Max Pacioretty nommé capitaine du Canadien de Montréal
Canadiens vendredi, 18 sept. 2015. 09:35 mercredi, 11 déc. 2024. 16:56BROSSARD – Dans un discours d’une minute et quinze secondes prononcé uniquement en français, Max Pacioretty a pris la parole pour la première fois dans son nouveau rôle de capitaine du Canadien, vendredi après-midi au complexe d’entraînement de l’équipe.
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En début de journée, l’organisation avait annoncé que Pacioretty avait été élu comme le 29e capitaine de son histoire au terme d’un scrutin mené auprès des joueurs.
Pacioretty succède à Brian Gionta, qui n’avait pas été remplacé après son départ pour Buffalo sur le marché des joueurs autonomes à l’été 2014. P.K. Subban, Andrei Markov et Tomas Plekanec conserveront le « A » qui avait été brodé sur leurs chandails la saison dernière.
La direction a aussi pris la décision d’ajouter Brendan Gallagher au groupe. Ce dernier formera un duo d’assistants avec Markov tandis que Subban et Plekanec seront en devoir conjointement. Une paire sera en fonction pour les matchs à domicile et une autre pour les rencontres à l’étranger, des rôles qui seront inversés à la mi-saison.
En point de presse, le directeur général Marc Bergevin a précisé que tous les joueurs ayant terminé la saison dernière à Montréal avaient été rassemblés jeudi soir et appelés à participer au processus de sélection. Tous les membres de l’édition actuelle étaient admissibles à recevoir un vote.
« La majorité a voté pour Max, a révélé Bergevin. Je n’entrerai pas dans les détails, mais on n’a pas compté deux fois! »
« Quand Gio a quitté, nous sentions qu’une période de transition serait nécessaire. Donc l’an dernier, nous avons laissé le temps faire son œuvre. Nous avons aujourd’hui un leadership solide et quoiqu’il advienne, nous aurions approuvé le choix des joueurs », avait auparavant justifié le DG, qui a présenté son nouveau leader en compagnie de l’entraîneur Michel Therrien.
« Cette nomination est très importante pour moi parce que ce sont mes coéquipiers qui m’ont choisi », a dit Pacioretty dans la langue de Molière, ajoutant plus tard que ce vote de confiance représentait l’un des sentiments les plus intenses de sa vie.
« Ma définition d’un leader, c’est un gars qui vous montre le chemin dans le feu de l’action et pour qui vous avez le goût de vous battre. Max, je veux le suivre et aller à la guerre avec lui », a louangé Gallagher.
« Quand j’étais dans les mineures, j’ai monté en même temps que Max, rappelait David Desharnais. On a joué ensemble longtemps, on a connu du succès en bas et en haut. Ça fait en sorte que j’ai une meilleure relation avec lui à l’extérieur de la patinoire. […] Je l’apprécie beaucoup et je suis fier de lui aujourd’hui. »
« Je crois que Max sera un excellent capitaine, prédisait Lars Eller. Ça fait un bail qu’il est dans l’équipe. Il a connu le meilleur et le pire. Il a seulement 26 ans, mais il a déjà beaucoup d’expérience derrière la cravate. Il ne faisait aucun doute que c’est lui qu’on voulait comme capitaine. »
« C’est un gars très loyal avec les gars en qui il croit et je sais qu’il croit en tout le monde ici, a ajouté Desharnais. Je sais qu’il va aller au batte pour nous. Sur la glace, hors glace, il va être notre leader. »
Ébranlé et ému
Vêtu d’un chandail rouge à l’ancienne orné de sa nouvelle distinction du côté gauche de la poitrine, Pacioretty a raconté comment Bergevin et Therrien lui avaient appris la bonne nouvelle.
« Ça n’aurait pas pu être fait d’une meilleure façon. On a voté et je suis rentré à la maison. C’était une soirée comme une autre chez les Pacioretty. Il y avait un bébé dans le bain et l’autre se préparait à aller au lit. Puis Marc m’a appelé et m’a dit d’aller ouvrir la porte. J’y suis allé, mais je ne voyais absolument rien… »
« On s’était trompé de maison! », a alors interrompu Bergevin, provoquant un éclat de rire général tout en soulageant la fébrilité évidente qui habitait son nouveau capitaine.
« Quand ils ont fini par arriver, j’ai compris tout de suite ce qui se passait. C’est un moment que je n’oublierai jamais », a enchaîné le troisième capitaine américain de l’histoire du Tricolore, après Gionta et Chris Chelios.
Pacioretty a paru encore ébranlé et par moments sincèrement ému durant la trentaine de minutes.
Quand un collègue lui a dévoilé les détails d’une récente conversation qu’il avait eue avec la veuve de Jean Béliveau au cours de laquelle elle réitérait sa préférence pour Pacioretty, affirmant qu’elle voyait comme un digne successeur de son mari, le 67 a peiné à camoufler le trémolo de sa voix.
« C’est un énorme honneur. À mes yeux, il était l’homme le plus respecté dans le monde du hockey, alors d’entendre de tels mots sortir de sa bouche, ça me touche beaucoup. »
« J’ai peine à croire que je serai placé dans la même catégorie que tous les grands qui ont porté ce titre avant moi, a-t-il ajouté plus tard. C’est ce qui est le plus marquant pour moi dans tout ça. Je ne crois pas que mon nom mérite d’être prononcé dans la même phrase que les anciens capitaines. Quand j’aurai fini par le réaliser, ça sera peut-être plus facile, mais en ce moment je suis sans mot. »
Quand un autre journaliste lui a demandé de décrire la sensation qui l’habitait lorsqu’il voyait le « C » sur son uniforme, Pacioretty a répondu avec un sourire timide : « Je n’ose pas encore regarder parce que j’ai peur de devenir trop émotif ».
L’importance du français
Au cours des 25 dernières années, les capitaines anglophones du Canadien ont été critiqués, certains avec plus de vigueur que d’autres, pour leur réticence à s’exprimer publiquement dans la langue maternelle de la majorité québécoise.
Pacioretty n’a pas hésité à dire qu’il était très important pour lui de s’adresser aux partisans de l’équipe en français.
« Je suis ici chez moi maintenant et c’est une réalité que ma famille et moi prenons très au sérieux. Le français est une grande partie de la culture et nous en sommes conscients. Je prends des cours depuis un an et il est évident que l’annonce d’aujourd’hui me motivera à en faire encore plus. Je ne serai pas parfait du jour au lendemain, mais je ferai de mon mieux. »
Vendredi, Pacioretty s’est efforcé de lire un communiqué qui traduisait ses pensées. Éventuellement, il aimerait s’exprimer plus naturellement et donner des entrevues dans sa deuxième langue.
« J’ai un certain historique, par l’entremise de mes parents, avec les langues étrangères. Je ne sais pas si ça va m’aider ou me nuire, mais je vais travailler très fort. Je ne sais pas si je pourrai le faire cette année ou dans deux ans, mais je le ferai, en espérant que je puisse rendre les gens de Montréal heureux. »
L’organisation du Canadien met à la disposition de ses joueurs un service de tutorat. Sur demande, un professeur privé accompagne les joueurs désireux d’ajouter cette corde à leur arc.
« Geoff (Molson) et le reste de la direction nous ont fait comprendre l’impact qu’un tel geste peut avoir auprès de la communauté, dit Pacioretty, et la possibilité de profiter de cette option nous rend la vie beaucoup plus facile. »
« On est assis ensemble dans l’avion, je vais l’aider avec ça! », proposait aussi Desharnais.