MONTRÉAL – Quel espoir sera sélectionné par le Canadien? Voilà la grande question qui demeure à la suite du suspense vécu par les partisans du Tricolore – et son directeur général également – lors de la loterie en vue du repêchage de la LNH.

Évidemment, les fervents du club montréalais auraient souhaité assister à une belle surprise et grimper dans le top-3 de l’encan. Le statu quo a plutôt prévalu pour le Canadien qui avait certainement commencé à aligner ses idées pour ce neuvième choix.

Réglons d'abord le dossier des trois premiers rangs. La plupart des experts prévoient que le top-3 ne surprendra personne avec les sélections d’Auston Matthews, Patrick Laine et Jesse Puljujarvi.

Par la suite, le dossier intéressant à suivre portera le nom de Pierre-Luc Dubois. À moins d’un immense revirement de situation, le Québécois – classé meilleur espoir en Amérique du Nord – aura déjà enfilé sa nouvelle casquette et son nouveau chandail quand le Bleu-blanc-rouge montera sur la scène.

Si la sélection de Dubois avant le neuvième échelon ne semble faire aucun doute, l’ordre des joueurs qui seront repêchés entre la quatrième position et la neuvième demeure difficile à prédire.

Par contre, un certain consensus se dessine sur l’identité des joueurs qui viendront compléter le top-9. Bien sûr, les sélections étonnantes font partie de la réalité du repêchage, mais trois attaquants et trois défenseurs devraient suivre le trio de Matthews, Laine et Puljujarvi. Il s’agit des attaquants Dubois, Matthew Tkachuk et Alex Nylander ainsi que les défenseurs Olli Juolevi, Jakob Chychrun et Mikhail Sergachev.

Marc Bergevin devra donc déterminer si le prix à payer pour devancer son rang de sélection en vaut la peine pour mettre la main sur Dubois.

« Je pense que le Canadien voudra essayer d’avancer vers la 4e ou la 5e place. Ils peuvent utiliser leurs deux choix de deuxième ronde comme appât et peut-être un jeune de l’organisation », a jugé notre expert Stéphane Leroux.

Il faut dire que le Tricolore est confronté à tout un dilemme avec la présence d’un espoir québécois de la trempe de Dubois. C’est la première fois depuis Vincent Lecavalier, en 1998, que le premier espoir nord-américain est un Québécois.

« Si Lecavalier avait été disponible en 1998, tout le monde aurait voulu que le CH le sélectionne. Si Dubois l’est et que Montréal ne le prend pas, c’est une décision qui ferait mal », a reconnu Leroux.

Quels seraient les candidats prisés au 9e rang?

Advenant que le Canadien conserve le neuvième droit de parole, plusieurs candidats deviennent intrigants pour la formation montréalaise, qui risque de se tourner vers un attaquant. Si jamais les trois défenseurs les mieux cotés étaient choisis avant le tour du Tricolore, il y a fort à parier que Trevor Timmins opterait pour l’attaquant qui n’aurait pas été choisi entre Tkachuk, Dubois et Nylander.

Toutefois, si ces trois noms ont déjà été prononcés, les options de Clayton Keller, Tyson Jost, Logan Brown et même Michael McLeod ressortent du lot.

« Le Canadien aime bien Clayton Keller (cinq pieds dix pouces et 170 livres) qui a joué pour le programme américain. Ses feintes font parfois penser à Patrick Kane et Johnny Gaudreau et il a été très bon au tournoi U18 », a présenté Leroux.

« Il ne faut pas oublier Logan Brown, il présente les statistiques d’un Michael McCarron, mais à 17 ans, alors que McCarron l’a fait à 19 ans dans la Ligue junior de l’Ontario. Il a été bon aux Championnats mondiaux des moins de 18 ans. On dit qu’il a parfois un petit problème d’attitude, mais ça reste qu’un centre de six pieds et six pouces, ils sont rares », a poursuivi la référence du hockey junior à propos du fils de Jeff Brown.

