On dit souvent, et avec raison, que l’attaque attire et satisfait les foules alors que la défensive mène à la victoire et sert de tremplin jusqu’au championnat.

Depuis le début de la jeune saison, l’attaque du Canadien fait bien plus que satisfaire les partisans et sauver le spectacle. Elle sauve aussi de précieux points au classement.

Elle l’avait fait lors des trois premiers matchs de la saison. Elle l’a fait encore jeudi en permettant aux partisans de quitter le Centre Bell dans la même effervescence soulevée par une cérémonie d’avant-match bien orchestrée et par le « Ô Canada » sans égal interprété par Ginette Reno.

Oui l’attaque du Canadien a sauvé le spectacle en marquant six buts hier. Mais elle a surtout permis de gonfler à huit la récolte de points au classement après seulement cinq rencontres.

Ce qui n’est pas rien.

Remarquez que ce n’est pas vraiment une surprise.

Dans mes prédictions d’avant saison – et plusieurs de mes collègues partageaient le même point de vue – j’insistais sur le fait que le Canadien amorçait la saison sur des bases solides en raison de son attaque rapide et diversifiée et d’un gardien de premier plan en Carey Price.

Inversement, j’avançais que la défensive suspecte forcerait Price à se surpasser pour colmater les brèches au sein de la brigade défensive.

Le bon Carey a accordé quatre buts hier. Quatre buts sur les 29 tirs des Bruins.

Statistiquement, il n’a donc pas connu un bon match.

De fait, statistiquement, il ne connaît pas un bon début de saison comme l’indiquent les 14 buts concédés sur les 101 tirs seulement affrontés. Ses 87 arrêts lui valent un taux d’efficacité de 86,1 %.

Pas fort vous dites?

C’est vrai.

Mais si on regarde le match d’hier, Price a réalisé de bons arrêts en début de rencontre pour éviter que les Bruins ne se sauvent avec une avance de plus d’un but. Il a aussi réalisé quelques arrêts solides en cours de rencontre. En fin de compte, Price a été meilleur que Tuukka Rask que Claude Julien a rappelé au banc en troisième période après qu’il eut accordé un cinquième but sur les 25 tirs du Tricolore.

Pauvre Rask! Il devrait demander congé lorsque son équipe affronte le Canadien. Car avec le revers encaissé hier, il présente maintenant un dossier 3-11-3 en saison régulière contre Montréal.

Pacioretty-Desharnais-Gallagher

Malgré ses statistiques moins qu’ordinaires – certains diront qu’elles sont inquiétantes – Carey Price présente une fiche de trois victoires et un revers.

Une fiche qu’il doit en grande partie à ses coéquipiers attaquants et non à ses coéquipiers défenseurs qui sont loin de l’aider depuis le début de l’année.

Guidée par le trio de David Desharnais, Max Pacioretty et Brendan Gallagher – premier match de deux buts en carrière pour Gallagher – qui a connu un très fort match hier en mettant de la pression continuellement sur la défensive des Bruins que ces trois étoiles du match ont battue de vitesse tout au long de la rencontre, l’attaque du Canadien a été incisive encore hier.

Les Bruins n’ont pas disputé un gros match. C’est vrai. Ils ont multiplié les erreurs, surtout en défensive, c’est vrai. Et Tuukka Rask a été ordinaire lui aussi.

Mais on doit donner aux attaquants du Canadien le mérite qui leur revient : soit d’avoir mis de la pression sur les Bruins tout au long du match et d’avoir su profiter des occasions qui se sont présentées à eux. Des occasions qui n’en étaient pas vraiment toujours alors que quelques rondelles ont roulé du bord du Tricolore, mais des occasions que le Canadien a trouvé le moyen de convertir en but.

Ce n’est pas rien. Et c’est tant mieux si vous êtes partisans du Tricolore.

Tinordi : le meilleur

Mais défensivement, le Canadien a sans doute disputé son pire match de la jeune saison.

De P.K. Subban à Mike Weaver, les arrières du Canadien ont été, au mieux, moyens. Tom Gilbert en a arraché plus encore qu’il en avait arraché lors des quatre premiers matchs. Je ne croyais pas que c’était possible...

Mike Weaver joue encore à la pieuvre autour du filet de Carey Price alors qu’il nage sur la patinoire en agitant, et pas toujours avec grâce, ses jambes, ses bras et son bâton dans toutes les directions.

P.K. Subban a connu un match difficile en compagnie d’Alexei Emelin sans oublier Andrei Markov qui semblait absent par moment sur la patinoire.

Pour dire vrai, c’est Jarred Tinordi, le jeune arrière qui inquiétait tant après un camp d’entraînement et un calendrier préparatoire médiocre, qui a disputé le meilleur match à la ligne bleue du Canadien.

Je sais, il ne faudrait pas être trop sévère avec le Canadien au lendemain d’une victoire qui a auréolé sa rentrée 2014-2015 au Centre Bell. Surtout qu’il affiche un dossier de quatre victoires et un seul revers au lendemain de son premier duel contre ses rivaux de Boston.

