BROSSARD – Lorsque le gardien réserviste, Al Montoya, est devenu disponible sur le marché des joueurs autonomes, l’occasion était trop alléchante pour Marc Bergevin et l’état-major du Canadien.

La plaie des blessures subies en 2015-16 n’était pas encore guérie pour Bergevin et ses collègues. À la suite de la perte de Carey Price, le Tricolore s’est enfoncé dans une spirale négative.

En dépit de ses efforts les plus valeureux, Mike Condon n’a pas su compenser pour cette perte et le Canadien a été largué par les autres formations qui poussaient vers les éliminatoires.

Bergevin s’est donc assuré d’effectuer une récolte de qualité, durant la saison estivale, pour remanier à la situation. L’ajout de Montoya - qui s’est hissé parmi les références de sa spécialité au fil des trois dernières saisons - cadre dans ce sens.

Nathan Beaulieu, qui vise souvent juste dans ses déclarations, a habilement résumé les bienfaits de cette décision.

« On a vécu une situation unique l’an passé. C’est fort utile de pouvoir miser sur un gardien qui a pratiquement traversé toutes les situations. Rien ne sera nouveau pour lui si bien que ça libère notre esprit et le sien », a indiqué Beaulieu.

« Ce ne sera pas difficile pour lui d’avoir du succès peu importe le contexte », a jugé celui qui essaiera de s’établir comme le partenaire idéal pour Shea Weber.

En tant que nouveau capitaine, Max Pacioretty aurait certainement aimé se fier sur un gardien d’expérience pour arracher quelques points de plus en l’absence de Price.

Publiquement, les joueurs du Canadien n’ont jamais admis que leur confiance chutait de quelques crans avec Condon devant leur cage. L’arrivée de Montoya permet d’enrayer cette possibilité.

« Oui, je pense qu’on sera confiant avec lui dans les filets. Il a quand même connu passablement de succès dans son rôle dans les dernières années. Il est imposant devant le but », a exprimé Pacioretty.

Non seulement Condon a été parachuté dans un contexte ardu, mais il devait assumer le rôle du numéro un à sa saison recrue dans l’exigeante métropole québécoise. Cet enjeu ne risque pas d’effrayer Montoya, le sixième choix du repêchage de 2004.

« C’est un vétéran aussi donc il peut bien gérer les hauts et les bas tout comme le marché de Montréal. Je suis bien excité de l’avoir avec nous », a ajouté le numéro 67.

La complicité entre Pacioretty et Montoya se ressent déjà. Le capitaine sourit immédiatement quand on le questionne sur le nouvel allié de Price.

« J’aime beaucoup Monty. En plus, on a fréquenté la même université (Université du Michigan). Je pense que ce serait impossible de ne pas l’apprécier. Il affiche une belle énergie c’est aussi un très bon gardien. Dans un sens, je trouve que son style s’apparente à celui de Carey », a-t-il confié.

Ce qui aide également à la cause de son intégration, c’est que Pacioretty et ses coéquipiers ont entendu plusieurs histoires amusantes au sujet du gardien de 31 ans qui est reconnu pour être fort sympathique.

Quant au principal intéressé, il s’est assuré de ne pas voler la vedette devant les médias, mardi. Celui qui s’attend à une utilisation autour de 20 à 22 parties a été plus volubile sur un sujet bien précis.

« En venant ici, j’avais entendu que Stéphane Waite était un très bon entraîneur des gardiens. J’ai hâte d’évoluer avec lui et d’apprendre ses connaissances. C’est ce que je fais présentement. Tout ce que je pourrai développer grâce à lui et mettre dans mon coffre à outils, ce sera bénéfique », a réagi Montoya qui poserait plusieurs questions dans les réunions. 

« On ne réinvente pas la roue, j’ai une bonne fondation. C’est plus comme un nouvel avis extérieur sur les choses que je peux améliorer », a-t-il précisé sur leur collaboration.

Heureux pour Condon

Lorsque les joueurs du Canadien sont rentrés dans leur vestiaire, mardi, après l’entraînement, une note sur le tableau annonçait que Condon avait été réclamé au ballottage par les Penguins.

Ironiquement, il pourrait revenir au Centre Bell, dès la semaine prochaine lors de l’ouverture locale du 18 octobre. Il devrait agir en tant qu’adjoint à Marc-André Fleury pendant l’absence de Matt Murray.

« Je suis bien content pour lui, il aura l’occasion de se faire valoir avec une autre organisation. Dans les circonstances, il a bien fait pour nous la saison dernière. Il a certainement beaucoup appris dans nos hauts et nos bas et je suis certain que ça va l’aider à Pittsburgh », a déclaré Brendan Gallagher.

« Ça lui procure une autre chance de pouvoir jouer dans la LNH. Il a bien géré l’adversité, c’est un très, très grand travaillant », a fait remarquer Pacioretty.

De son côté, Beaulieu n’avait pas remarqué le message au sujet de son ancien coéquipier. 

« Je ne savais pas. C’est super, c’est une très bonne nouvelle pour lui. Je me doutais qu’il y avait une forte chance que ça arrive puisqu’il est un bon gardien. On a tous connu une année difficile en 2015-16. Il a été placé dans une situation très délicate », a-t-il relevé.

Le talent ne sort peut-être pas les oreilles de Condon, mais il s’est rendu jusqu’à la LNH en bûchant et en se fiant sur son intelligence. Beaulieu considère que son attitude irréprochable est devenue payante.

« Oui, les gardiens doivent spécialement être très forts mentalement. La LNH est exigeante pour les joueurs, mais deux fois plus pour les gardiens et les réservistes. Je trouve qu’il a été très professionnel dans son approche la saison passée et les autres équipes l’ont remarqué immédiatement », a conclu Beaulieu sur l’ancien de l’Université Princeton que le Canadien a repéré dans la ECHL.