Quand Jonathan Drouin éclipse Nathan MacKinnon
Canadiens mardi, 23 janv. 2018. 22:39 jeudi, 12 déc. 2024. 05:40La victoire de 4-2 aux dépens de l’Avalanche du Colorado ne propulsera pas le Canadien en séries. Ça non! Mais à l’image des récentes victoires aux dépens du Lightning de Tampa Bay et des Capitals de Washington, ce gain soulèvera questions et commentaires.
Comment le Canadien peut battre des équipes aussi fortes que le Lightning, les Caps et l’Avalanche qui surfait sur une séquence de dix victoires de suite? Pourquoi cette équipe est capable du meilleur souvent contre les meilleurs et du pire, trop souvent contre des clubs ordinaires? Pourquoi attendre d’être éliminés pour se mettre à gagner et de miner les chances de sélectionner le plus tôt possible au repêchage en juin prochain?
Vous voyez le genre...
Contre une équipe sur une lancée, c’est vrai, mais une équipe qui était visiblement fatiguée, le Canadien a pris les moyens pour profiter de la situation. En rivalisant de vitesse avec l’Avalanche qui est considérée comme une équipe très rapide, en maintenant un échec avant soutenu et en distribuant de nombreuses (43 contre 23) et solides mises en échec, le Canadien a essoufflé un club qui était déjà à bout de souffle au lendemain de sa victoire aux dépens des Leafs, lundi soir, à Toronto.
« On était au courant de leur séquence de dix victoires collées, mais on était aussi bien conscients qu’ils avaient joué hier. Il fallait en profiter. En première période, les deux clubs faisaient jeu égal sur le plan de la vitesse. Mais une fois en deuxième moitié de match on a senti qu’on avait un pas d’avance. Qu’ils commençaient à faiblir et on a maintenu la pression », a convenu Jonathan Drouin.
Ces contraintes de deux matchs en deux soirs sont bien réelles assure Drouin.
« Que ce soit lorsque nous jouons deux matchs de suite ou lorsque nous affrontons un club qui joue pour la deuxième fois en 24 heures, la fatigue est palpable sur la patinoire. Tu le sais quand tu as moins de jambes et tu le sens lorsque c’est ce qui arrive de l’autre bord. C’est là qu’il faut savoir résister ou en profiter. Ce soir, on a su en profiter », a ajouté Drouin qui a connu un fort match sur deux fronts : non seulement a-t-il connu son premier match de trois points dans l’uniforme du Tricolore (un but, deux passes), mais il s’est payé une soirée faste de 8 mises en jeu gagnées en 11 duels (73 %) aux cercles de mises en jeu.
« Ça fait du bien ce genre de soirée. Tu as besoin de ces matchs-là pour mousser la confiance », a admis candidement Drouin qui a atteint le plateau de 7 buts et 25 points mardi soir.
Drouin a préparé le premier but du match, but qu’a enfilé son ailier droit Nicolas Deslauriers. Le Québécois a aussi contribué au but d’Alex Galchenyuk (son 12e) marqué en avantage numérique. Galchenyuk a aussi ajouté une passe. Drouin a marqué son but en faisait dévier la passe parfaite que lui a refilée Jeff Petry dans l’enclave. Le défenseur a réalisé une poussée offensive sensationnelle pour préparer ce but. Le genre de poussée qui lui a permis de faire oublier quelques bourdes défensives dont il s’est rendu coupable au cours des dernières semaines.
Droits de vantardise
Le but et les trois points de Drouin ne comblent pas d’un coup le manque à gagner offensif qu’il traîne depuis le début de la saison. Ça non! Ce but et ces trois points ne lui permettront pas non plus de rivaliser avec les prouesses de son grand copain Nathan MacKinnon qui, dans une cause perdante, a enfilé son 24e but de la saison et est devenu le 2e joueur de la LNH – derrière Nikita Kucherov – à atteindre le plateau des 60 points cette saison.
