Claude Julien a redonné du lustre aux Bruins
Canadiens vendredi, 12 janv. 2018. 10:34 jeudi, 12 déc. 2024. 10:37MONTRÉAL - Il y a environ 11 mois, Claude Julien se voyait indiquer la porte de sortie par les Bruins de Boston. Malgré cela, il avait de quoi être fier du travail qu'il a accompli pendant la décennie qu'il a passée à la barre de l'équipe.
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C'est ce que pensent les journalistes Steve Conroy, du Boston Herald, et Fluto Shinzawa, du Boston Globe, interrogés par La Presse canadienne à quelques semaines du premier rendez-vous de la saison entre Julien et son ancienne équipe, qui aura lieu samedi soir au Centre Bell.
«Excellent, superbe, remarquable; votre qualificatif vaut le mien», résume Shinzawa lorsque invité à décrire le travail global de Julien avec les Bruins.
«Jusqu'à ses deux dernières saisons, son règne a été une belle réussite», affirme Conroy, qui couvre l'équipe sur une base régulière depuis une quinzaine d'années.
Le palmarès de Julien à Boston est éloquent. Avec lui aux guides, les Bruins ont gagné une première coupe Stanley en 39 ans, en 2011. Deux printemps plus tard, Julien vivait une autre finale.
Sur le plan individuel, ses 419 victoires lui confèrent le premier rang dans l'histoire de l'organisation. Seul Don Cherry affiche un meilleur taux de réussite (,658 vs ,614) parmi les hommes ayant passé au moins cinq saisons derrière le banc de l'équipe.
Julien a accompli tout ça après s'être vu confier par Peter Chiarelli, en juin 2007, le mandat de redresser une organisation fière et renommée qui venait de rater les séries lors des deux campagnes précédentes. Et quatre fois en sept saisons.
«En 2007, il a pris la relève d'un groupe qui comptait sur de bons éléments, comme Zdeno Chara et Marc Savard entre autres. Il a instauré un système défensif, aidé l'équipe à participer aux éliminatoires, et les Bruins ont poussé le Canadien à un septième match en première ronde d'une série que personne ne pensait allait être compétitive», relate Conroy.
Selon Shinzawa, qui a commencé à suivre les Bruins en 2006, Julien est parvenu à rendre de bons hockeyeurs encore meilleurs. Leur triomphe en 2011 est en grande partie lié au travail de Julien et aux joueurs qu'il a aidé à développer en cours de route, opine-t-il.
«Patrice Bergeron est devenu un joueur complet, et maintenant il est possiblement le meilleur centre dans les trois zones de la patinoire. Chara se voulait une présence dominante à Ottawa, mais il est devenu le meilleur défenseur défensif dans la ligue. Les gardiens Tim Thomas et Tuukka Rask ont gagné le trophée Vézina sous sa direction.»
Des moments de pression
Cette renaissance des Bruins ne s'est pas réalisée sans obstacle. Au printemps 2010, les Bruins se sont retrouvés en vacances lors du deuxième tour des séries après avoir laissé filer une avance de trois parties à zéro contre les Flyers de Philadelphie.
«L'équipe était décimée par les blessures, se rappelle Conroy. David Krejci démolissait les Flyers quand il a été victime d'une fracture au poignet à la suite d'une mise en échec, légale, de Mike Richards. Il y a eu d'autres blessures, mais celle à Krejci a tout changé.»
Un an après cette élimination crève-coeur, les Bruins et Julien se sont retrouvés dans une position précaire après avoir perdu, à domicile, les deux premiers matchs de leur série de premier tour contre le Canadien. Des rumeurs, qui circulaient déjà, se sont amplifiées.
«Je me souviens que j'étais au Château Champlain avec des gens du métier et il était question de potentiels successeurs si jamais Julien devait être congédié, raconte Conroy. C'est un peu ce que tout le monde ressentait. Mais on connaît l'histoire : les Bruins sont venus de l'arrière en remportant trois matchs en prolongation. Et ensuite, ils ont gagné la coupe Stanley.»
Une saison charnière
Vainqueur du trophée Jack-Adams en 2009, Julien a aussi guidé les Bruins au Trophée des Présidents en 2013-2014 avec une récolte de 117 points. Mais alors qu'un peu tout le monde les croyait capables de sabrer le champagne une autre fois, ils sont tombés devant le Canadien en 2e ronde.
C'est la dernière fois que Julien menait les Bruins aux séries éliminatoires.
«Si Carey Price ne garde pas les buts comme il l'a fait, les Bruins gagnent la série, soutient Shinzawa. Price a fait toute la différence. On a eu l'impression que cette défaite a suivi l'équipe pendant une bonne partie de la saison suivante.»
«Au fil du temps, Julien travaillait avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, et ç'a commencé à peser sur les joueurs, affirme Conroy. L'an dernier, je pensais que Julien parviendrait à renverser la vapeur, mais l'équipe n'a jamais réussi à aligner les victoires. C'est arrivé seulement après le changement d'entraîneur.»
Mercredi prochain, Julien effectuera un retour au TD Garden, et sans savoir comment celui-ci sera reçu par les partisans des Bruins - après tout, il dirige maintenant l'ennemi juré - Conroy et Shinzawa souhaitent qu'il reçoive un bel accueil.
«Si Julien est demeuré si longtemps avec les Bruins, c'est parce qu'il a été un professionnel, parce qu'il a soutiré le meilleur de ses joueurs et qu'il les a traités avec respect, a observé Shinzawa. Les Bruins ont pris part aux séries lors de sept saisons consécutives. On ne peut pas contester ses résultats.»