Le Canadien avait trois mandats à relever à Edmonton dimanche :

Il devait reprendre « son » premier rang échappé aux mains des Sénateurs d’Ottawa qui continuent de surprendre tout en haut du classement de la division Atlantique.

Pour maximiser ses chances de victoire, il se devait de prendre les moyens pour contenir les poussées de Connor McDavid qui est en tête du classement des marqueurs de la LNH.

Il se devait aussi de marquer. Ce qu’il n’avait pas fait jeudi à Calgary, ce qu’il n’avait pas fait depuis près de quatre périodes face aux Oilers.

Parce qu’il a relevé ces trois défis, voilà le Canadien de retour au premier rang de la division.

Oui! Les Sénateurs d’Ottawa qui ont maintenant deux points de reculs ont deux matchs en mains sur le Tricolore. Un recul et des matchs en mains qui perdront de leur signification en fin de semaine prochaine alors que les deux équipes se coliseront samedi (à Ottawa) et dimanche (à Montréal) avant de se croiser une fois de plus le samedi suivant au Centre Bell. Mais quand on regarde les calendriers du Canadien et des Sénateurs d’ici la fin de la saison, il semble évident que celui du Tricolore est plus favorable que celui de ses voisins de la capitale.

On y reviendra.

Disettes stoppées

Après un très mauvais match à Calgary, match au cours duquel le Canadien a été blanchi pour une septième fois de la saison – l’Avalanche du Colorado domine avec 11, devant Detroit, Vancouver et Los Angeles avec 8, et les Devils sont à égalité avec le Canadien – le Canadien y est allé de quatre buts.

Quatre buts tardifs, c’est vrai. Quatre buts, dont deux dans un filet désert et un autre à la suite d’une déviation chanceuse, c’est vrai aussi. Mais quatre buts quand même.

Blanchi en première et deuxième périodes, le Canadien jouait tout de même du bon hockey. Guidé par Brendan Gallagher qui affichait – enfin! – l’énergie qui faisait défaut depuis son retour au jeu après la fracture à la main gauche qui l’a cloué à la liste des blessés plus tôt cette saison, le Canadien dominait les Oilers. Mais les buts ne venaient pas. Pas tant parce que Cam Talbot était solide devant son but. Mais bien parce que le Canadien multipliait les occasions bousillées quelques fois bêtement. Des occasions gaspillées trop de fois.

C’est grâce au travail combiné de Gallagher et de Phillip Danault – Claude Julien l’a muté au sein du deuxième trio pour replacer Galchenyuk entre Pacioretty et Radulov – dans le coin de la patinoire, que Paul Byron a hérité de la rondelle dans l’enclave pour niveler les chances alors qu’il ne restait qu’un peu plus de six minutes à faire au match.

Byron avec son 17e de la saison a mis un terme à une séquence de 113 :33 sans but dans le voyage actuel, et une séquence de 128 :34 sans but aux dépens des Oilers.

Ce filet a changé le cours du match.

Car 71 secondes plus tard, Max Pacioretty a joué de chance lorsque la rondelle qu’il venait de tirer d’un angle fermé a frappé le manche du bâton du défenseur Oscar Klefbom qui a miné toute chance d’arrêt de la part de son gardien.

Avec son 32e, le capitaine a mis fin à une disette de cinq matchs.

Deux autres buts de Pacioretty et Byron – il est rendu à 18 cette saison – les deux marqués dans un filet désert ont donné l’impression que la victoire du Canadien a été bien plus décisive qu’elle ne l’a été. Ou qu’elle aurait pu l’être. Car dans les faits, c’est bien le Canadien qui a obtenu le plus d’occasions de marquer.

Le retour de l’Effet Gallagher

Le retour au jeu d’Alexander Radulov a certainement ravivé la confiance de ses coéquipiers. Mais on ne peut pas dire que le vétéran a vraiment changé le cours de la rencontre.

Il n’a pas été mauvais. Loin de là. Mais le joueur le plus utile du Canadien en attaque hier c’est Brendan Gallagher qui l’a été.

Gallagher a bataillé autour du filet, on l’a vu se faire frapper à gauche, à droite, au visage, dans le dos, partout. Et quand on voit Gallagher se faire bardasser ainsi, c’est parce qu’il fait bien son travail. C’est parce qu’il dérange le gardien adverse, c’est parce qu’il dérange tout court.

Gallagher n’a pas les mains pour gagner un trophée Maurice Richard. Et il ne les aura jamais. Mais il a le cœur pour dicter l’allure de la performance de ses coéquipiers. Pour dicter l’allure des matchs. Il l’a fait hier. Enfin. Et ses efforts ont été récompensés par la victoire importante du Canadien, une victoire qui pourrait devenir cruciale quand on analysera la fin de la saison du Tricolore. Ils ont aussi été récompensés par la deuxième étoile offerte les collègues d’Edmonton.

Dans l’ombre de Gallagher, Galchenyuk a malgré tout récolté une passe. Il a encore besoin de polir plusieurs aspects de son jeu, mais il affiche quand même une impressionnante récolte de 3 buts et 10 points en 11 matchs disputés sous la gouverne de Claude Julien.