Mais ce but et ces trois points lui ont permis de remporter le duel amical que se livraient les deux anciens coéquipiers qui ont fait la pluie et le beau temps dans la LHJMQ alors qu’ils défendaient les couleurs des Mooseheads à Halifax.
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« Nathan a les droits de vantardise sur la saison. C’est acquis. Mais on va se voir tantôt après le match et je serai bien content de me présenter devant lui avec la victoire d’équipe et la victoire au chapitre de notre petite compétition amicale », a ajouté Drouin qui n’est pas le moindrement offusqué lorsqu’on lui demande de commenter et d’analyser les performances de son copain, ancien coéquipier, mais néanmoins adversaire. Surtout que lors de leur sélection au repêchage de 2013 – MacKinnon a été réclamé au tout premier rang par l’Avalanche du Colorado alors que Drouin a été repêché au troisième rang par Tampa Bay – plusieurs observateurs croyaient le Québécois en mesure de connaître une carrière aussi belle, peut-être même meilleure, que celle de son copain.
« J’étais convaincu que Nate reviendrait très fort cette année. La saison dernière a été difficile pour lui et son équipe. Ce n’est pas évident quand tu perds trop souvent. Mais il est tellement bon, gros et rapide, il a tellement de talent que je n’avais aucune inquiétude à son égard », a analysé Drouin. Une analyse qui pourrait peut-être servir de projection à sa deuxième saison à Montréal l’an prochain. Qui sait?
Jonathan Drouin est prêt à couvrir son « chum » d’éloges, pourvu que ce ne soit pas trop souvent. « Ça me dérangerait peut-être si nous étions dans la même division ou conférence et qu’on se croisait plus souvent. Mais comme on se voit deux fois par année, c’est bien correct », a nuancé le centre du Canadien avec un large sourire au visage.
Jugé en fonction des points
Bien conscient des attentes très élevées qu’il doit combler maintenant qu’il défend les couleurs du Canadien, à Montréal, Jonathan Drouin sait que ses performances sont scrutées à la loupe. Qu’elles sont souvent, peut-être trop, évaluées en fonction des statistiques obtenues lors d’une partie. Un critère d’évaluation qui n’est pas toujours sans faille.
« Je suis bien content d’avoir récolté trois points. Comme je l’ai dit tantôt ça aide la confiance et c’est bon pour les statistiques. Mais je peux t’assurer que j’ai disputé de bien meilleurs matchs que celui de ce soir au cours de la saison, même si je n’avais pas le moindre point à brandir pour le prouver », a lancé Drouin.
Lorsque je lui ai demandé de me donner un exemple, de me pointer du doigt une de ces bonnes parties qui n’ont pas été auréolées d’un ou de points, Drouin s’est offert quelques secondes de réflexion. « Je n’ai pas de match qui me vient en tête comme ça. Il faudrait que je consulte les bilans des parties, mais je t’assure que c’est arrivé souvent », a répété le principal intéressé.
Je ne doute pas une seconde de la véracité des propos de Drouin. Car il est clair que tous les joueurs d’un club de hockey – même des vedettes – disputent parfois de bons, voire de très bons, matchs sans récolter de point. Et qu’inversement, ils en disputent parfois de bien ordinaires desquels ils sortent récompensés d’un but ici, d’une passe là-bas.
Mais quand tu es une vedette offensive, tu es condamnée à brandir des buts et des passes pour confirmer la qualité de tes performances.
C’est la rançon de la gloire.
Autres observations sur la victoire aux dépens de l’Avalanche...
Deslauriers : lance et compte... et tombe
Unités vraiment spéciales
Soirée difficile pour Hudon
Séries : rien n’est acquis
Hommage à revoir...
Chiffre du match : 22 – En limitant l’Avalanche à 22 tirs mardi, le Canadien a égalé sa soirée la plus efficace de la saison au chapitre des tirs accordés. Le Tricolore a connu une aussi bonne soirée le 14 octobre dernier alors que les Maple Leafs faisaient escale au Centre Bell. En dépit de leurs 22 tirs, Auston Matthews et les Leafs l’avaient toutefois emporté 4-3 en prolongation...
