P.K. Subban n’a pas comme principale responsabilité de marquer des buts. C’est vrai. Il est donc juste de prétendre qu’il soit moins « responsable » de la timidité du Canadien en attaque que les Pacioretty, Plekanec, Desharnais, Galchenyuk, Eller, Gallagher et tous ses coéquipiers qui occupent une place sur l’un des quatre trios du Canadien.

Mais attention, lorsque P.K. Subban a demandé à son agent de faire sauter la banque et d’obtenir le contrat de 79 millions $ répartis sur huit ans qui en fait le joueur le mieux payé de l’histoire du Canadien, le défenseur le mieux payé de la LNH au grand complet, il ne s’est pas contenté de souligner ses qualités défensives.

Ça non!

P.K. a brandi avec raison des statistiques offensives convaincantes. Il s’est aussi appuyé sur la force et la précision de son tir frappé foudroyant qui lui a permis de marquer plusieurs de ses 42 buts enfilés lors de ses cinq premières saisons à Montréal. Il a souligné en bleu, blanc et rouge ses aptitudes offensives qui lui ont permis d’amasser 125 points à ses 284 premiers matchs dans l’uniforme du Canadien.

Et l’an dernier, après avoir été couvert d’or par le propriétaire Geoff Molson qui a préféré offrir ce contrat faramineux à Subban plutôt que d’attendre la décision qu’un arbitre était sur le point de rendre, P.K. a ajouté 15 buts au plus grand plaisir de ses partisans. Il a récolté 60 points pour le plus grand bien du Canadien.

Il est donc tout à fait normal que les deux petits buts marqués par Subban après 43 matchs cette saison soulèvent des questions.

Devancé par 82 défenseurs

Il est même normal que ce total un brin, voire deux, timide soulève de l’inquiétude... sans toutefois sombrer dans la panique.

Car en plus d’avoir été choyé par les dieux du hockey qui lui ont donné une surdose de talent et de confiance en soi, P.K. est la pierre angulaire de l’attaque massive du Canadien. Une attaque qui tourne autour de lui et de son tir dévastateur.

Mais voilà! Pendant que P.K. peine à trouver le fond du filet avec ses tirs de la pointe, l’attaque massive du Canadien pique du nez en matière d’efficacité.

La production de Subban inquiète?

Vous préféreriez peut-être l’oublier. Alors je vous offre mes excuses d’avance. Mais depuis que le Canadien a amorcé sa séquence noire de trois victoires à ses 17 derniers matchs, l’attaque massive n’a donné que quatre buts en 52 occasions (7,7 %).

Pas surprenant que le Canadien, privé qu’il est de l’arme offensive qui le guide le plus directement vers la victoire, perd plus souvent qu’il ne gagne. Qu’il est maintenant plus près d’une élimination des séries que du premier rang qu’il occupait il n’y a pas si tant longtemps.

Avec ses deux petits buts, P.K. affiche 15 buts de moins que Brent Burns, le défenseur le plus prolifique de la LNH.

Pis encore, bien pire encore, 82 défenseurs répartis aux quatre coins de la LNH revendiquent plus de buts que le fer de lance du Canadien à la ligne bleue.

Subban se reprend sur le plan des passes alors que ses 27 mentions d’aide le laissent au 3e rang dans la LNH. Il est aussi cinquième du circuit avec ses 29 points. Ce total le laisse loin derrière Erik Karlsson (9 buts, 45 points), un arrière qui sert souvent de base de comparaison dans l’évaluation offensive de Subban. P.K. affiche un différentiel de plus-11 qui le place dans le top-10 chez les défenseurs de la LNH alors que le capitaine des Sénateurs affiche un différentiel de plus-3.

Excuses et nuances

Deux jours après avoir soulevé une tempête en saluant de quelques jurons ses commentaires associés à son deuxième but de la saison et surtout d’avoir clamé que ce n’était pas son rôle de marquer des buts, P.K. était donc attendu à sa sortie de la patinoire communautaire Bleue-Blanc-Bouge que ses coéquipiers et lui inauguraient hier matin au parc Émile, près du pont Viau, à Laval.

Comme s’il donnait la touche finale à la plaidoirie qu’il s’apprêtait à étaler devant les journalistes, P.K. a prolongé, malgré le vent et le froid, son séjour sur la patinoire extérieure. Une fois ses propos bien orchestrés sous son casque et la tuque qu’il cachait, P.K. est finalement sorti de la patinoire.