Weber et Price

Parce qu’on parle souvent, des fois trop, du côté spectaculaire de l’attaque au détriment de la défensive, les performances de Carey Price et de Shea Weber viennent un brin tard dans ce texte.

Deux brins même.

Car s’il est vrai que Price (1 but accordé sur 25 tirs) a été moins occupé que son vis-à-vis Cam Talbot (2 buts accordés sur 39 tirs), il est évident que c’est Price qui a malgré tout été le meilleur des deux.

En se dressant comme il l’a fait à quelques reprises, surtout en début de troisième période alors qu’il a volé un but à Leon Draisaitl pour garder le Canadien avec un seul but de recul, Price a gardé les espoirs de remontée de son équipe.

Là encore, les collègues d’Edmonton ont vu juste en lui décernant la première étoile.

Mais il serait injuste de passer sous silence le travail du Canadien dans sa quête de museler Connor McDavid.

Malgré le fait que les Oilers profitaient du dernier changement, McDavid a été tenu en échec dimanche soir. Ce n’est pas rien.

Andreï Markov a été pris à contrepied au premier tiers offrant une voie toute grande au dauphin de Sidney Crosby de se rendre jusqu’à Carey Price. Mais Price a gagné le duel.

Outre cette bévue, le Canadien a contenu McDavid, sa vitesse et son immense talent. Il faut le faire. Pour y arriver, le Canadien a eu besoin d’une préoccupation collective de tous les instants lorsque le surdoué était sur la glace. Mais Shea Weber a une fois encore brillé en gagnant son duel défensif. En 29 présences totalisant 26 :17 de temps d’utilisation – dont 3:42 en compagnie de Jordie Benn avec qui il a écoulé les désavantages numériques de son équipe, Weber a été parfait. Ou presque. Oui il s’est rendu coupable d’un revirement, mais il a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de plus-2. Tout ça sans tambour ni trompette. Tout ça en se contentant d’être efficace.

Parce que sa production offensive a baissé un brin, parce qu’il s’est peut-être moins imposé physiquement le long des bandes qu’on s’y attendait, plusieurs amateurs du Canadien – et sans doute aussi et surtout grands fans de P.K. Subban, ce qui n’est pas un défaut – minimisent les performances de Weber depuis quelques semaines, voire depuis les Fêtes.

Ces doléances sont non seulement sévères, mais elles sont nettement exagérées, car trop souvent elles ne tiennent pas compte des performances solides et répétées de Weber lorsque vient le temps de remporter des duels défensifs contre les meilleurs joueurs des autres équipes.

Weber n’a pas muselé McDavid à lui seul. Mais il a été le phare qui a guidé le reste de l’équipe dans cette quête qui a joué un rôle de premier plan dans la victoire.

Mais il fallait aussi marquer. Il fallait le faire au moins deux fois après qu’Alexei Emelin, encore lui, se soit rendu coupable d’un cafouillage qui a ouvert la porte à Milan Lucic, le seul marqueur des Oilers dimanche soir.

Longtemps, on a cru que ce but serait suffisant pour donner la victoire aux Oilers. L’éveil tardif d’une attaque qui avait grandement besoin de se réveiller a changé la donne. Et soudainement, les critiques qui fustigeaient le Tricolore pour son manque d’attaque ont été remplacés par des odes à la joie.

C’est bien pour dire...

Calendriers diamétralement opposés

De retour au premier rang, le Canadien réussira-t-il à garder les Sénateurs derrière lui?

Difficile à dire. Car les Sénateurs sont sur une belle lancée de six victoires de suite et de 12 gains à ses 16 derniers matchs.

Erik Karlsson avec ses cinq buts et 18 points lors de cette séquence de 16 matchs sonne la charge. Alex Burrows, avec ses quatre buts et six points en six matchs depuis son acquisition est lui aussi en feu. Et il jouera certainement un rôle de premier plan dans les trois duels (en huit jours) qui opposeraient les Habs et les Sens.

Sauf que : pendant que le Canadien amorce une séquence de sept matchs au Centre Bell à ses huit prochaines parties et qu’il jouera à domicile huit fois en 13 matchs d’ici la fin de la saison, le calendrier lui est pas mal favorable.

Non seulement croise-t-il des adversaires moins redoutables – sur papier – que les Sénateurs, mais les Sens qui recevront cette semaine, Tampa, Chicago et Montréal, n’auront ensuite que trois matchs à la maison sur ses 12 derniers. Les Sens seront donc sur la route pour une séquence de cinq matchs de suite et de sept en huit parties.

Ça devrait nuire à Ottawa.

Et tout ce qui nuira à Ottawa aidera bien sûr le Tricolore. S’il tient vraiment à terminer au premier rang de la division Atlantique malgré le fait que cela l’obligerait à croiser, en première ronde, un adversaire bien plus fort que s’il se contentait de terminer deuxième dans sa division.

Ce qui est un non-sens, je sais.

Mais ce qui est malgré tout une bien bête réalité cette année dans la LNH.