NEW YORK - Le Canadien n’a pas le choix : il doit battre les Rangers à New York ce soir sans quoi il devra combattre tout l’été les critiques de ses partisans qui peineront à composer avec l’élimination rapide de leurs favoris.

En plus de faire face à des Rangers qui patinent à plein régime et qui tiennent à profiter de l’avantage de la patinoire pour en finir dès ce soir, le Tricolore devra se défendre sans les services d’Andrew Shaw qui est incommodé par une blessure au haut du corps. Impliqué dans plusieurs contacts sévères qu’il a distribués et encaissés aux quatre coins de la patinoire, jeudi, Shaw a aussi été impliqué dans un furieux combat lors du dernier match. Les sources de blessures sont donc nombreuses.

Peu importe la nature précise de la blessure, le Canadien se retrouve donc amputé d’un joueur important. Un joueur qui connaissait de bonnes séries comme l’espérait le directeur général Marc Bergevin lorsqu’il a fait son acquisition des Blackhawks de Chicago avant de lui consentir un riche contrat de six ans et 23,4 millions $.

Pour maximiser les chances de victoire de son équipe, Claude Julien ne s’est pas contenté de simplement remplacer Shaw. Que non! L’entraîneur-chef du Canadien a multiplié les changements. Des changements qui donnent nettement l’impression que le Canadien doit jouer ses dernières cartes pour éviter l’élimination alors que Brian Flynn, Micheal McCarron et Brandon Davidson sont appelés en renfort.

Ce qui veut dire que Torrey Michell et Nathan Beaulieu se retrouvent sur la touche dans le cadre d’un match qui pourrait être le tout dernier de la saison pour le Canadien.

Une surprise. Une grosse! Un signe de panique? Ça non! Du moins, je ne crois pas. Mais un signe que quelques joueurs que plusieurs considèrent importants le sont peut-être moins que l’on croit. À moins qu’ils ne soient blessés ou mal en point. Ce qui est possible.

Eh oui! Au lieu de faire appel à un vétéran comme Torrey Mitchell pour remplacer Shaw, Claude Julien se tourne donc vers Brian Flynn.

Une décision surprenante. Vrai que Flynn a de l’expérience, de la vitesse, un certain talent et qu’il est en mesure d’évoluer au centre.

« Je suis très excité »

Mais contrairement à Mitchell qui a lui aussi de l’expérience, de la vitesse, un certain talent et de belles aptitudes au centre, Flynn n’a pas encore joué en séries ce printemps. De fait, Flynn n’a disputé que quatre des 21 dernières parties du Canadien en saison régulière. Des 17 matchs ratés, huit l’ont été en raison de blessure. Il a quand même été gardé hors de la formation à neuf reprises et n’eut été la stratégie avouée du Tricolore d’offrir des congés à quelques réguliers en fin de saison, il est permis de se demander si le vétéran aurait disputé deux des trois dernières rencontres.

Flynn pilotera le « troisième » trio du Canadien avec Alex Galchenyuk sur sa gauche et Paul Byron sur sa droite.

Après deux matchs au cours desquels on l’a revu au centre – et même au centre d’un « premier » trio en compagnie de Shaw et Alexander Radulov – Galchenyuk revient encore sur l’aile. Pis encore, c’est Flynn qui hérite de cette position ô combien importante. Ce n’est certainement pas parce que Galchenyuk a ravi ses patrons lors de ses dernières présences au centre.

Quant à Byron, il a perdu sa place au sein du meilleur trio du Canadien depuis le début de la série face aux Rangers à la faveur d’Artturi Lehkonen qui y rejoint Tomas Plekanec et Brendan Gallagher.

« Flynn sera au centre de Galchenyuk et Byron »

Qu’on donne une promotion à Lehkonen ne surprend pas du tout. Dans plusieurs aspects du jeu, Lehkonen, malgré son statut de recrue, a été parmi les meilleurs attaquants du Canadien en séries. Ce qui en dit long sur son talent et son potentiel très réel de devenir un joueur d’impact dans la LNH. Ce qui en dit aussi assez long sur les contre-performances de quelques autres attaquants qui devraient pourtant le devancer dans l’organigramme.

À commencer par Alex Galchenyuk qui est franchement décevant depuis le début de la série en dépit de ses trois passes qui servent un brin ou deux de mirage puisqu’elles couvrent le fait qu’il ait été nettement pas assez impliqué lors des cinq premières rencontres. Surtout que Claude Julien a multiplié les changements de trio afin d’aider son jeune surdoué à sortir de son marasme.

Ça arrivera peut-être ce soir...

Flynn et McCarron avant Mitchell?

Pourquoi Brian Flynn plutôt que Torrey Mitchell?

« Je dois jouer un match simple et rapide »

Pourquoi pas répliqueront plusieurs?

Vrai qu’il est reposé. Vrai aussi qu’il doit trépigner à l’idée de disputer une première rencontre. Mais si l’état-major considère que Flynn peut en donner davantage à l’équipe que Mitchell qui a disputé les trois derniers matchs avec un certain succès – en plus de son but enfilé lors du match no 4 – il est permis de demander pourquoi ne pas l’avoir inséré avant.

À moins bien sûr que Mitchell, qui s’est entraîné avec les réservistes ce matin au Madison Square Garden, soit incommodé par une ou des blessures mineures. C’est possible.

On pourrait même croire que c’est probable puisqu’en plus d’être écarté pour faire place à Brian Flynn, Torrey Mitchell l’est aussi par Micheal McCarron.

Premier choix du Canadien en 2013, McCarron disputera donc ce soir son premier match de séries en carrière dans la LNH. Il évoluera à la droite de Dwight King et de Steve Ott au sein du quatrième trio.

