Steve Bégin : se tenir debout!
Canadiens vendredi, 22 nov. 2019. 13:31 jeudi, 12 déc. 2024. 00:49Quand Steve Bégin et Luc Gélinas m’ont approché pour participer à la rédaction d’un livre retraçant le parcours incroyable de cet improbable joueur de hockey, j’ai été à la fois heureux et honoré. Je connais Steve depuis des années et je n’ai jamais été surpris que les fans du CH l’adoptent avec tant de chaleur. Il possède d’incroyables qualités humaines et est doté d’un cœur immense qui lui a valu le respect des connaisseurs québécois qui savent parfaitement que le talent n’est pas toujours suffisant pour réussir.
Son histoire n’est pas celle d’un joueur extrêmement doué qui réussit facilement tout ce qu’il veut sur une patinoire. C’est plutôt celle d’un jeune, élevé à la dure, qui rencontre d’énormes embûches sur son chemin. Sa force de caractère lui permet de toutes les surmonter. Il puise son énergie dans son enfance, dans les enseignements de son père, dans la violence qui animait le quartier où il a grandi, mais surtout dans les équipes dont il est membre et qui passent toujours avant lui comme individu.
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Comme je l’écris dans le bouquin, j’ai eu, au cours de ma carrière, à travailler avec les militaires américains de la Navy Seal. Sur tous les jeunes qui tentent le coup, très peu réussissent à passer à travers l’entraînement rigoureux qui leur permet d’intégrer l’unité. Un des entraîneurs me révélait qu’il préférait souvent les jeunes qui ont appris très tôt à se débrouiller seul dans la vie; ceux qui avaient connu des milieux difficiles; ceux qui connaissaient les lois de la rue. Pour cet enseignant, ces jeunes qui ont goûté à la misère n’abandonnent jamais facilement quand ils décident d’un objectif. Ce sont eux qui deviennent les meilleurs de la Navy Seal.
J’ai toujours cru que Steve Bégin aurait su puiser en lui la force pour intégrer un groupe militaire aussi sélect et prestigieux. Il avait les habiletés physiques, mais probablement pas le talent des plus grands comme Lemieux, Lafleur ou Gretzky. Il l’avoue lui-même en toute humilité.
Steve a cependant cette volonté de fer qui l’oblige à respecter les promesses qu’il se fait. Il avait décidé d’accéder à la LNH : il y est parvenu. Malgré les doutes, malgré les problèmes, malgré la douleur qui l’a handicapée presque toute sa carrière, malgré les défis qu’on lui imposait — comme d’affronter aux poings les plus costauds des clubs adverses —, malgré tout ça, il a connu une belle carrière.
À sa retraite, il s’est promis de terminer son 5esecondaire qu’il n’avait jamais complété. Il y est parvenu dans une démarche qui nécessitait humilité et courage.
Ne croyez pas qu’il n’ait jamais eu peur. Il la connait parfaitement depuis toujours. Il l’a côtoyé dans le quartier où il a été élevé; il l’a rencontré sur la glace en donnant des mises en échec, en affrontant les plus durs de la ligue et en jouant tout en sachant qu’il aurait mal partout. Il a aussi connu la peur quand il a décidé de retourner sur les bancs d’école. L’immense force de Steve Bégin a été de toujours pouvoir contrôler cette peur. Elle lui servait de motivation et non de frein.
Alors oui, Steve Bégin doit être mieux connu. La véritable leçon de ce livre qui relate son histoire se résume en quelques mots : se tenir debout! C’est ce qui fait de lui un modèle.
Pour atteindre son rêve, il a dû faire preuve de ténacité, d’entêtement, de volonté et de persévérance.
Voilà qui mérite mon respect.