Pacioretty apprend à la dure

Max Pacioretty, qui a refusé de commenter les propos de Subban pour ne pas porter ombrage au volet communautaire de l’entraînement du Canadien, Brendan Gallagher et Tomas Plekanec avaient alors fini de répondre aux questions. Ils avaient rejoint leurs coéquipiers assis depuis un bon moment déjà à bord de l’un des deux autobus à bord duquel le Tricolore s’apprêtait à retourner vers son centre d’entraînement de Brossard.

Acclamé par des partisans qui se gelaient les pieds, les doigts et les oreilles et le bout du nez pour obtenir un autographe, une photo, un sourire ou un simple geste de la main, P.K. s’est d’abord arrêté devant un premier groupe de journalistes.

« Si je m’excuse? Je dois m’excuser oui à l’endroit des jeunes que j’ai peut-être surpris et froissés avec des mots incorrects. Des mots qui m’ont d’ailleurs valu des tapes sur les doigts de la part de mes parents. Mais j’étais émotif samedi après la défaite. J’ai commis une erreur. Mais qui d’entrevous – en s’adressant aux journalistes – ou des gens à la maison n’en ont jamais commis? »

Si la forme du propos n’était pas très jolie – je ne m’en suis pas offusqué du tout et P.K. était tout pardonné avant même qu’il ne demande pardon – c’est le fond du message qui m’intéressait.

Qu’est ce que P.K. allait dire pour minimiser la portée des propos selon lesquels il n’est pas payé pour marquer des buts?

« Quand je me présente dans le vestiaire avant un match, la seule chose qui compte c’est la victoire. Comme tous les autres joueurs au sein de mon équipe, il est évident que je dois contribuer à l’attaque. Mais je me fiche complètement que cette contribution se fasse par le biais d’un but ou d’une passe. Je me fiche d’obtenir un point ou non. Ce qui compte c’est que l’équipe gagne et que je sois en mesure de contribuer à la victoire», a plaidé Subban lors de son arrêt devant un premier groupe de journalistes.

Il a repris cette même défense lorsqu’il s’est arrêté devant un autre groupe de journalistes. Sa défense a été écourtée en raison des coups de klaxon venant de l’autobus à bord duquel des coéquipiers commençaient à trouver le temps long.

Geoff Molson calme et confiant

Le propriétaire Geoff Molson qui a salué l’inauguration d’une septième patinoire communautaire associée à la Fondation du Canadien pour l’enfance – on en compte aussi cinq à Montréal et une autre à Longueuil – a bien sûr pris la parole lundi matin.

Le CH prend l'air!

Comme son capitaine, Geoff Molson était plus intéressé à commenter l’aspect communautaire de son équipe que le volet hockey. Mais contrairement à Max Pacioretty qui a balayé du revers de la main les questions hockey, M. Molson a convenu que son équipe traversait des moments plus noirs que bleus, blancs ou rouges. Le propriétaire a réitéré sa confiance à l’endroit du directeur général Marc Bergevin, de l’entraîneur-chef Michel Therrien et des joueurs à sa disposition.

Le contraire aurait été surprenant il faut l’admettre.

Mais avec une autre semaine difficile qui se dresse devant son équipe – le Canadien recevra les Blackhawks de Chicago jeudi au Centre Bell, avant d’aller affronter les Blues à St.Louis et de recroiser les Hawks à Chicago dimanche – il est permis de se demander combien de temps encore Geoff Molson pourra afficher le calme et la confiance qu’il affichait à Laval lundi matin dans l’éventualité ou son équipe continuera à perdre aussi souvent, voire plus souvent, qu’elle ne gagnera.

Précision

Vous avez été nombreux à me souligner que P.K. Subban parlait des Penguins et non du Canadien lorsqu’il a fait sa comparaison avec les Harlem Globetrotters après la défaite de samedi.

Vous aviez raison.

Vrai que les Penguins hachaient finement le Canadien comme le font si souvent les rois du basket aux dépens des Generals de Washington. Mon erreur a été de croire que Subban comparait le manque de structures offensives comme défensives de son équipe au jeu échevelé des Harlem Globetrotters.

Mais en dépit de leur jeu échevelé, les Harlem Globetrotters gagnent plus souvent qu’ils ne perdent. Eux! Une réalité qui aurait dû me guider vers une interprétation plus juste des propos de P.K..

Voilà! La correction est apportée.