Carey Price et Patrick Roy : aucune comparaison possible
Canadiens samedi, 17 déc. 2016. 00:11 jeudi, 12 déc. 2024. 16:43Lorsque Carey Price a regardé vers sa droite en retraitant au vestiaire plusieurs ont imaginé le pire.
Sorti du match après avoir accordé un but sur le troisième tir des Sharks en début de deuxième période, Price jouait-il à Michel Therrien le même coup que Patrick Roy a joué à Mario Tremblay le 2 décembre 1995 lorsque le gardien a défié son entraîneur-chef du regard après avoir annoncé au président de l’équipe à l’époque, Ronald Corey, qu’il venait de disputer son dernier match dans l’uniforme du Canadien?
La réponse est non.
De fait, les deux événements n’ont rien à voir. Je veux bien croire qu’on aime créer des tempêtes autour du Canadien, mais il y a quand même des limites à exagérer.
Mario Tremblay et Patrick Roy se livraient un duel de coqs dans le vestiaire du Tricolore à l’époque. Le premier était un tout jeune entraîneur-chef, flamboyant, émotif qui devait établir son autorité alors que le deuxième était la pierre d’assise de l’équipe, le joueur qui en menait très large dans le vestiaire comme sur la glace et qui ne s’en laisserait pas imposer par un jeune coach peu importe le nombre de conquêtes (cinq) de la coupe Stanley à son actif.
En plus, Patrick Roy a été offert en pâture aux Red Wings de Detroit qui ont enfilé neuf des 11 buts marqués dans cette tristement célèbre défaite de 11-1 du 2 décembre 1995 au Forum.
Vendredi soir, Carey Price a été retiré après avoir accordé quatre buts. Quatre buts concédés sur les 18 tirs qu’il a affrontés. On sera tous d’accord, du moins je l’espère, que le meilleur gardien de la LNH n’était pas à son mieux face aux Sharks. Des Sharks qui forment d’ailleurs l’équipe qui lui donne le plus de fil à retordre dans le circuit comme le confirment les sept revers infligés en neuf matchs (2-6-1) contre lui.
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Mais peu importe que Carey Price n’était pas l’ombre de lui-même, l’équipe qui jouait devant lui était amorphe dans toutes ses actions. En fait, elle était carrément mauvaise.
Quatre pénalités écopées coup sur coup en première période ont permis aux Sharks de marquer deux buts et de surtout prendre le plein contrôle de la patinoire. Michel Therrien a d’ailleurs assumé sa part de blâme en convenant que son mandat était de préparer son équipe et qu’en dépit des trois jours de congé de cette semaine, son club n’était définitivement pas prêt à faire face aux Sharks.
Sans surprise aucune, les Sharks ont donc ajouté un troisième but – en passant bravo à Timo Meier, un diplômé de la LHJMQ, qui a salué son premier match dans la LNH avec un filet aux dépens du Canadien – et ils auraient facilement pu en marquer un, voire deux autres avant la fin de l’entracte.
Sortir Price pour revenir avec lui
Parce que le plan du Canadien était de donner le match de samedi, à Washington, à Al Montoya, le Canadien aurait facilement pu retirer Price dès la fin du premier tiers de manière à modifier le plan initial et de lui offrir la chance de rebondir moins de 24 heures plus tard face aux Caps. Surtout que les deux points à l’enjeu demain ont plus de valeur que les deux que les Sharks sont venus ramasser sur la glace du Centre Bell vendredi.
Mais voilà : Michel Therrien est revenu avec Price pour amorcer la période médiane. Les circonstances ont fait qu’il a changé son fils d’épaule moins de sept minutes plus tard.
Carey Price a refusé de répondre aux questions des journalistes après le match de vendredi. C’est dommage. Car à titre de pierre angulaire du Canadien, à titre de meilleur gardien de la LNH et de l’un des meilleurs joueurs du circuit toutes positions confondues, Price devrait être en mesure d’assumer une contre-performance comme celle de vendredi et d’affronter les médias. Ne serait-ce que pour tuer dans l’œuf la tempête soulevée par son regard en direction du coach.
Je ne sais pas ce que Price avait dans la tête lorsqu’il retraitait vers le banc. Et je ne tenterai jamais de vous faire croire, voire de tenter de croire, qu’il dévisageait l’ensemble de ses coéquipiers qui venaient de l’abandonner devant son filet.
Il est clair que Price était en colère. Je me souviens d’un soir ou un plus jeune Carey Price victime d’un revers en prolongation aux mains des Blues de St Louis avait fracassé un des tableaux accrochés sur les murs du vestiaire. J’imagine donc que cela a brassé pas mal entre le moment où Price s’est retrouvé sous les gradins et le moment où sa colère s’est estompée.
