MONTRÉAL - Les joueurs du Canadien ont donné raison à leur directeur général Marc Bergevin en doublant les Maple Leafs de Toronto 4-2, lundi soir, au Centre Bell.

Difficile toutefois de déterminer s’ils lui ont donné raison d’avoir afficher de la confiance en eux en refusant de se lancer dans les surenchères qui ont permis à plusieurs équipes, dont les Leafs, de se renforcer avant que le couperet ne tombe sur la période des transactions. Ou s’ils lui ont plutôt donné raison d’avoir convenu, avant le match, que son équipe offrait parfois des performances difficiles à comprendre.

Car oui le Canadien et ses joueurs sont difficiles à suivre par moments. Plus difficiles encore à comprendre.

Comment diable cette équipe qui avait perdu trois fois de suite en temps réglementaire à ses trois dernières parties et qui s’était fait blanchir 5-0 samedi soir en disputant un match lamentable a pu tenir tête aux Leafs comme elle l’a fait lundi? À des Leafs qui surfaient sur des séquences de six victoires de suite et de 10 matchs consécutifs sans revers en temps réglementaire (9-0-1). À des Leafs dont le gardien Jack Campbell était en quête d’une douzième victoire consécutive?

Eh non! La loi de la moyenne n’explique pas tout.

Vrai que Jack Campbell est loin d’avoir été sensationnel. Il a réalisé quelques bons arrêts. Le poteau à sa gauche lui est venu en aide pour voler un but qui semblait certain à Josh Anderson. Mais «Soupy», comme le surnomment ses coéquipiers, n’a pas bien paru sur deux des trois buts qu’il a accordés. Il l’a d’ailleurs reconnu sans la moindre retenue après la défaite.

«J’ai honte de ma performance. J’ai coûté le match à mon équipe. Je n’ai pas été à la hauteur», que Campbell a répondu alors que la question ne portait pas sur sa performance.

Vrai aussi que les Leafs ont amorcé le match sur les talons. Comme l’entraîneur-chef Sheldon Keefe l’a reconnu avec la même franchise que son gardien.

«Nous n’étions absolument pas prêts ce soir. C’est la responsabilité de l’entraîneur de s’assurer que son groupe soit prêt. J’assume donc l’entière responsabilité dans la défaite.»

Ducharme : expériences concluantes

Malgré les vibrants plaidoyers de culpabilité offerts par Sheldon Keefe et son gardien Jack Campbell, il est important ici de souligner la qualité du match disputé par le Canadien.

Ce que l’entraîneur-chef des Leafs a d’ailleurs fait après sa séance d’autoflagellation en début de point de presse. «Ils ont joué aussi bien qu’une équipe peut jouer en première et en troisième périodes. En deuxième, on a trouvé le moyen de revenir de l’arrière, mais il fallait davantage pour gagner ce soir et nous ne l’avons pas obtenu.»

Une partie du crédit doit aller à Dominique Ducharme. Après la raclée encaissée samedi aux mains des Jets qui se sont fait surprendre 4-2 par les Sénateurs à Ottawa lundi – comme quoi le Canadien n’est pas le seul club imprévisible dans la division Nord et dans la LNH au grand complet – l’entraîneur-chef avait promis des changements.

Ils les a apportés : Paul Byron est allé en relève à Jesprei Kotkaniemi sur le flanc droit du trio complété par Tomas Tatar et Phillip Danault. Kotkaniemi s’est retrouvé entre Jonathan Drouin et Josh Anderson. Jake Evans a été muté à la droite de Tyler Toffoli et Nick Suzuki. Artturi Lehkonen a eu le mandat de battre la mesure au sein du trio complété par les «petits-vieux» Eric Staal et Corey Perry.

Tous les changements ont donné des résultats positifs.

Ragaillardi après un séjour deux matchs à l’aile droite, KK a disputé un match impressionnant. Du moins à mes yeux. Il a orchestré de belles poussées à l’attaque. Il a distribué de belles passes. Bien qu’il n’ait aucune statistique offensive pour couronner sa soirée de travail, Kotkaniemi m’a vraiment impressionné.

Et si Byron succédait à Gallagher?

C’est toutefois Paul Byron qui a offert le plus de satisfaction dans son nouveau rôle. Byron est rapide. C’est connu. Il est également intelligent sur la patinoire. Sa vitesse combinée à une celle capacité d’anticipation lui permet d’être efficace en défensive et tout aussi efficace en relance offensive.

Des qualités qui se marient parfaitement avec les qualités de Tomas Tatar et Phillip Danault qui, avec la complicité de Byron, ont formé le trio le plus efficace du Canadien lundi soir.

Le but marqué par Tomas Tatar 77 secondes seulement après le début de match a couronné la hargne affichée par ce trio. Danault et Tatar ont combiné leurs efforts pour pousser Auston Matthews a se rendre coupable d’un revirement derrière la cage de son gardien. Avant même que Matthews et Jack Campbell n’aient eu le temps de réaliser la précarité de la situation, Tatar enfilait son 9e de la saison.

Le ton était donné.

À chacune des présences effectuées face au trio d’Auston Matthews, le trio de Phillip Danault a eu le dessus. Ou à peu près.