Mais il est impossible de passer sous silence les cafouillages défensifs que le Canadien a multipliés encore hier.

Non seulement le Canadien n’a pas été fichu de bien protéger son gardien, il s’est plusieurs fois contenté de regarder les Bruins tirer une fois, deux fois, trois fois en direction d’un gardien qui avait besoin d’un peu plus d’appui pour éviter d’accorder des buts.

Non seulement les défenseurs ne protégeaient pas bien l’enclave, mais ils ont perdu plus de batailles le long des rampes qu’ils en ont gagnées. Ils ont aussi, et surtout, été très lents à relancer les attaques lorsqu’ils ne les ont pas carrément bousillées.

Parce que le Canadien a gagné, parce qu’il a gagné aux dépens des Bruins en plus, en soirée de rentrée en prime, les cafouillages défensifs n’ont pas privé les partisans de sommeil.

De fait, ils ont dû rêver davantage aux sanctions susceptibles de tomber sur les larges épaules de Milan Lucic qu’à faire des cauchemars en raison des lacunes défensives de leurs favoris.

Mais Michel Therrien sait très bien qu’il sera impératif de colmater ces brèches pour éviter de laisser filer des points au fil des prochaines semaines.

Il a d’ailleurs convenu que les deux prochaines semaines seront cruciales pour y arriver alors qu’un calendrier moins chargé lui permettra de diriger plus d’entraînements de qualité que de matchs. Et c’est lors des entraînements et non en cours de partie, qu’une équipe corrige ses lacunes, qu’elle développe de bonnes habitudes, qu’elle gagne en confiance.

La beauté de l’affaire pour le Canadien, c’est qu’en dépit de ses ennuis défensifs, en dépit des 14 buts accordés par Carey Price qui ne joue pas encore à la hauteur de son talent et de son statut dans la LNH, il affiche quatre victoires en cinq matchs.

Quatre victoires salutaires qui calment une grogne qui s’installerait si la fiche du Canadien était inversée, ce qui pourrait très bien être le cas.

Lucic : amende ou suspension?

On attendait depuis le printemps le premier rendez-vous Montréal-Boston afin de voir si Milan Lucic allait mettre à exécution les menaces directes lancées à Alexei Emelin et Dale Weise à qui il avait promis d’arracher la tête lors de la poignée de main qui a suivi l’élimination des Bruins par le Canadien.

Weise ayant suivi le match du haut de la galerie de presse, l’attaquant a été épargné.

Emelin s’en est bien tiré. Même que c’est le défenseur du Canadien, avec un solide coup d’épaule en première période, qui a remporté la première bataille en envoyant Lucic sur le derrière en entrée de zone du Tricolore.

Lucic s’est repris en fin de match en servant une mise en échec par-derrière aux dépens d’Emelin. Un geste qui lui a valu une pénalité de deux minutes.

Je sais que vous ne serez pas d’accord, mais Lucic ne méritait pas vraiment cette pénalité. Surtout que quelques secondes plus tôt, le défenseur du Canadien avait servi une mise en échec identique en tous points à Simon Gagné.

S’il ne méritait pas vraiment sa pénalité mineure, Lucic méritera pleinement la suspension ou l’amende que la LNH lui imposera pour le geste indécent qu’il a posé à l’endroit des partisans qui lui souhaitaient la bienvenue au cachot.

Lucic, qui a de larges épaules, mais qui des fois semble avoir un grand vide entre les deux oreilles, a feint de se masturber en guise de réplique à l’accueil des amateurs.

Ce geste ne sera pas sanctionné par Stéphane Quintal à titre de responsable du respect de la sécurité des joueurs, mais bien par le bureau des opérations hockey qui voir au respect de l’image de la LNH.

C’est Colin Campbell qui, l’an dernier, a imposé une amende de 25 000 $ à l’entraîneur-chef des Blackhawks de Chicago Joel Quenneville qui s’était empoigné les testicules pour dénoncer le manque de courage affiché par les arbitres qui avaient fermé les yeux sur une pénalité.

Colin Campbell étant le père de Gregory Campbell des Bruins, c’est sans l’ombre d’un doute son adjoint Mike Murphy qui sera saisi du dossier.

On verra quelle sévérité Murphy décidera d’afficher.

Mais considérant les menaces directes de Lucic à l’endroit du Canadien, son passé entaché de plusieurs incidents et de nombreuses colères et pertes complètes de contrôle, et le fait qu’il était sous étroite surveillance hier, il pourrait facilement écoper une suspension.

Si vous remontez dans la «jurisprudence» de la LNH, vous vous souviendrez que James Wizniewski, en 2010, alors avec les Islanders de New York, avait écopé une suspension de deux matchs pour avoir feint une fellation offerte gracieusement à Sean Avery qui était loin de remplir le rôle d’une victime sympathique.

Quelle suspension guette Lucic alors?

Votre suggestion est aussi bonne que la mienne. J’y vais, sans conviction, avec un timide deux matchs.

On verra.