Avant cette importante compétition des moins de 18 ans, le spécialiste du repêchage de TSN, Craig Button, avait présenté sa simulation de repêchage à notre émission de radio numérique 30 Minutes CHrono.

Button avait soulevé le nom de McLeod, en attaque, et Sergachev, en défense, pour la sélection montréalaise.

« Il me rappelle, au même moment, le très rapide Dylan Larkin (des Red Wings de Detroit). C’est la vitesse de McLeod qui l’aide à se démarquer, il l’utilise partout sur la glace. Peut-être qu’il ne sera pas le gros centre numéro un recherché, mais je le verrais comme un Ryan Kessler, Patrice Bergeron ou David Krejci », a comparé Button.

Le hic, c’est que McLeod a chuté dans les classements des recruteurs en raison de son rendement ordinaire au tournoi U18.

« Je ne pense pas qu’il serait le choix parce qu’il a un peu baissé comme Julien Gauthier. Cependant, Jost (six pieds et 195 livres) a gagné des points même s’il n’est pas le plus gros. Tu ne peux pas nier ce qu’il a fait, il a été le premier compteur du tournoi. D'un autre côté, il n’a pas le vécu du hockey de la Ligue canadienne de hockey, il a joué beaucoup moins de matchs que les autres joueurs », a nuancé Leroux.

« Il se dirige vers l’université et je me demande si le Canadien veut repêcher un projet à long terme au neuvième rang. C’est un peu fatigant quand tu repêches dans le top-10 », a-t-il indiqué.

Et pourquoi pas Gauthier?

Dans l’éventualité que Dubois échappe au Canadien, certains amateurs se demanderont probablement pourquoi l’état-major montréalais ne se tourne pas vers Gauthier. L’attaquant des Foreurs de Val-d’Or présente des atouts prometteurs, mais il n’a pas su maintenir la cadence cette saison.

« Je le vois sortir entre le 15e et le 25e échelon vu qu’il a perdu des points en deuxième moitié de calendrier. Autant il en avait gagné en se taillant une place Championnat mondial junior – ce que Dubois n’avait pas fait – autant il a régressé. J’ai vu son match à Val-d’Or à la fin février contre Dubois et ce dernier l’a complètement éclipsé. Évidemment, il y avait beaucoup de dépisteurs et plusieurs qui ne sont pas habitués de les voir jouer. Ils étaient là parce que l’occasion était belle. Dubois a récolté cinq points, il a été sensationnel. Ça reste un bon joueur, mais je serais surpris que le CH soit tenté de le prendre au neuvième rang », a exposé Leroux.

Cela dit, si le Canadien décidait de renoncer à Gauthier, ça représenterait un risque pour l’organisation.

« Le CH se met de la pression s’il ne le choisit pas quand il est disponible. Par exemple, s’il préfère un Logan Brown et que Gautier devient un marqueur de 30 buts, ils vont se le faire rappeler très souvent. Il y a beaucoup de pression de repêcher des Québécois, mais il faut le faire au bon rang », avoué Leroux.

Certes, Gauthier n’est pas la sauveur du moment comme Dubois peut l’être, mais ça ne veut pas dire que le neveu de Denis Gauthier ne deviendra pas un marqueur de premier plan dans la LNH.

« La meilleure façon de le dire, c’est que Dubois rend les autres meilleurs autour de lui alors que Gauthier a besoin de quelqu’un pour l’alimenter. Il va fonctionner avec un bon passeur parce que c’est un tireur. Il patine et il a un bon physique, mais il ne possède pas la plus grande vision du jeu et ce n’est pas lui qui va fabriquer les jeux. J’ai plus vu jouer Gauthier et il a disputé une saison de plus dans la LHJMQ, mais un écart s’est creusé depuis Noël, il n’y a pas de doute », a cerné Leroux.