Le monde du hockey amateur québécois est en deuil aujourd’hui avec l’annonce du décès de Claude Ruel. Pendant de nombreuses années, il a veillé au développement des jeunes espoirs du Canadien et j’avais la chance de le croiser régulièrement dans les amphithéâtres du circuit Courteau. Je l’ai encore vu il y a trois semaines à Boisbriand lors d’un match de l’Armada, une équipe pour laquelle il s’était lié il y a quatre ans en raison de la présence de Jean-Francois Houle, le fils de Réjean, derrière le banc de l’équipe.

Lors de sa dernière journée sur terre, monsieur Ruel a fait ce qu’il aimait le plus au monde, soit assister à un match de hockey. En effet, dimanche après-midi, il était au Centre excellence Sports Rousseau à Boisbriand pour surveiller le duel entre les Tigres de Victoriaville et l’Armada, loin de se douter du destin qui l’attendait quelques heures plus tard. Joël Bouchard, le grand manitou de l’Armada, était secoué lundi matin d’apprendre le décès de monsieur Ruel avec lequel il s’était lié d’amitié. « Nous lui fournissions son laissez-passer pour les matchs de la Ligue midget AAA et lors de nos réunions de dépisteurs il nous donnait son opinion... On aimait beaucoup sa présence dans notre bureau et il va nous manquer, c’est certain! », affirmait Bouchard, qui n’en revient tout simplement pas que la mort ait frappé si subitement.

Pour ma part, je revois une image qui démontrait l’essence même de ce qu’était Claude Ruel pour l’organisation du Canadien dans les années 90. La scène se passe au vieil aréna Jacques-Plante à Shawinigan. Le match est prévu à 19 h 30, mais à 16 h 45, celui que ses amis surnommaient « Piton » est déjà sur place et attend l’arrivée de l’autobus du Titan de Laval qui va amener un espoir du CH à Shawinigan ce soir-là, Gregor Baumgartner.

L’autocar arrive et monsieur Ruel fait signe au jeune Autrichien qu’il a affaire à lui avant que ce dernier ne se rende au vestiaire de son équipe. Le « pep-talk » dure une dizaine de minutes dans un recoin du vétuste aréna et le jeune boit les paroles de l’expérimenté homme de hockey qui passe son message. C’était ça Claude Ruel... un ange gardien pour les jeunes joueurs.

Pour plusieurs, Claude Ruel c’était celui qui avait rendu célèbre l’expression « Y’en aura pas de facile! » à ses années comme entraîneur-chef des Canadiens. Pour ses amis proches, c’était « Piton »! Mais pour les jeunes joueurs qui ont grandi dans l’organisation du CH, et pour moi-même, c’était monsieur Ruel. À toute la famille, j’offre mes plus sincères condoléances et soyez assurés que s’il y a une équipe de hockey au ciel, cette équipe possède maintenant un recruteur hors pair!