Quand les dépisteurs volent la vedette
LNH mardi, 24 nov. 2015. 12:30 samedi, 14 déc. 2024. 06:43Pendant que les joueurs du Canadien et leurs adversaires des Islanders s’échauffaient sur la glace du Centre Bell en début de soirée dimanche, ce n’est pas sur la glace que les journalistes avaient les yeux rivés, mais sur l’action qui se déroulait à l’entrée de la galerie de presse.
Malgré le fait que les deux clubs se croisaient pour une deuxième fois en trois soirs et pour une troisième fois en deux semaines, 20 dépisteurs professionnels représentant 18 clubs jouaient du coude pour trouver des places. La section réservée aux dépisteurs ne pouvant tous les accueillir, quelques dépisteurs ont été relocalisés dans la section réservée aux journalistes de l’extérieur. Une chance que les Islanders – ils n’attirent pas les foules à Brooklyn et ne déplacent pas de gros contingent de journalistes non plus – et non les Flyers, les Maple Leafs ou les Rangers étaient de passage au Centre Bell. Sinon les dépisteurs auraient dû trouver d’autres sièges.
Tout ça pour dire que rarement avait-on vu autant de dépisteurs sur la galerie de presse du Centre Bell.
« C’est exceptionnel », m’a d’ailleurs confirmé un dépisteur habitué de visiter le Centre Bell. « On voit un groupe aussi imposant dans le cadre de grands rendez-vous internationaux alors que toute l’action se déroule à un endroit, mais rarement dans la Ligue nationale. C’est certainement l’un des plus gros groupes depuis des années. C’est bon pour vous, ça fait jaser. Ça part des rumeurs », m’a lancé un autre dépisteur.
Visite planifiée vs mandat spécifique
La demande de transaction réclamée par le défenseur Travis Hamonic et les ennuis du Canadien sur le flanc droit – ennuis qui se sont accentués avec la blessure subie par Brendan Gallagher qui ratera au moins les six prochaines semaines en raison des deux doigts de sa main gauche fracturés – ont d’ailleurs attisé les questions et les rumeurs associées à un débarquement aussi massif.
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Si le contingent était imposant et surprenant pour un match sans histoire, surtout un dimanche soir, il était facilement justifiable.
« Ça fait longtemps que je sais que je serai ici ce soir. C’était sur mon horaire. Et comme cette partie est la seule disputée dans le nord-est de la ligue, je ne suis pas surpris qu’on soit plusieurs », m’a assuré un dépisteur d’une équipe de l’Ouest. De fait, plusieurs des dépisteurs présents au Centre Bell dimanche étaient à Ottawa – les Sens recevaient les Flyers – ou dans différentes villes de la Ligue américaine samedi soir. Il était facile de venir à Montréal dimanche et de mettre ensuite le cap sur Toronto où les Leafs et les Bruins complétaient lundi soir leur série aller-retour.
« Je fais autour de 180 envolées par année pour ma job et beaucoup de kilométrage aussi. Comme tous les directeurs généraux, mon patron tient à maximiser notre rendement alors quand on part dans un coin, on ratisse le plus large possible et on tente de voir le plus de matchs en un moins de temps possible. Vous (les journalistes) allez sauter à des conclusions, mais la grande majorité des gars qui sont ici n’ont pas de mandat spécifique à remplir. Ils remplissent leur rapport habituel d’évaluation sur le système des équipes et sur le rendement personnel des joueurs », m’assurait un autre éclaireur.
En passant, ces dépisteurs qui sont parfois des trésors de renseignements et qui sont souvent en mesure de guider les journalistes dans leur quête d’informations sont aussi très discrets. D’où le respect de leur anonymat.
De la visite rare
S’il est vrai que la majorité des dépisteurs présents dimanche au match Islanders-Canadien ne faisaient que leur boulot habituel, ou préparer un affrontement prochain contre le Tricolore – Doug Risebrough des Rangers de New York, le prochain adversaire du CH, était d’ailleurs du groupe – d’autres étaient en mission. Il semblait plus évident encore que le mandat spécifique qu’ils avaient reçu était coiffé du titre Travis Hamonic.
Parce que le défenseur des Islanders tient à quitter New York pour se rapprocher de sa famille dans les prairies canadiennes, il était normal que les Jets de Winnipeg aient dépêché un envoyé spécial. Et comme les Jets débarquent rarement sur la galerie de presse du Centre Bell, leur présence a attiré l’attention.
Bien qu’ils viennent tout juste d’effectuer leur visite annuelle à Montréal, les Canucks de Vancouver avaient deux émissaires au Centre Bell. Et leur dépisteur habituel n’était pas de l’opération qui ne devait certainement pas compléter l’évaluation du Canadien. Un club que les Canucks ne reverront pas avant l’an prochain. À moins que Vancouver et Montréal se croisent en finale de la coupe Stanley…
Ancien directeur général du Canadien et aujourd’hui envoyé spécial de Stan Bowman aux quatre coins de la planète hockey, Pierre Gauthier était à Montréal dimanche. Sa présence n’avait rien de surprenant puisqu’il effectue des visites régulières sur la galerie de presse du Centre Bell, mais le fait que les Hawks avaient déjà un dépisteur de faction, moussait la possibilité que monsieur Gauthier avait un mandat spécifique à remplir. Un mandat qu’il n’a pas confirmé lorsque je lui ai demandé quel bon vent l’avait poussé jusqu’à Montréal un dimanche soir.
Je ne sais pas si Chicago est assez près des Prairies canadiennes pour attirer Travis Hamonic – les Blackhawks forment toutefois un club plus qu’attirant on en conviendra –, mais les villes jumelles de St. Paul et Minneapolis le sont certainement. Pas surprenant alors que Blair MacKesey, l’un des hommes de confiance du DG Chuck Fletcher avec le Wild du Minnesota, ait assisté à la rencontre Canadien-Islanders.
Avec la technologie et le fait que tous les matchs de tous les clubs soient diffusés sur une chaîne ou un autre, les équipes ont déjà des banques d’informations gigantesques sur tous les joueurs, sur toutes les équipes. Mais quand vient de temps de vérifier certains détails, de confirmer des évaluations positives, ou négatives, les équipes font encore confiance à la bonne vieille méthode et envoient les yeux perçants de leurs dépisteurs qui en plus de suivre ce qui se passe sur la glace sont surtout capable de voir au-delà la simple image pour effectuer leur analyse finale.
Des visites longtemps planifiées depuis longtemps, les aléas du calendrier et des mandats spécifiques ont donc contribué à la présence au Centre Bell de 20 dépisteurs représentant 18 clubs un dimanche soir bien tranquille dans le cadre d’un duel Islanders-Canadien bien banal. Présence qui a été soulignée abondamment sur toutes les tribunes. Présence dont il faudra se rappeler si Hamonic change de camp dans un avenir rapproché.
Remarquez qu’un rapport négatif peut avoir un impact aussi important qu’un rapport positif. Il est alors bien difficile – à moins d’obtenir l’information privilégiée – de savoir si c’est lors de visites comme celles relevées dimanche au Centre Bell que la décision finale a été prise. Mais ça donne une idée...