Lorsque le Canadien a fait l’acquisition de Max Domi, je pensais qu’il correspondait à un joueur de troisième trio. Je le voyais dans un rôle d’agitateur qui peut laisser tomber les gants à l’occasion, la pomme ne devait pas être tombée bien loin de l’arbre alors que son père Tie l’a fait à répétition au cours de sa carrière. Je l’entrevoyais aussi avec certaines habiletés offensives. Mes observations se basaient sur ce que j’ai vu de lui au niveau junior et quelque peu en Arizona, mais je ne l’ai pas suivi attentivement non plus.

Lors du premier match préparatoire, j’ai été déçu parce que son geste aux dépens d'Aaron Ekblad a mené à une suspension et nous n’avons pas été en mesure de l’évaluer au cours du camp comme le reste de ses coéquipiers.

Au début de la saison, même s’il n’évoluait pas aux côtés de Jonathan Drouin, il ne jouait pas du mauvais hockey. Par contre, depuis qu’il a été jumelé au Québécois, il est devenu le premier centre du Canadien. Drouin peut remplir sans souci ses fonctions de joueur offensif alors que Domi remplissait également les tâches défensives. Il fait un travail remarquable à ce chapitre, alors qu’il est agressif en repli défensif, il aide ses défenseurs et remporte également sa part de mise au jeu. Le travail de Domi a des répercussions positives sur celui de Drouin. On ne peut reprocher son effort depuis que les deux joueurs ont été réunis.

Actuellement, le jeu de Domi s’apparente beaucoup plus à celui de Patrice Bergeron ou Anze Kopitar. Comprenez-moi bien, je ne dis pas qu’il est aussi bon qu’eux et qu’il a autant de talent, mais il est aussi responsable offensivement que défensivement en ce moment. Son jeu défensif, je le comparerais à celui de Phillip Danault, mais ce dernier ne contribue pas autant en attaque. C’est pourquoi Danault occupe à mon avis le rôle de deuxième centre et Domi est dans la première chaise. C’est ce qui se présente en ce moment pour Claude Julien et on verra combien de temps cette formule va fonctionner, mais il faut leur trouver un ailier pour les compléter.

Si j’avais à prendre une décision avec les outils dont dispose Julien à l’interne, je donnerais une chance à Paul Byron lorsqu’il sera de retour au jeu. Je ne crois pas que ce soit la solution à long terme, mais on l’a vu par le passé remplir ce genre de mandat sur de courtes périodes. Il est rapide, est capable de trouver le fond du filet et il peut s’acclimater à n’importe qui.

Je ne pense pas que la solution soit Artturi Lehkonen, déjà essayé, Armia, dont il faudra évaluer la gravité de sa blessure, Charles Hudon ou Brendan Gallagher.

Hudon a eu une courte période d’essais et, bien que je pensais qu’il pouvait peut-être décrocher cette place, il n’a pas été en mesure d’en profiter, alors qu’il ne les suivait pas toujours lors de certaines phases de jeu. Gallagher alors? Non plus, car il ne cadre pas non plus avec leur façon de jouer. De toute façon, il fonctionne très bien avec Danault et Tomas Tatar alors pourquoi défaire une unité qui connaît du succès pour tenter d’en réparer une autre?

Il faut donc se demander à l'externe qui serait le meilleur joueur pour compléter Drouin et Domi et, à mon avis, la meilleure solution passerait par une transaction avec les Maple Leafs de Toronto afin d’obtenir les services de William Nylander, qui ne joue pas en ce moment.

Le Trio - Un calendrier éreintant attend le CH

Les Leafs ont de la difficulté à s’entendre avec lui sur le plan contractuel et ils auront des décisions à prendre avec les signatures éventuelles d’Auston Matthews et Mitch Marner qui vont s’ajouter au contrat de John Tavares. Je crois que le Canadien peut penser à une transaction, mais elle serait très difficile à compléter.

Le Tricolore a certains éléments qui peuvent intéresser les Leafs. Marc Bergevin doit alors se demander s’il est prêt à sacrifier une position par rapport à une autre. C’est ce même raisonnement qui a mené à la transaction Seth Jones et Ryan Johansen. Si jamais le Tricolore pouvait mettre la main sur Nylander, Claude Julien aurait alors sous la main trois jeunes joueurs qui peuvent marquer et patiner. Ils formeraient le premier trio de l’équipe pour de nombreuses saisons, mais il faut savoir ce qu’on serait prêt à sacrifier dans une telle situation. C’est comme ça que fonctionnent les transactions.

Revoir les ingrédients en avantage numérique

Parmi les autres combinaisons à revoir chez le Canadien, je retravaillerais quelque peu les unités d’avantage numérique. Le Canadien a connu peu de succès dans cette facette de jeu avec seulement deux buts en 20 occasions lors de ses cinq derniers matchs.

Le CH a été battu à son propre jeu

Je ne pense pas que le Tricolore ait les munitions pour déployer un avantage numérique avec quatre attaquants et un seul défenseur sur une vague. Les attaquants n’ont pas les tirs foudroyants pour déjouer les gardiens de la pointe. Ils ont une bonne vision et ont l’instinct pour marquer, mais de l’enclave ou encore en courte périphérie.

De plus, Jeff Petry est un joueur inconstant sur le plan offensif. Une soirée tout peut fonctionner, mais il peut s’effacer le lendemain. Il connaît quelques ennuis avec la précision de son tir, donc l’entraîneur adverse dans son plan de match concentre ses énergies à enlever les options aux attaquants dans le bas de la zone. Les joueurs à la pointe disposent de plus de temps, mais ils n’ont pas nécessairement les outils pour faire mal à l’équipe adverse avec seulement leur lancer. Les équipes adverses ont apporté ces ajustements, donc comme réplique, je mettrais deux défenseurs à la ligne bleue.

Je ferais jouer Mike Reilly avec Petry ou Mete si vous préférez. Je sais qu’ils ne sont pas meilleurs que Drouin sur le plan offensif, mais au moins, lorsqu’un surnombre est accordé, tu aimes mieux avoir un défenseur dans cette occasion plutôt que d’avoir un attaquant qui n’est pas à sa position naturelle.

 *Propos recueillis par Maxime Tousignant