Après deux périodes, ce n’était pas beau. Pas beau du tout. En fait, c’était laid. Très laid même. Non seulement le Canadien ne jouait pas bien, mais il était même dominé par un club sans âme et sans aucune chance d’accéder aux séries.

De très laid, c’est devenu affreux lorsque les Devils ont doublé leur avance tôt en troisième.

Le spectre d’un revers inacceptable contre un adversaire de troisième ordre semblait passer de cauchemar à la réalité.

Mais le Canadien s’est réveillé. En fait non, le premier trio s’est réveillé.

Radulov a ravivé les espoirs 11 secondes plus tard.

Et lorsque les Devils se sont offert une avance de deux buts pour la deuxième fois du dernier tiers, Max Pacioretty a marqué. Le capitaine a récidivé en fin de rencontre pour niveler les chances et pousser le match en prolongation.

Et lorsque le Tricolore a obtenu une attaque massive, avec Weber, Pacioretty, Radulov et Galchenyuk sur la glace, on s’est dit qu’il pourrait se sauver avec la victoire.

Eh oui!

En jouant à peine 20 minutes, le Canadien a trouvé une façon de transformer le revers gênant qui les guettait en victoire peu convaincante peut-être, mais victoire quand même, de 4-3 aux dépens des Devils du New Jersey qui sont vraiment mauvais.

Plus encore que le Canadien.

Allons-y avec les bonnes nouvelles, car oui il y en a quelques-unes.

Le Canadien vient de signer une deuxième victoire de suite pour la première fois depuis le 7 janvier.

Max Pacioretty a atteint et fracassé le plateau des 30 buts pour une quatrième saison de suite et la cinquième fois de sa carrière. Il a décoché 11 tirs au cours du match. Il en a cadré huit.

Alexander Radulov a marqué un but et ajouté trois passes.

Shea Weber a racheté une sortie difficile en défense en récoltant deux passes.

Galchenyuk, qui a été muté à l’aile en cours de rencontre, a marqué le but de la victoire.

En relève à Carey Price, Al Montoya a très bien fait avec ses 35 arrêts.

Moins bonnes nouvelles

Malgré la victoire, plusieurs nuages noirs assombrissent le gain.

Le Canadien n’a pas encore gagné en temps réglementaire en février. Je veux bien croire que des victoires sont des victoires, mais quand tu ne gagnes qu’en prolongation ou en tirs de barrage, ça veut dire que tu fais cadeau de points à tes rivaux.

Des trois victoires du Canadien en février, trois sont venues en prolongation, une en tirs de barrage.

Lors de 12 matchs disputés jusqu’ici en février, le Canadien s’est contenté de marquer 20 buts. Ce n’est déjà pas beaucoup.

Pis encore, des 20 buts du Tricolore, 15 sont venus de quatre attaquants seulement. Max Pacioretty en a marqué sept, les Alex Radulov et Galchenyuk en revendiquent trois chacun et Andrew Shaw en a deux.

Une attaque aussi concentrée sur un bien petit noyau dur peut faire la différence contre une équipe poche comme les Devils. Mais j’insiste encore sur ce fait, ce ne sera pas suffisant demain soir, contre Columbus, ce ne sera pas suffisant jeudi, contre P.K. Subban et les Predators jeudi et ce ne devrait pas être assez non plus samedi, au Centre Bell, où les Rangers feront escale.

Benn, c’est bien, mais il faut plus

Parce que l’attaque du Canadien est bien trop vulnérable – les bons clubs peuvent museler le premier trio et, ce faisant, miner les chances de victoire du Tricolore – il faut que Marc Bergevin trouve du renfort.

À l’attaque!

Car en envoyant Greg Pateryn à Dallas en compagnie d’un choix de quatrième ronde pour obtenir Jordie Benn, Marc Bergevin a amélioré son équipe.

Il a stabilisé sa défense.

Mais pour survolter une attaque qui a grandement besoin d’un survoltage, c’est le frère de Jordie, Jamie Benn, que le Canadien aurait préféré acquérir lundi. Mais bon!

Jordie Benn n’est pas une grande vedette. Il est plus défensif qu’offensif. Mais il est solide. Il est fiable. Il est meilleur et plus constant que Pateryn. Je ne crois pas une seconde que Benn sera le 4e défenseur pour le temps d’utilisation comme c’était le cas à Dallas. À mes yeux, il se retrouvera à droite du troisième duo. Il bloquera des tirs, il dégagera le devant du filet, il donnera des mises en échec et il obtiendra pas mal de minutes en désavantage numérique.

Ce qui devrait faciliter les soirées de travail d’Andrei Markov. Du moins un peu. Car si Markov économise des énergies en écoulant moins de minutes en désavantage numérique, il pourra prolonger son séjour à la gauche de Shea Weber au sein du premier duo de défenseurs.

Et Benn n’est pas qu’un joueur de location. À un salaire de 1,1 million $ pour cette année et deux autres saisons, il sera un joueur utile et peu coûteux.

