Après deux mois plus que misérables du Canadien, particulièrement à l’attaque, l’équipe accepterait volontiers de bénéficier d’un peu plus de chance au retour du congé.

C’est pourquoi un tir de P.K. Subban en provenance de la zone neutre qui s’est faufilé derrière le gardien des Blue Jackets de Columbus, lundi dernier, a fourni aux partisans du club, pendant quelques instants, l’espoir que le vent était peut-être sur le point de tourner. On connaît le reste de l’histoire : les Jackets ont marqué les trois buts suivants pour l’emporter 5-2, avant de triompher par le même pointage le lendemain au Centre Bell.

L’un des symptômes les plus évidents de la descente aux enfers du Tricolore est indéniablement son incapacité à trouver le fond du filet, particulièrement son pourcentage d’efficacité sur les tirs au but à forces égales, le plus bas de la LNH depuis le 1er décembre.

Au cours des 18 premiers matchs, le CH comptait 39 points au classement, ainsi qu’un pourcentage de réussite de 8,4 % à cinq contre cinq. Depuis, les Montréalais n’ont obtenu que six gains en 25 matchs, en plus de voir leur efficacité à forces égales chuter de 3,1 %, pour s’établir à 5,3 %.

Les graphiques suivants démontrent la régression observée à cet égard, par segments de cinq rencontres. Les traits bleus représentent la moyenne obtenue au cours des 25 premiers matchs, puis lors des 25 plus récents. Le trait vert sert d’indication quant à la moyenne des équipes à cinq contre cinq jusqu’à présent cette saison.

Tableau

Durant les 25 premières parties, le Canadien a maintenu son efficacité à forces égales au-delà de la barre des 7 % lors de quatre des cinq segments. La seule tranche (du 16e au 20e match) où son pourcentage a été inférieur à 7 % a été lors de sa première période d’absence de Carey Price. Pourtant, l’identité du gardien ne devrait pas avoir d’incidence sur l’habileté des attaquants à faire bouger les cordages.

Puis, lors des 25 plus récents matchs, le CH n’a dépassé les 6 % d’efficacité qu’une seule fois en cinq segments. En fait, il y a même eu une séquence (du 31e au 35e match) où les hommes de Michel Therrien ont connu une efficacité minuscule de 3 %. On serait tenté de croire que cela se serait produit durant un éreintant voyage dans l’Ouest. Et pourtant, ces cinq matchs ont été disputés dans le confort du Centre Bell.

Le prochain tableau dresse une comparaison entre la régression connue dans l’efficacité des lancers au but chez le Canadien et celle du reste des formations de la LNH.

Il permet de mettre en relief l'aspect inhabituel d'une diminution aussi drastique que celle connue par les Montréalais (3,1 %) depuis la fin du mois de novembre.

Tableau

Les équipes ayant amorcé le calendrier avec une excellente efficacité se retrouvent au haut du tableau, et celles qui ont connu des ratés depuis le mois de décembre – comme c’est le cas du Canadien – se retrouvent du côté gauche.

Les clubs qui ont démontré la plus grande régularité se rapprochent du trait bleu. Ceux qui ont connu une amélioration de leur efficacité se situent sous le trait bleu, tandis que ceux qui se retrouvent au-dessus ont vu leur efficacité diminuer.

On peut voir qu’aucune équipe du circuit Bettman n’a connu un pourcentage de réussite aussi bas que celui du Canadien depuis le 1er décembre. La ligne en pointillé sert à mettre en évidence cette chute drastique. Un point jaune figure au-dessus du pointillé, ce qui signifie qu’une seule formation (le Wild du Minnesota) a connu une diminution plus drastique que le Tricolore dans son taux de réussite à forces égales durant la même période.

Cette analyse statistique permet de se poser la question suivante : cette panne généralisée est-elle le résultat d’une mauvaise utilisation des habiletés, d’une mauvaise stratégie ou simplement de la malchance?

Étrangement, le CH a tout de même vu son pourcentage de mises en jeu en zone offensive à cinq contre cinq augmenter depuis le 1er décembre. Sa moyenne se chiffrait à 47,7 % durant la première tranche de 25 matchs. Depuis, il a affiché un pourcentage de 53,8 %. Cette nette différence tend à montrer que le Canadien réussit à entrer en territoire offensif et à générer de la pression sur ses rivaux.

Afin d’augmenter leur taux de réussite, les joueurs doivent tirer à partir des zones considérées comme dangereuses. Cela pourrait-il vouloir dire que les joueurs du Canadien décochent leurs lancers à partir de la pointe, de la bande ou même de la zone neutre trop fréquemment? Eh bien, il semblerait que cette hypothèse ne puisse pas être retenue. En fait, depuis le 1er décembre, le CH a augmenté de deux par tranche de 60 minutes son nombre d’occasions de marquer « dangereuses ».

Les chiffres indiquent que le Tricolore se place dans des situations pour obtenir du succès offensif, même si celui-ci ne vient pas. Ainsi, un retour du balancier après la pause du Match des étoiles dépendra de la capacité des joueurs à tirer avantage de leur talent, et disons-le, du nombre de bonds favorables qu’ils obtiendront.

Les 32 derniers matchs du calendrier régulier devront être disputés sous le signe de la discipline et de l’exécution, comme le Canadien nous en a habitués en début d’année, s’il veut se donner la moindre chance de regagner le portrait des séries éliminatoires. Quelqu’un doit leur rappeler que la chance à elle-même ne les ramènera pas dans une position favorable au classement.

Le tir de Subban qui a accidentellement heurté Max Pacioretty en pleine figure mardi dernier est en quelque sorte une métaphore des deux derniers mois dans l’entourage de l’équipe, qui s’est battue elle-même soir après soir avec son incapacité à marquer.

Maintenant, ces deux revers encaissés aux mains des Jackets peuvent-ils s’avérer la claque au visage dont ils avaient désespérement besoin?

La réponse en revenant du congé.