Oui Matthews a marqué pour gonfler à 32 sa récolte de buts après 39 matchs disputés cette saison. Oui Matthews a ainsi gonflé à quatre buts et dix points sa production offensive en six matchs contre le Tricolore. Mais ce but, Matthews l’a marqué alors qu’il était opposé au trio de Nick Suzuki.

Contrairement à Danault qui était toujours dans l’ombre de Matthews lundi soir, Suzuki a eu le malheur de respecter la distanciation sociale avec Matthews alors qu’il était en maraude devant la cage de Jake Allen. La distanciation c’est parfait et nécessaire pour contrer la propagation de la Covid. Mais c’est néfaste pour contrer la multiplication des buts marqués par Matthews.

Tatar, Danault et Byron ont été tellement efficaces dans toutes les facettes du jeu lundi qu’il me semble inévitable que Dominique Ducharme poursuive l’expérience mercredi contre Calgary.

Et si les performances de ce trio se répètent match après match, cette affectation pour le moment temporaire donnée à Byron pourrait-elle devenir permanente? Oui! Oui! Même une fois Brendan Gallagher remis de la fracture au pouce qui le gardera à l’écart du jeu jusqu’aux séries.

La question mérite d’être posée. Du moins il me semble.

Car non seulement le trio de Danault pourrait, avec Byron sur le flanc droit, maintenir son efficacité défensive sans trop perdre de son punch en attaque, mais Gallagher pourrait aller survolter un des trios pilotés par KK et Nick Suzuki.

Edmundson – Petry

À la ligne bleue, le retour de Joel Edmundson avec Jeff Petry a donné de bons résultats. Petry a prolongé à 12 sa série de matchs consécutifs sans but – sa plus longue disette avait été de huit matchs – mais les deux arrières ont dominé tous les joueurs du Tricolore avec des temps d’utilisation de 25 :42 et 25 :40. Les officiels mineurs les ont trouvés coupables de sept revirements – cinq à la fiche de Petry – mais le duo s’est somme toute bien comporté en cette soirée retrouvailles.

Shea Weber (21 :40) est le seul autre joueur du Canadien à avoir passé plus de 20 minutes sur la glace. Ce temps d’utilisation n’est toutefois pas un gage de performance de grande qualité dans le cas du capitaine. Obligé de composer avec la présence d’un Brett Kulak qui a semblé craquer sous la pression d’évoluer en sa compagnie, Shea Weber a connu un autre match en dents de scie. En fait les dents étaient plus acérées du côté négatif que du côté positif.

Weber bénéficiera grandement du retour prochain de Ben Chiarot à sa gauche. Si ce retour doit attendre au-delà une semaine, j’ai bien l’impression que Jon Merrill héritera du mandat d’aller prêter main forte au capitaine qui semble vraiment avoir besoin d’aide cette saison.

Le Canadien ne confirme aucune blessure qui pourrait ralentir son capitaine. Peut-être que le calendrier chargé et les matchs qui se succèdent à un rythme effréné mine Weber au point d’avoir des répercussions négatives sur ses performances. Les arrivées de Jon Merrill et d’Erik Gustafsson sans oublier le retour de Ben Chiarot pourraient peut-être permettre d’offrir un congé ici et là à Weber. Ça l’aiderait peut-être à maintenir une courbe de performances plus relevée et plus constante. Sans oublier que ça l’aiderait sûrement à minimiser sa fatigue en vue des séries éliminatoires qui seront loin d’être faciles. Surtout si le Canadien croise les Maple Leafs ou les Jets en première ronde.

D’ici aux séries qu’il faudra d’abord par atteindre, Dominique Ducharme doit trouver une façon d’obtenir plus souvent des performances à l’image de celle que son équipe à offerte lundi pour battre la meilleure équipe de la division canadienne.

Ça aiderait à déterminer si ses joueurs tiennent davantage à donner raison à Marc Bergevin pour avoir affiché de la confiance à leur endroit ou pour les qualifier de joueurs imprévisibles et parfois difficiles à comprendre.

Entre les lignes

-Nick Suzuki a doublé l’avance du Canadien en marquant son huitième but de la saison. C’était son troisième but consécutif et quatrième cette année marqué lors d’attaques massives.

-Le but de Suzuki a mis fin à une disette de 13 supériorités numériques sans avoir marqué. De fait, le Tricolore n’avait marqué qu’une fois en 21 attaques massives à ses sept dernières parties.

-Les Maple Leafs en arrachent plus que le Canadien en supériorité numérique par le temps qui court. Pourtant très redoutables à l’attaque, les Leafs ont non seulement été blanchis en deux attaques massives lundi soir au Centre Bell, mais ils n’ont marqué qu’une fois en 36 occasions à leurs 15 derniers matchs.

-Les Leafs sont rentrés à Toronto immédiatement après le match. Ils recevront mardi les Flames de Calgary qui seront ensuite les visiteurs au Centre Bell mercredi et vendredi. Acquis des Flames à la date limite des transactions, David Rittich pourrait affronter son ancienne équipe dès mardi.

ContentId(3.1386872):Antichambre : Performance inacceptable selon les Leafs (LNH)
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