Andrei Markov a célébré ses 37 ans dimanche à Nashville. Michel Therrien lui a offert un congé d’entraînement en cadeau.

Pour Markov, comme pour tous les autres patriarches qui évoluent aux quatre coins de la LNH, le repos n’a pas de prix. L’entraîneur-chef du Canadien lui a donc fait un très beau cadeau. Un cadeau nécessaire. Un cadeau dont le Tricolore profitera aussi puisqu’un Markov reposé, en forme et en santé est un gage de succès pour l’équipe.

Cela dit, il serait temps de replacer Markov dans un rôle plus important afin de justement mousser la qualité de jeu de la défensive du Canadien. Une défensive qui a été malmenée par les Stars de Dallas samedi. Une défensive qui ne s’est pas aidée en multipliant les erreurs et les pénalités. Une défensive qui ne joue pas du gros hockey depuis quelques semaines déjà.

Après un début de saison sensationnel, Andrei Markov a lui aussi connu sa part d’insuccès au cours de la triste séquence que traverse le Canadien. Il a sans l’ombre d’un doute disputé son pire match de la saison, son pire depuis très longtemps, mardi dernier contre San Jose. Ses quatre revirements coûteux, sa présence sur la patinoire pour les trois buts des Sharks – qui l’ont emporté 3-1 au Centre Bell – et le fait qu’aucun des quatre tirs qu’il a décochés n’ait atteint le filet lui ont valu d’être cloué au banc en troisième période.

Cette mesure disciplinaire, pleinement justifiée, a ouvert la porte à Nathan Beaulieu qui s’est retrouvé à la gauche de P.K. Subban pour terminer la rencontre face aux Sharks.

Beaulieu en a profité. C’est normal. Il est jeune, il est rapide, il a du talent et beaucoup, beaucoup, de confiance. Peut-être même un brin trop par moment. Mais c’est sans doute bien plus une qualité qu’un défaut.

Depuis la «sanction» imposée à Markov, Beaulieu est le partenaire de jeu de Subban. On sera tous d’accord qu’il était écrit dans le ciel que ces deux défenseurs seraient un jour jumelés.

L’expérience valait donc la peine d’être tentée. Et qui sait, elle mérite peut-être aussi d’être prolongée même si ces deux défenseurs risquent de donner des sueurs froides à leurs gardiens et aussi à Michel Therrien et son groupe d’adjoints en se portant souvent corps et âme à l’attaque en laissant de côté l’aspect défensif de leur travail.

On verra.

Revenons à Andrei Markov. Il est clair qu’il ne peut plus offrir au Canadien 25, 26, voire 27 minutes de gros hockey tous les soirs. Il peut certainement encore le faire de temps en temps, oui. Mais si on lui demande de le faire tous les matchs, il se retrouvera en séries sur les genoux. Comme ce fut le cas le printemps dernier au grand désespoir du premier concerné, du Canadien et de ses partisans.

Il est donc normal de voir Michel Therrien le soustraire du premier duo de défenseurs de temps en temps.

Il est toutefois loin d’être normal de le confiner au sein du troisième duo en compagnie de Tom Gilbert et pis encore de le retirer de la première vague d’attaque massive comme ce fut le cas lors des deux derniers matchs.

C’est anormal et c’est surtout loin d’être salutaire pour le Canadien qui a bien sûr besoin d’un Markov reposé pour gagner. Mais qui a aussi besoin d’un Markov impliqué pour y arriver. D’un Markov respecté.

Je ne sais pas combien de temps Michel Therrien entend garder son vétéran défenseur en «pénitence» comme il l’a fait lors des deux derniers matchs. J’espère toutefois que ce ne sera pas trop longtemps.

Car au milieu d’une période aussi difficile que son équipe traverse en ce moment, Michel Therrien doit s’assurer de regrouper ses joueurs pour aider le Canadien à rebondir. Il ne doit surtout pas donner des munitions à un défenseur ici et/ou à un attaquant là de se détacher du club et à se soustraire à ses responsabilités de tout faire pour l’aider à gagner.

Que Markov ne joue plus avec Subban sur une base continuelle passe encore. Mais il me semble qu’on devrait alors lui offrir de jouer avec Jeff Petry – qui pourrait profiter de l’expérience et du talent du vieux Markov pour améliorer la qualité de son jeu qui a périclité au cours des dernières semaines – et surtout le garder impliqué au sein de l’attaque massive.

Ce faisant, le Canadien économiserait un brin les énergies du défenseur de 37 ans – une préoccupation importante on en convient tous – et Michel Therrien s’assurerait de garder «heureux» un défenseur qui a besoin de l’être pour offrir son maximum sur la patinoire et surtout pour assumer son rôle de leader au sein du vestiaire. Un rôle que Markov remplit d’une façon, disons moins flamboyante que d’autres. Mais un rôle très important qu’il remplit malgré tout.

On a fait payer cher à Markov le prix de son très mauvais match contre San Jose. Mais Nathan Beaulieu ne jouait pas du gros hockey avant d’être confiné sur la galerie de presse.

Michel Therrien s’est d’ailleurs assuré de répéter 10 fois plutôt qu’une que cette décision était motivée par des questions de hockey et non en guise de sanction à la sortie très tardive et très médiatisée du jeune défenseur qui a fait mal paraître le Canadien par le biais d’une vidéo qui le faisait très mal paraître également. Faire passer le jeune défenseur de la galerie de presse au premier duo de défenseurs sur une base régulière donne toutefois l’impression contraire.

À vous de juger.

Depuis deux ans, Michel Therrien a très souvent eu la main heureuse quant aux décisions qu’il a prises pour maximiser les chances de victoire de son équipe. Ses permutations de joueurs au sein des trios d’attaquants et duos de défenseurs, les chances qu’il a accordées à certains, les sanctions qu’il a imposées à d’autres, le choix des gardiens en fonction des matchs à disputer ont la plupart du temps été saluées par des victoires.

Il mérite donc toutes les accolades en marge de ces décisions.

Alors que son club patine dans le sable au milieu d’une séquence de sept revers en huit matchs, il est normal que Michel Therrien prenne des décisions pour secouer son club. Pour le relancer. Ces décisions visent souvent des jeunes qui sont plus faciles à épingler. Elles visent parfois des vétérans bien en vue quand un coach veut y aller d’un électrochoc. Mais quand il fait appel à un tel traitement, un coach doit éviter d’en abuser afin d’éviter de causer une réaction inverse.

D’où ma prétention selon laquelle Andrei Markov doit maintenant retrouver une plus grande place au sein de la défensive du Canadien. Une défensive qui ne s’en portera que mieux. Du moins, il me semble.

Ça arrivera peut-être dès ce soir à Nashville. Ou mardi au Minnesota. On verra. Mais à mes yeux, le plus vite sera le mieux.

30 Min. Chrono - Markov ne devrait pas payer pour les performances de l'équipe