Deslauriers lance et compte... et tombe
Nicolas Deslauriers a ajouté un septième but à sa saison de rêve. Acquis des Sabres en début de saison – en retour de Zach Redmond – Deslauriers a déjà atteint un sommet personnel au chapitre des buts marqués en une saison dans la LNH.
Et comme il évolue à la droite de Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk au sein du premier trio, il est bien possible qu’il améliore sa production à quelques reprises d’ici la fin du calendrier. « C’est clair que les choses vont bien pour moi et que je profite de cette chance au sein du nouveau trio. Je me concentre à leur faire de la place sur la glace et à me rendre au filet. Je n’ai pas le talent d’Alex ou de Joe pour marquer des buts. Je sais que je dois me rendre devant le but et que c’est de là que je marquerai comme je l’ai fait ce soir. Je ne sais pas comment expliquer ça autrement que par le fait que je suis mieux placé et que je suis plus chanceux. Je frappe la rondelle sur le piton et elle rentre », a indiqué Deslauriers qui a aussi eu à commenter la célébration qui a suivi son septième but de la saison.
Une célébration qui a coupé court lorsque le gros ailier s’est retrouvé sur le dos après avoir effectué quelques pas de danse. Des pas de danse effectués en solo dans le coin droit de la patinoire alors que les autres joueurs se sont regroupés dans le coin gauche autour de Jonathan Drouin qu’un peu tout le monde croyait être l’auteur du but.
« Ne regardez pas ça. On va essayer de l’oublier », a d’abord lancé Deslauriers lorsqu’il s’est retrouvé devant les journalistes. Les gars sur la glace étaient trop occupés à entourer Jonathan. Je ne crois pas qu’ils m’aient vu tomber. Mais quand je suis arrivé au banc, disons que j’en ai entendu parler », a convenu le robuste attaquant qui rend de fiers services à sa nouvelle équipe et qui qualifie de « bonis » les buts qui s’accumulent à sa fiche.
Unités vraiment spéciales
Je ne vous apprendrai rien en vous lançant que les unités spéciales du Canadien n’ont rien de spécial depuis le début de l’année. Avant le match contre le Colorado, le Canadien était 17e en avantage numérique (19,1 %) et 24e en désavantage numérique (78,1 %).
Rien pour aider les choses, le Tricolore croisait l’Avalanche qui était 8e en attaque massive et 2e à court d’un homme.
Qu’est-ce que le Canadien a fait? Il a blanchi l’Avalanche qui a obtenu quatre attaques à cinq et il s’est permis un but en attaque massive. Non seulement le Canadien a-t-il marqué, mais il s’est permis un total de 15 tirs. C’est énorme. « On a beaucoup mieux circulé la rondelle ce soir et nous avons appuyé nos poussées au filet pour récupérer les rondelles et garder le contrôle en zone neutre », a mentionné Jonathan Drouin l’un des quarts-arrière de l’attaque massive du Tricolore.
Sans être une unité spéciale proprement dite, Brendan Gallagher a complété la marque en enfilant son 17e de la saison dans un filet désert. Gallagher a disputé un match solide mardi. Il cadré six des dix tirs qu’il a décochés au cours de la rencontre, mais il a en plus sorti ses mains du dimanche sur quelques belles poussées offensives orchestrées par son trio. Parlant du trio défensif du Canadien, Gallagher, Tomas Plekanec et Artturi Lehkonen ont connu une bonne soirée de travail aux dépens du gros trio de l’Avalanche en dépit le but marqué par Nathan MacKinnon en fin de rencontre. Bien qu’il ait prolongé sa guigne offensive, Lehkonen a démontré un pan de ses qualités en effectuant du très solide boulot en échec avant. Ça ne compense pas sa production timide de deux buts seulement cette année, mais ça explique pourquoi il garde la confiance de l’état-major...
