McCarron changera-t-il d’adresse?
Canadiens jeudi, 23 févr. 2017. 08:08 samedi, 14 déc. 2024. 07:57Alors que la date limite des transactions approche à grands pas, les rumeurs d’échange se multiplient et les gérants d’estrade se prêtent à cœur joie à l’exercice. Chez le Tricolore, l’un des noms revenant le plus souvent au milieu des discussions est celui de Michael McCarron. N’affichant pas le même potentiel que Sergachev ou Juulsen, il semble assez attrayant pour intriguer une formation en reconstruction et le Canadien pourrait s’en départir sans s’affaiblir véritablement à court ou même moyen terme. Cette logique explique tout l’engouement autour du nom de McCarron, mais cela ne veut pas nécessairement dire que le CH doit ou va l’envoyer sous d’autres cieux d’ici le 1er mars.
Avant de penser échanger ce colosse, il est nécessaire de bien évaluer son talent et son potentiel afin de déterminer si le jeu en vaut la chandelle.
Au moment de sa sélection au repêchage de 2013, Michael McCarron était comparé à Milan Lucic. La réalité est que le numéro 34 du Canadien ne sera fort probablement pas un joueur de ce calibre. Il ne possède pas cette touche offensive, n’ayant d’ailleurs inscrit qu’un seul but et récolté que 5 points en 20 parties cette saison. McCarron demeure un spécimen rare : un joueur de centre format géant fiable défensivement. Même que le nouvel entraîneur-chef de la Sainte-Flanelle, Claude Julien, a déjà mentionné qu’il voyait un grand futur pour McCarron, ce qui n’est pas peu dire.
Le premier élément qui saute aux yeux au moment d’évaluer McCarron, c’est sa charpente. À 6 pieds et 6 pouces, pesant 231 livres, il est plus qu’imposant sur la glace et il n’hésite pas à utiliser sa force physique à bon escient. Il est d’ailleurs l’attaquant distribuant le plus de mises en échec permettant de soutirer la rondelle à l’adversaire proportionnellement à son temps d’utilisation à forces égales. De même, il n’a pas peur de jeter les gants pour défendre ses coéquipiers ou pour créer une étincelle, lui qui s’est déjà battu à quatre reprises cette saison. C’est également en remportant ses batailles dans les coins de patinoire qu’il parvient à récupérer un nombre intéressant de rondelles libres en zone offensive.
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Il ne faut pas prendre à la légère la dimension physique qu’apporte McCarron au sein du collectif du Canadien. Le Tricolore est loin d’être une formation intimidante physiquement et aucun autre de ses attaquants ne présente les qualités physiques de McCarron. Il est le style de joueur qui donne confiance en ses coéquipiers, ceux-ci sentant protégés à ses côtés. Ses adversaires doivent également lever la tête lorsqu’il est sur la patinoire, car il est capable d’appliquer une bonne mise en échec.
McCarron n’est pas uniquement qu’un joueur imposant physiquement, il est également fiable dans son territoire défensif, qualité qui devrait lui permettre de connaître une belle carrière dans la LNH.
En zone défensive, McCarron lit généralement bien le jeu et se replie rapidement pour venir en aide à ses défenseurs, ce qui lui permet d’être bien positionné pour bloquer un tir ou pour récupérer une rondelle libre. Même qu’à ce chapitre, il est l’avant du Tricolore récupérant le plus grand nombre de rondelles libres en zone défensive proportionnellement à son temps d’utilisation à égalité numérique, ce qui est tout à son honneur. Il est aussi le quatrième attaquant du Canadien réalisant le plus grand nombre de jeux défensifs dans sa propre zone, n’étant devancé que par des joueurs étant réputés pour leur jeu défensif (Mitchell, Danault et Plekanec). Le simple fait que le jeu défensif de McCarron soit comparable à celui de ces joueurs est en soi impressionnant.
Avant de vouloir expédier McCarron aux quatre coins de la LNH, il faut respirer par le nez. Les joueurs format géant, physiques et fiables défensivement ne courent pas les rues. Ce n’est pas sans raison que la demande est forte pour un joueur de location du même profil, Martin Hanzal. Certes, McCarron ne sera pas un joueur étoile, mais il sera assurément un joueur utile pour de nombreuses années. Par conséquent, s’il est échangé, le retour doit être intéressant.
Il demeure que le jeu de McCarron présente deux lacunes : son coup de patin et son jeu offensif.
Il est monnaie courante que les joueurs de grand gabarit ne soient pas d’excellents patineurs, mais il faut souligner que le coup de patin de McCarron s’est grandement amélioré comparativement à la campagne précédente, ce qui est encourageant. Hélas, son jeu de pied n’a pas encore de quoi faire écarquiller les yeux des dépisteurs des autres formations du circuit Bettman.
Malheureusement, cela fait en sorte que McCarron est souvent en retard sur le jeu lors des transitions offensives, surtout que le Canadien est une équipe rapide. Il en résulte qu’il est le joueur réalisant le moins d’actions en zone médiane et qu’il n’orchestre que très peu d’entrées de zone, ce qui est assez inhabituel pour un joueur aspirant à évoluer au centre.
Comme il n’est pas impliqué dans le jeu lors des surnombres, il ne profite pas des meilleures chances de marquer, ce qui nuit grandement à sa production offensive. De même lorsqu’il est en zone adverse, il joue surtout le long des rampes, endroit où il excelle pour remporter ses batailles à un contre un, mais d’où il est difficile de battre les gardiens. Cela fait en sorte qu’il est le joueur du Canadien décochant la plus faible proportion de tirs depuis l’enclave, soit 29,8%.
En effet, les gardiens sont si bons aujourd’hui, que seuls les tirs décochés depuis l’enclave permettent véritablement de les déjouer. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que 76% des buts inscrits dans la LNH le sont depuis l’enclave. Or, comme McCarron est plus souvent positionné le long des rampes que devant le filet adverse, il est normal qu’il n’arrive pas à tromper les cerbères adverses.
Pourtant, avec son gabarit, McCarron pourrait faire des ravages en se plaçant devant le filet adverse. Les défenseurs en auraient plein les mains à essayer de le bousculer. Il voilerait aussi la vue des gardiens adverses et pourrait profiter de sa longue portée pour récupérer les retours et faire dévier les tirs.
Personnellement, je crois que c’est une modification qui devrait être apportée, tôt ou tard, au jeu de McCarron pour qu’il noircisse avec plus de régularité la feuille de pointage, bien que je comprenne pourquoi il est plutôt utilisé le long des rampes.
En définitive, McCarron a tous les atouts pour connaître une bonne carrière dans la LNH, ce qui me laisse pantois quant à savoir pourquoi tant de gérants d’estrade tiennent mordicus à l’échanger. Certes, si un échange attrayant incluant la personne de McCarron se présentait à Marc Bergevin, il pourrait changer d’adresse. Si Gretzky fut échangé, personne n’est à l’abri de subir le même sort. Cependant, pour que Bergevin accepte que McCarron quitte Montréal, le retour devra être très alléchant.