Dans tous les bilans après 24 parties, le CH se retrouve parmi les meilleures équipes de la LNH. Est-ce que cela en fait pour autant un aspirant sérieux à la coupe Stanley?

L'affirmation peut paraître un peu grosse, mais mérite certainement réflexion.

Le Canadien occupe le premier rang de son association depuis plus de 20 jours. Il a relevé tous les défis que lui imposait cette saison écourtée, comme amasser 9 points sur 12 dans une séquence de six matchs en neuf soirs. Il a battu les Bruins à Boston dans des circonstances où peu de gens leur concédaient la moindre chance avec Peter Budaj devant le filet. Et il a tenu tête aux Penguins de Pittsburgh. La nouvelle direction a réussi à vendre son concept d'équipe aux joueurs, il y a un bel enthousiasme et tout le monde a son mot à dire dans les succès du CH.

Même Marc Bergevin doit être étonné des progrès de son équipe qui surpassent les prévisions les plus optimistes. Ce qui nous amène à poser la question : le DG du Canadien doit-il réviser ses plans et placer la barre plus haute? Une participation à la finale de l'Est comme en 2010, et pourquoi pas, comme le croît Damphousse, une participation à la grande finale?

Dans le monde du sport, on parle souvent de la fenêtre d'opportunité. Contre toute attente, cette fenêtre est-elle en train de s'ouvrir pour le CH?

Le CH est en état de grâce et rien ne nous dit que l'histoire va se répéter la saison prochaine. Trop d'impondérables : les blessures, les contraintes du plafond salarial, un jeune joueur qui ne progresse pas comme prévu ou « le message du coach » qui passe moins bien.

Déjà, on entend que les Penguins ont les yeux sur Jack Johnson et Jarome Iginla, et on peut être certain que Peter Ciarelli à Boston ne restera pas les bras croisés.

Évidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire. Le DG du Canadien doit manoeuvrer sans toucher à son noyau et hypothéquer la relève.

À trois semaines de la date limite des transactions, Bergevin doit-il donner les outils à Michel Therrien pour qu'il y ait un « printemps agréable » à Montréal cette année?

Le Tigre est de retour

L'autre fait saillant de la fin de semaine est la victoire de Tiger Woods à la Classique Cadillac.

Au-delà de sa performance qui nous rappelait le Tiger d'avant cette soirée de l’Action de grâce de 2009, je retiens qu'il est redevenu honorable. Ce n'est plus honteux d'être vu en compagnie de Tiger Woods. Les entreprises n'hésitent plus à s'associer à lui et on le voit de plus en plus dans des publicités à la télévision. Son purgatoire est terminé.

Et on dira ce qu'on voudra, il demeure le meilleur vendeur du golf. Son charisme est indéniable, il attire les foules et les téléspectateurs. Quand Tiger est là, votre tournoi est assuré d'être un succès.

Au fil des ans, on a vu défiler des dizaines de prétendants, d'Adam Scott à Rory McIlroy, en passant par Justin Rose et Sergio Garcia. Mais c'est ce qu'ils sont demeurés, des prétendants (OK, je vais être indulgent avec McIlroy qui n'a que 22 ans).

Avec deux victoires depuis le début de la saison, Tiger Woods s'annonce comme le joueur à battre à Augusta dans un mois.

Avoir su…

Parlant de Tiger, il n'a eu besoin que de 100 coups roulés en fin de semaine pour maîtriser les verts du Doral. Et à qui doit-il sa performance? À celui qui a terminé deuxième, Steve Stricker!

Après la Classique Honda il y a 10 jours, Tiger n'était pas content de son jeu sur les verts. Il a fait appel à Stricker, qui lui a donné une leçon de 45 minutes. Dimanche, malgré une dernière ronde de 68, Steve Stricker a terminé à deux coups de Tiger Woods.

Quand on a demandé à Stricker combien de coups Tiger avait sauvés grâce à ses conseils, il a répondu : « Je ne sais pas. Qui sait? Peut-être aurait-il aussi bien joué sans mon aide ».

Tiger, lui, n'était pas aussi convaincu qu'il aurait pu corriger sa technique sans l'aide de son grand ami. « J'aimerais dire que j'aurais pu y arriver seul, mais il y aura toujours un mais ».

Crosby et le retour des Nordiques

Dans une entrevue au Pittsburgh Post-Gazette, Sidney Crosby s'est prononcé en faveur d'une expansion et du retour des Nordiques dans la LNH.

Il s'agit évidemment d'un appui moral, mais qui vient du meilleur joueur de la LNH et qui reflète aussi peut-être l'opinion de l'organisation des Penguins.

Dans une entrevue au journaliste Dejan Kovacevic de Pittsburgh, le DG des Penguins Ray Shero racontait une conversation qu’il a eue avec Lou Lamoriello sur l'expansion. Les deux croient que la ligue peut intégrer deux nouvelles équipes.

Aux États-Unis, le nombre de joueurs de hockey est passé de 300 000 à 500 000 au cours des dernières années et est en forte croissance. En Europe, on pense que quelques pays offrent un potentiel intéressant. La Slovénie, terre natale d'Anze Kopitar, a réussi à se qualifier pour les JO de Sotchi; on pense que l'exemple de Tomas Vanek pourrait augmenter l'intérêt des Autrichiens pour le hockey; et il y a la Suisse qui produit de plus en plus de bons joueurs.

Ensuite, même si l'Association des joueurs a approuvé le projet de nouvelles divisions, elle est loin d'être emballée par le déséquilibre entre l'Est (16 équipes) et l'Ouest (14 équipes). On espère corriger le tir en 2015.

Finalement, il y a les revenus. Les Jets de Winnipeg ont fait des profits la saison dernière, ils ont maintenant leur réseau de télévision (TSN Jets) et se sont classés 2e derrière les Penguins de Pittsburgh dans la vente de produits dérivés.

Le retour des Nordiques pourrait avoir le même impact. Dix-huit ans plus tard, le chandail des bleus reste un très bon vendeur, et pas seulement à Québec (si vous croisez Joël Bouchard, parlez-lui du chandail des « Nords » aux JO de Vancouver). Pas besoin d'être un grand devin pour savoir que l'équipe aura son réseau de télévision.

Seul bémol pour moi, une équipe d'expansion, ça veut dire des années de misère. Il va falloir être patient.

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