Après avoir passé les trois derniers mois à se demander : qui diable peut jouer à la gauche de Shea Weber? Voilà qu’il est nécessaire de se demander : qui diable formera le premier duo à la ligne bleue du Canadien mardi, à Vancouver, vendredi, à Calgary, et samedi à Edmonton?

Et peut-être au lendemain de Noël, voire au lendemain du Jour de l’an si la blessure qui mine le vétéran défenseur depuis un bon moment déjà le confine à l’écart du jeu pour une longue période.

Weber est blessé «autour d’un pied», a indiqué Claude Julien après l’entraînement de son équipe à Vancouver lundi après-midi. Un entraînement que Weber a raté et au cours duquel l’état-major du Tricolore a décidé de renvoyer Weber à Montréal pour être examiné à nouveau par les médecins de l’équipe, subir des traitements et surtout s’offrir du repos. Pour soigner quoi? Une fracture à un os du pied? À un orteil? Une blessure à une cheville?

La nature de la blessure importe peu. Beaucoup moins en fait que la durée de l’absence du pilier de la défensive du Tricolore?

Une durée que personne ne peut vraiment déterminer. Pas même le principal intéressé qui a raté un premier match le 9 novembre dernier avant d’en rater six de suite entre les 21 et 30 novembre.

Weber a disputé quatre rencontres entre ses deux absences. Il vient d’en disputer six de suite. Mais il était évident que le vétéran était incapable d’y aller à fond sur la glace, dans les coins de patinoire et devant le filet pour défendre, voire protéger Carey Price.

Weber n’était pas l’ombre du défenseur qu’il peut être. Qu’il doit être. Mais même à mi-régime, Shea Weber est meilleur que tous ses coéquipiers du Canadien. La décision de le confiner au repos témoigne donc des craintes évidentes que sa condition ne se détériore en le gardant en uniforme. Que sa blessure soit même de nature à mettre sa saison en péril.

Ce qui est très inquiétant.

Car même en jouant sur une jambe, ou à peu près, depuis un bon moment, peut-être même le début de la saison, Shea Weber domine tous les défenseurs du Canadien avec ses six buts (deux en avantage numérique) et 16 points, dont cinq en supériorité numérique. Il domine le club avec 30,62 présences par rencontre en moyenne et une utilisation moyenne de 25 min 20 s par partie. La plus imposante de l’équipe.

Réfléchir ou tirer au sort?

Jordie Benn était le partenaire de travail de Weber depuis quelques rencontres. Un rôle difficile à remplir considérant que Benn est un arrière de troisième duo et non de premier. Maintenant que Weber est sur la touche, il serait surprenant de voir Benn rester en première ligne de la brigade défensive surtout qu’il y serait joint par qui? David Schlemko? Joe Morrow? Jakub Jerabek?

Oubliez Victor Mete. Du moins pour l’instant. Cédé à Équipe Canada junior la semaine dernière, le défenseur-recru disputera le tournoi au cours de la période des Fêtes. C’est du moins la volonté de l’état-major du Tricolore qui ne devrait pas changer d’idée à moins que d’autres défenseurs ne tombent au combat et que Mete fasse l’objet d’un rappel d’urgence.

« Weber ne peut pas jouer toute la saison sur cette blessure »

Le Tricolore amorcera le match de mardi à Vancouver avec les six défenseurs qui ont fait le voyage. Si Marc Bergevin procède à un rappel, c’est à Laval qu’il passera son coup de téléphone et non au camp d’Équipe-Canada junior. Du moins c’est le plan établi en après-midi lundi. Il pourrait aussi mettre de la main sur du renfort quelque part autour de la LNH. Il a les moyens financiers de le faire.

D’ici là, ça donnera quoi mardi?

Claude Julien devrait se tourner vers Karl Alzner et Jeff Petry qui, à défaut d’être de solides défenseurs en mesure d’assumer un rôle de premier plan au sein d’un premier duo, sont les plus expérimentés et sont en mesure de disputer de bons matchs, lorsqu’ils jouent au sommet de leur potentiel. L’ennui, et il est de taille, est qu’ils sont également capables du pire comme du meilleur. De fait, ils ont connu bien plus de mauvaise, voire de très mauvais, matchs que de bons, voire de très bons.

On pourrait voir Jordie Benn et David Schlemko derrière et Joe Morrow et Jakub Jerabek fermer la marche.

Mais bien honnêtement, on pourrait analyser toutes les combinaisons possibles avec toute la clairvoyance et les connaissances amassées aux quatre coins de la LNH, elles ne seraient pas nécessairement meilleures que si on plaçait les six noms dans un chapeau et qu’on tirait au sort la composition des trois duos.

Et ce n’est pas vraiment drôle.

Ne remplace pas Shea Weber qui veut. C’est clair. Surtout au sein du vestiaire du Canadien alors que la brigade défensive est au mieux suspecte derrière le vétéran de 32 ans.

Ce qui pourrait (devrait) aider le Canadien et les deux arrières appelés à tenter de combler l’énorme brèche associée à la mise au repos de Weber, la troupe de Claude Julien croisera à Vancouver, Calgary et Edmonton, trois équipes qui ne sont pas des séries.

Vrai que les Flames ont battu le Canadien et qu’il s’est fait rosser par les Oilers lors de leurs escales à Montréal la semaine dernière. Vrai aussi que le Canadien affiche une fiche désolante de 3-11-2 contre des clubs de l’Association Ouest jusqu’ici cette année. Mais Vancouver, Calgary et Edmonton ne sont pas des puissances dans la LNH.

Réveiller l’attaque

Le Canadien a signé quatre victoires lors des sept matchs ratés par Shea Weber cette saison. Ce qui est bien. Ce qui devrait même être de nature à mousser un brin d’optimisme auprès des fans du Tricolore.

Mais attention : sans Weber, le Canadien a battu qui? Buffalo et Detroit – lors du premier des deux matchs consécutifs – et Ottawa qui était en plein marasme sur et hors de la patinoire.

Le Canadien s’est fait blanchir 3-0 par Minnesota, 3-1 par Dallas et a perdu 3-2 en tirs de barrage par les Predators à Nashville.

Les Blue Jackets de Columbus sont le seul «vrai» club contre qui le Canadien a gagné sans la pierre d’assise à la ligne bleue.

Il faudra donc des performances aussi solides que celle offerte par Carey Price, samedi, à Ottawa, pour maximiser les chances du Canadien lors de ces trois parties. Et des autres qui suivront…

Mais comme ce fut le cas samedi contre les Sénateurs, Price ne pourra gagner à lui seul. Il aura besoin de l’appui de son attaque. Une attaque qui est en panne sèche encore cette année à Montréal.

Histoire de secouer une attaque qui en a bien besoin, Claude Julien a jonglé un brin avec ses deux premiers trios à Vancouver.

Il est clair qu’un remue-ménage s’imposait.

Ce qui est plus difficile à comprendre, c’est qu’on reverra Pacioretty avec Drouin et Galchenyuk avec Danault. Si le passé est garant du futur, ces duos peineront à produire, car l’absence de complicité a bien davantage marqué les premières expériences avec ces deux duos que les résultats probants.

Mais comme Claude Julien l’a indiqué après l’entraînement à Vancouver, les ennuis du Canadien à l’attaque sont bien plus associés à un manque de constance et de conviction affiché par les attaquants depuis le début de la saison que par la composition des trios.

Peut-être alors que Paul Byron (avec Pacioretty et Drouin) et Andrew Shaw (avec Galchenyuk et Danault) sauront changer la donne en insuffler de la constance et de la conviction au sein des deux premiers trios.

Peut-être.