de territoire si on compare à la moyenne de la ligue.

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Une seule autre équipe est entrée en territoire adverse avec la rondelle plus souvent en ce début de saison, et il s’agit des Blackhawks de Chicago. Ce changement de stratégie a eu un impact majeur dans l’augmentation de la production offensive du CH.

Le Canadien est aussi une des meilleures équipes pour le taux de passes complétées avec une efficacité de 73,5 %, au deuxième rang du circuit. Encore plus impressionnant, le Canadien a complété 80 % de ses passes en territoire défensif, aussi le deuxième meilleur résultat dans la LNH. Ce n’est pas qu’il tente simplement des passes plus faciles, ils ont un taux d’efficacité de 75,6 % pour les longues passes.

Les points négatifs

Bien qu’ils soient bons pour entrer en territoire offensif, les joueurs du CH ont de la difficulté à sortir de leur propre zone. C’est une statistique quelque peu étrange, mais les 29 autres équipes sortent plus souvent de leur zone avec la rondelle que le CH.

C’est d’autant plus étrange que, comme on l’a dit précédemment, les Habs comptent certains des meilleurs passeurs en zone défensive.

SportlogIQLe Canadien choisit de lancer la rondelle en zone neutre 28,3 % du temps, ce qui ne semble pas beaucoup, jusqu’à ce qu’on constate la moyenne de la ligue qui est de 19 %.

On parle ici de « jeu à faible risque », mais des études ont démontré que même lorsque des dégagements faits hors de la zone ne sont pas bloqués, ce qui arrive très souvent, les deux tiers des rondelles reviennent immédiatement dans votre zone. Le fait est que lorsque vous tirez la rondelle à l’extérieur, même si cela enlève temporairement de la pression, vous vous mettez à défendre davantage. Même quand une équipe est efficace sans la rondelle, cela finit par vous faire mal, ce qui explique certainement l’avalanche de chances de marquer que le CH a concédée lors des cinq dernières parties.

L’autre aspect qui fait défaut chez le Canadien est le taux de passes complétées dans l’enclave, chose qui devrait s’améliorer au fil de la campagne.

La saison passée, le CH se contentait souvent de déviations à partir de l’enclave ou y entrait quand il y avait de l’espace, mais ils n’y faisaient pas beaucoup de passes. Cette saison, il en tente 9,5 par tranche de 20 minutes, le plus haut total dans la ligue, mais elles ne sont réussies que dans 36,9 % des cas, ce qui est bon pour le 24e rang.

Bien que le taux de réussite soit faible, l’acharnement que le Tricolore démontre en tentant de s’installer dans l’enclave est davantage une force qu’une faiblesse.

Il y a tellement de choses que l’équipe fait bien, mais malheureusement les mauvaises sorties de zone ont un impact important et font en sorte que le club est susceptible de vivre des séquences plus difficiles où Carey Price est appelé à sauver les meubles. Si le CH réussit à s’approcher de la moyenne de la ligue à ce niveau, il deviendra une équipe qui saura enthousiasmer les partisans, même les plus cyniques.