On devrait le voir au sein de la formation dès mardi contre Columbus.

Beaulieu en danger

Mais attention! L’arrivée de Jordie Benn mine peut-être un peu l’avenir de Nathan Beaulieu à Montréal. C’est connu, Beaulieu ne satisfait pas entièrement la direction de l’équipe.

Bien que Benn puisse évoluer à droite – comme il le faisait cette année à Dallas – il est gaucher. Benn et Nesterov pourraient combiner leurs efforts au sein du troisième duo en permettant à Marc Bergevin de bâtir une transaction autour de Nathan Beaulieu. Si une équipe ou deux croient qu’elles pourront faire de Beaulieu le défenseur qu’il n’est pas encore à Montréal.

Je ne vous dis pas que les heures de Beaulieu sont comptées pour autant. Le Canadien ne le donnera pas. Mais avec Jordie Benn au sein de la brigade défensive, le Canadien pourrait accepter de se défaire de Nate qui n’est pas so great!

On verra.

Ottawa et Toronto s’améliorent

Le Canadien s’est amélioré avec Benn. Mais il devra encore s’améliorer. Non seulement pour mousser son attaque, mais aussi, mais surtout, parce que les Maple Leafs de Toronto et les Sénateurs d’Ottawa se sont améliorés hier.

Ottawa a fait l’acquisition d’Alex Burrows.

Le directeur général Pierre Dorion a donné beaucoup en acceptant de donner aux Canucks l’excellent espoir suédois Jonathan Dahlen. À 19 ans, en première division en Suède, il revendique 24 buts, 18 passes (42 points) en 44 matchs.

On ne sait pas ce que deviendra Dahlen dans la LNH. C’est vrai. Et on sait que Burrows aidera la cause des Sénateurs en donnant de l’énergie à un club qui en a déjà pas mal.

Mais en plus de donner Dahlen, les Sénateurs ont donné aussi une généreuse prolongation de contrat de deux ans (2,5 millions $) au vétéran de 35 ans. J’adore Burrows. Autant l’homme que le joueur. Et il a donné beaucoup aux Canucks. Mais pourrait-il honorer ces deux années de contrat? Deux années que Burrows exigeait afin de lever la clause de non-échange figurant à son contrat?

On le souhaite.

Mais si l’avenir est incertain, le présent est meilleur. Et c’est le présent qui compte que les Sénateurs qui sont capables de s’approcher du Canadien sans jamais les rejoindre.

Le gros coup dans la division atlantique, ce sont les Maple Leafs qui l’ont donné lundi avec l’acquisition de Brian Boyle.

Ce gars-là est plus qu’un gros centre de 4e trio. C’est un bon joueur de hockey. Un gars qui remplira toutes sortes de missions sur la glace. Qui s’imposera physiquement. Qui servira de phare à des jeunes qui en auront bien besoin dans le dernier droit de la saison et en séries s’ils y accèdent.

Boyle a 100 matchs d’expérience en séries. Depuis la saison 2011, il est le joueur comptant le plus de matchs de séries à sa fiche. Ce n’est pas rien.

Le Canadien et les Sénateurs se sont améliorés avec Jordie Benn et Alex Burrows. Mais les Leafs se sont améliorés davantage avec Boyle.

Mais attention, en larguant les contrats de Boyle et de Ben Bishop (échangé aux Kings de Los Angeles) le Lightning de Tampa Bay s’est très bien tiré d’affaire avec les acquisitions de Peter Budaj qui sera l’adjoint (peut-être) d’Andrei Vasilevsky et du jeune défenseur Erik Cernak à qui on prédit une belle carrière.

Cela dit, le gros coup de la journée de lundi – et peut-être du dernier droit des transactions au grand complet – ce sont les Capitals de Washington qui l’ont donné.

En cédant un choix de première ronde l’été prochain, un choix de deuxième ronde en 2018 et Zach Sanford – un ailier sélectionné en 2e ronde en 2013 – les Capitals de Washington ont mis la main sur le défenseur étoile Kevin Shattenkirk.

Une grosse prise qui renfloue la brigade défensive déjà très solide des Caps. Un renfort obtenu à bon prix puisque Shattenkirk n’a pas coûté beaucoup plus aux Caps que Martin Hanzal – que le Canadien avait à l’œil – a coûté au Wild du Minnesota.

Une plus grosse prise encore considérant que les Penguins de Pittsburgh étaient dans la course Shattenkirk eux aussi.

Considérant que les Penguins et les Caps sont les favoris pour représenter l’Est en finale de la coupe Stanley, le d.-g. Brian MacLellan vient de donner un outil de grande qualité à son coach Barry Trotz et au reste de cette brillante équipe.

On verra ce que ça donnera.

Mais si les Caps étaient déjà forts, ils deviennent très forts et donnent un sens encore plus percutant à leur cri de ralliement de troisième période : « Unleash the Fury! »