«On a surpris beaucoup de gens en saison et on continue en séries!» C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’essentiel du message que livrerait Jacques Demers aux joueurs du Canadien s’il était dans les souliers de Michel Therrien.

Vingt ans après avoir grandement contribué à la dernière coupe Stanley du Canadien, Demers, Guy Carbonneau et Vincent Damphousse ont accepté de se placer dans leur rôle de 1993, mais dans le contexte actuel de l’équipe.
 

Carbonneau et Damphousse (devenus analystes à RDS) laisseraient à l’entraîneur le soin d’établir le ton pour les éliminatoires avec un message aux joueurs.

«En tant que joueur, l’idée n’est pas nécessairement de passer un message à ses coéquipiers. J’opterais plutôt pour me préparer adéquatement afin de montrer l’exemple sur la patinoire autant dans les entraînements que les matchs», a soutenu Damphousse.

Quant à Carbo, il s’appuierait sur l’expérience de ceux qui ont déjà conquis le précieux trophée.

«Le personnel d’entraîneurs profitera de la présence de ces joueurs pour en parler avec l’équipe. On parle souvent que c’est une saison complètement différente donc il faut expliquer aux joueurs ce qu’ils vont vivre», a suggéré l’ancien capitaine et entraîneur du Canadien.

Damphousse et Carbonneau ont toujours été reconnus pour leur grande connaissance du sport et ils se fieraient sur cet atout pour traverser les rondes une après l’autre.

«C’est important de décortiquer l’adversaire et d’utiliser ton expérience pour aider ta troupe», a rappelé Carbonneau.

Jacques Demers, Benoit Brunet et Vincent Damphousse«Il faut déceler les tendances de l’autre équipe et établir la préparation de l’équipe avec plusieurs réunions dont au sujet des unités spéciales», a ajouté Damphousse.

Cette saison, le Tricolore a profité de la contribution de quelques recrues pour se hisser au sommet de sa division. Leur contribution demeure un élément clé en séries, mais l’ampleur de la situation pourrait les ralentir.

«Souvent avec les recrues, c’est mieux de leur en dire moins parce que tu ne veux pas freiner leur élan donc tu insistes seulement sur certains petits points», a indiqué Demers tout en vantant le mérite de Lars Eller auprès d’Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher.

«Les leaders peuvent aider les plus jeunes en leur expliquant à quel point tout va monter d’un cran et qu’ils doivent être prêts à encaisser des taloches sans répliquer! Les séries, ce seront les plus beaux moments de leur carrière», a mentionné Damphousse avec une étincelle dans son regard.

Carbonneau se fierait surtout sur le travail construit cette saison alors que les rôles ont été bien établis pour les recrues de la formation.

L’ancien numéro 21 du Canadien a pris le temps de rappeler un élément crucial contre les Sénateurs.

«Particulièrement en séries, c’est impossible de jouer un match sans commettre d’erreurs alors il faut les limiter. L’avantage de la patinoire demeure très important, mais ce facteur aurait été encore plus significatif si la série avait commencé mardi soir. Le Canadien aurait été encore sous l’émotion tandis que les journées de congé calment un peu le tout», a-t-il argué.

Questionné sur les clés contre les rivaux de la capitale nationale, Damphousse n’a pas eu besoin de réfléchir longtemps.

«Avec le retour d’Erik Karlsson, c’est évidemment de le surveiller de près. Les Sénateurs sont plus dangereux dans tous les aspects grâce à lui. Le Canadien devra le frapper chaque fois que l’occasion se présente sans changer son style de jeu», a analysé l’habile marqueur.

Tout comme en 1993, le Canadien a connu un creux de vague dans les dernières semaines du calendrier régulier. Demers se rappelle très bien qu’il avait résisté à la tentation de céder à la panique et il a apprécié le comportement semblable de Therrien cette année.

«Il s’est comporté comme un vrai pro sans s’en prendre à ses joueurs et il n’a jamais paniqué. Il a aussi retiré de la formation des joueurs qui fonctionnaient moins bien. Il fait tout un travail cette année et il est très bien appuyé notamment par deux de mes anciens joueurs, Jean-Jacques Daigneault et Gerard Gallant (à Detroit)», a vanté l’ancien pilote.

Jacques Demers Impossible d’atteindre le but ultime sans miser sur un gardien au sommet de son art. Sur ce sujet, l’entraîneur et les anciens joueurs n’agiraient pas de la même façon.

«Je parlerais un peu avec Carey. Patrick (Roy) avait aussi connu des moments moins dominants vers la fin de la saison et il avait perdu ses deux premiers matchs contre les Nordiques, mais je n’ai jamais pensé le remplacer. Avec Price, il sait qu’il a énormément de pression sur les épaules donc je serais 100% positif avec lui et je lui montrerais peut-être une vidéo de ses meilleurs moments de l’année», a proposé Demers.

«On ne voit plus vraiment un joueur se lever dans le vestiaire pour parler individuellement à un coéquipier, c’est davantage basé sur un concept d’équipe et les joueurs connaissent le potentiel de Carey», a rappelé Carbonneau.

«Les messages passent de façon plus détendue et subtile quand les joueurs discutent entre eux en soupant après les rencontres. Ils profitent souvent de l’occasion pour raconter des histoires pour aider leurs coéquipiers.»

En ce qui concerne Damphousse, son approche était on ne peut plus simple.

«Les gardiens, tu les laisses tranquilles!», a-t-il conclu en riant de bon cœur.