J’aime l’idée de faire appel à McCarron. Sa présence, sa jeunesse, son implication physique devrait dynamiser le quatrième trio d’abord et le reste de l’équipe ensuite. Comme plusieurs partisans et observateurs qui tentent de voir ce que l’état-major du Canadien assure voir dans les performances de Dwight King, j’aurais remplacé le gros et lent attaquant acquis des Kings de Los Angeles par McCarron. Micheal McCarron est tout aussi gros que King et en prime, il est plus impliqué physiquement sans oublier que le jeune Américain, qui est loin d’être un bon patineur, est quand même bien meilleur que King sur cet aspect du jeu.

Mais bon...

Beaulieu a-t-il joué son dernier match?

Gaston Therrien au mur vidéo décortique le match du CH

La décision la plus significative, et peut-être aussi celle qui risque d’avoir le plus de conséquences, est associée au retrait de Nathan Beaulieu de la formation.

Beaulieu ne joue pas bien depuis le début des séries. Il prend des chances inutiles sur la patinoire, il s’est rendu coupables de plusieurs revirements et c’est pour toutes ces bonnes – ou mauvaises – raisons qu’il n’a effectué que trois présences en prolongation jeudi alors qu’Alexei Emelin en a effectué trois fois plus.

Mais Beaulieu a du talent. Peut-être pas autant qu’il ne le croit et que ses partisans le croient également, mais il a du talent.

La décision de garder ce talent hors de la formation et de le remplacer par Brandon Davidson qui est tout à l’opposé de Beaulieu en fait de jouer laisse perplexe quant à l’avenir du jeune défenseur (trop) vedette du Canadien.

Je fais partie de ceux – et nous sommes nombreux – qui croient que Beaulieu est surévalué. Que sa carrière suivra celle du défenseur Ron Hainsey, un autre ancien premier choix du Canadien dont le ramage n’avait rien à voir avec le plumage. Que Beaulieu est un défenseur de soutien et non un défenseur qui a sa place au sein d’un top trois d’une équipe de la LNH.

Mais si l’état-major est rendu à considérer qu’il est préférable de faire appel à Brandon Davidson plutôt qu’à Nathan Beaulieu dans le cadre d’un match potentiellement sans lendemain, je me dis que si les Rangers l’emportent ce soir, Beaulieu a peut-être disputé son dernier match dans l’uniforme du Tricolore jeudi dernier au Centre Bell.

Canadien-Rangers : une première

Si le Canadien pousse sa série face aux Rangers à la limite, ce sera la première fois de l’histoire que ces deux équipes se croiseront dans le cadre d’une septième partie.

C’est la 16e fois que le Canadien et les Rangers se croisent en séries. Le Tricolore a eu gain de cause sept fois lors des 15 premiers duels. Il a toutefois perdu quatre des six derniers affrontements. Et ces quatre revers ont été encaissés dans le cadre de séries qui se sont décidées en six matchs.

Rien pour aider la confiance du Tricolore, les Rangers ont gagné 14 des 17 derniers matchs potentiellement décisifs qu’ils ont disputés au Madison Square Garden.

« Je ne porte pas trop d’attention à cette statistique. Bien sûr qu’elle est intéressante et qu’elle démontre que l’appui de nos partisans nous aide grandement à gagner. Mais si on a mis de côté nos résultats défavorables de cette année contre le Canadien et à la maison en fin de saison pour justement nous concentrer sur l’importance à accorder au moment présent, on doit faire la même chose face à des statistiques favorables. Je peux t’assurer que c’est le message qui sera livré dans ce vestiaire avant le match. On ira sur la glace pour gagner. Et on prendra les moyens nécessaires pour y arriver », a indiqué le capitaine Ryan McDonagh qui connaît une série brillante face à l’équipe qui l’a repêché et qui n’aurait jamais au grand jamais dû l’échanger.

Mais bon!

La fin pour Nathan Beaulieu à Montréal?

Henrik Lundqvist qui fait lui aussi mentir ses statistiques désolantes face au Tricolore, affiche maintenant un dossier de quatre victoires dont deux par jeu blanc à ses six derniers duels de série contre Montréal.

Au cours de ces six matchs, il a maintenu une moyenne de 1,54 but accordé par partie et une efficacité de 94,9 %. Mettons qu’on repassera pour parler de statistiques ordinaires...

Calme devant son casier, Henrik Lundqvist a esquissé un sourire lorsqu’on lui a demandé si les Rangers pouvaient être meilleurs qu’ils ne l’ont été lors des deux derniers matchs face au Canadien. «Je le crois certainement. Nous avons bien joué, mais nous devrons jouer mieux encore ce soir pour gagner cette partie et éviter la tenue d’un septième match. On est confiant, mais il ne faut pas s’emporter. Il ne faut pas regarder au-delà le match de ce soir et répéter tout ce qui nous a permis de gagner les deux dernières parties.»

Malgré l’urgence d’en finir dès ce soir, les Rangers ont quand même un coussin sur lequel ils pourront s’appuyer en cas de défaite. Comment Alain Vigneault compte-t-il s’assurer que ses joueurs ne se tournent pas vers ce coussin dans l’éventualité d’une avance rapide du Canadien.

« On n’y pensera même pas. On ne prépare pas notre équipe en fonction du résultat, mais en fonction des moyens à prendre pour gagner. Si je commence à parler de résultat, on perdra le focus sur tous les détails à apporter pour gagner. On sait que le match de ce soir sera difficile. Que le Canadien sera prêt. Il faudra l’être nous aussi. Et on le sera », a conclu l’entraîneur-chef des Rangers.

Le match débute à 20 h. Comme dans le bon vieux temps! À 20 h 16 en fait, une fois les présentations et les hymnes nationaux chantés...

Bon match!