Une telle crise serait tout à fait normale dans les circonstances. Car je ne me souviens pas – à part peut-être certains soirs des premières années des Sénateurs d’Ottawa où l’équipe était tellement mauvaise que les gardiens des Sens devaient remercier leur coach et le ciel de les sortir de là – de gardiens vedettes qui ont apprécié le fait d’être rappelés aux bancs en cours de partie.
Le regard de Price à l’endroit de Michel Therrien était donc tout aussi normal à mes yeux.
Je crois toutefois qu’en athlète fier qu’il est, le gardien a regardé son coach en se disant : si tu avais l’intention de me sortir si vite en deuxième, pourquoi diable ne m’as-tu pas gardé au banc après la première période. Cela m’aurait évité l’affront d’un rappel sous les yeux et surtout les huées des partisans entassés dans le Centre Bell.
C’est très facile de le dire ou de l’écrire après coup, mais c’est justement pour éviter ce genre de situation explosive que le Canadien aurait dû retirer Price après 20 minutes au lieu de le faire après 26:44.
Mais bon!
En assurant que sa décision lui permettait de redonner le match de samedi, à Washington, à Carey Price – de toute façon c’est ce match que Price aurait dû garder anyway puisqu’il est plus important que celui contre les Sharks – Michel Therrien a pris la seule décision qu’il pouvait prendre. Et Price en profitera peut-être pour signer sa 250e victoire en carrière de brillante façon afin de faire oublier sa soirée difficile de vendredi.
Mais attention avant de fêter : le défi qui attend le Canadien à Washington est tout aussi imposant que celui qui se dressait devant lui au Centre Bell vendredi.
Le rôle ingrat d’un numéro 2
Et Al Montoya dans tout ça disent certains : pourquoi l’avoir gardé devant le filet pour les 10 buts des Blue Jackets à Columbus alors qu’on a « protégé » Price vendredi contre San Jose?
Je n’arrive pas à croire, pas plus qu’à comprendre, comment il se fait que des partisans mettent un gardien numéro un et son adjoint sur un pied d’égalité.
Montoya a été gardé pour les 10 buts des Jackets parce que Price jouait le lendemain soir contre les Flyers au Centre Bell.
Montoya a été sacrifié vendredi pour permettre à Price de rebondir samedi à Washington.
C’est élémentaire comme décision. N’importe qu’elle équipe va mettre toutes les chances de son côté en y allant avec son numéro un le plus souvent possible. Déjà que le Canadien ne s’aide pas en refusant de donner des deux matchs en deux soirs à Price – remarquez que c’est peut-être pour minimiser les risques de blessures avec les conséquences éventuelles qu’on sait – si la sortie rapide du numéro un vendredi et l’entrée d’urgence de Montoya mousse les chances de victoire face aux Caps, ce sera un plus.
Mais entre vous et moi, le Canadien est mieux de jouer trois périodes comme il l’a fait en troisième vendredi. Sans quoi la présence de Price devant le filet du Tricolore ne changera rien à l’issue de la rencontre.
Ça et là
La tempête dans un verre d’eau, mais tempête quand même, soulevée par le regard de Price a mis dans l’ombre quelques notes intéressantes remarquées lors de la rencontre.
- Michael McCarron a disputé une solide troisième période. Son jeu le long de la bande et sa capacité à bien protéger la rondelle a mené au deuxième but du Tricolore. Un deuxième but qui a rendu la fin de rencontre presque intéressante...
- Philippe Danault a lui aussi connu un match intéressant. Le Québécois (10 en 15) et Brian Flynn (10 en 14) qui a aussi marqué le premier but du Canadien au dernier tiers ont été les deux centres les plus efficaces sur la patinoire vendredi soir, damant le pion à Joe Thornton qui a gagné seulement 5 des 20 mises en jeu qu’il a disputées...
- Malgré des ennuis aux cercles des mises en jeu, Joe Thornton a démontré à plusieurs reprises à quel point il est encore le meilleur passeur de la LNH...
- Coupé au menton par la lame du bâton de Marc-Édouard Vlasic, Max Pacioretty a raté une portion de la période médiane pour recevoir des soins. Le capitaine a raté une, voire deux, occasions en or en fin de rencontre...
- Après Andrew Shaw qui a déclaré forfait en raison de contrecoups attribuables à une commotion cérébrale, Sven Andrighetto a quitté la rencontre après deux présences seulement. Il n’est jamais revenu au jeu. Shaw et Andrighetto n’ont pas accompagné l’équipe à Washington...
- Chris Terry a été rappelé en fin de soirée vendredi pour pallier la perte d’Andrighetto.