Soirée difficile pour Hudon
Charles Hudon a terminé sa soirée de travail à la clinique mardi soir. Le petit guerrier a eu la vie dure au cours de cette rencontre qu’il a quittée après avoir subi une blessure indéterminée au terme de sa 15e présence au dernier tiers. Hudon a été frappé alors qu’il se tenait près du but défendu par Jonathan Bernier. Étendu sur la patinoire pendant quelques secondes, Hudon a eu besoin de l’aide de ses compagnons de trio pour retraiter au vestiaire. Il n’était pas disponible pour répondre aux questions après la rencontre. Impliqué dans quelques mêlées, Hudon a asséné quatre mises en échec, soit le même nombre que son nombre de tirs au but. Il a aussi été secoué alors qu’il a reçu, sur une jambe, un puissant tir frappé de Jordie Benn qui n’avait pas vu son coéquipier tomber devant lui quelques secondes avant qu’il ne s’élance... Quand ça va mal!
Séries : rien n’est acquis
L’Avalanche du Colorado vient donc de stopper à dix sa série de victoires consécutives. Malgré cet exploit digne de mention, l’Avalanche est loin d’être assurée d’une place en séries. Deuxième club repêché dans l’Ouest avec une récolte de 57 points, le Colorado est sur un pied d’égalité avec le Wild du Minnesota qui a toutefois disputé une partie de plus et les Kings de Los Angeles leur soufflent dans le cou avec deux petits points de reculs.
De Montréal, où ils disputaient le 2e d’une série de six matchs de suite sur la route, l’Avalanche fera des escales à St Louis, Vancouver, Edmonton et Winnipeg. Cette séquence folle amorcée lundi à Toronto obligera l’Avalanche à disputer sept de ses huit prochains et 11 de ses 14 prochaines parties loin du Pepsi Center. Pas évident...
Hommage à revoir...
Le Canadien de Montréal est une organisation qui prend un soin jaloux de son image et de la qualité des hommages qu’elle rend pour honorer les exploits de ses joueurs ou de sportifs en général ou la mémoire de grands disparus. Lundi, le Canadien a rendu hommage à Jim Johansson, le directeur général de l’équipe américaine de hockey masculin qui se rendra aux Jeux olympiques de Pyeongchang décédé plus tôt cette semaine à 53 ans.
Contrairement à son habitude, le Canadien n’a pas rendu cet hommage avant les hymnes nationaux alors que les amateurs peuvent observer un moment de silence. Il a plutôt choisi une pause publicitaire en fin de première période.
Le moment était mal choisi. Car l’hommage rendu par Michel Lacroix a été mis en échec par le brouhaha normal des activités dans les gradins. Il fallait voir le visage défait du capitaine Max Pacioretty, un Américain qui a grandi dans le hockey américain sous la gouverne de Jim Johansson, qui fixait l’écran géant en tentant d’inviter les amateurs à être plus attentifs ou à tout le moins à être plus silencieux afin de rendre au disparu l’hommage qui lui était dû. Même si l’hommage est passé pratiquement inaperçu, la foule a malgré tout réservé des applaudissements polis une fois la projection de la bande vidéo complétée. Les partisans assis dans les gradins du Centre Bell ne sont pas les seuls à être demeuré de marbre au cours de l’hommage. Pendant que les joueurs du Canadien se sont levés au banc pour suivre l’élan de Pacioretty, de Jeff Petry et d’Alex Galchenyuk, en frappant sur la bande avec leur bâton, leurs adversaires de l’Avalanche sont demeurés bien assis à leur banc.
Il est clair que cette procédure devrait être révisée que lorsque le Canadien décidera qu’un hommage à un disparu doit être rendu, qu’il le soit dans les cadres respectueux habituels avant la rencontre...
Il me semble que ce serait mieux. Beaucoup mieux...