Malgré une soirée de travail de plus de 35 minutes, P.K. Subban était en verve lorsqu’il a rencontré les journalistes dans le vestiaire du Canadien samedi après la victoire de 2-1 en tirs de barrage aux dépens des Maple Leafs de Toronto.

Avec un sourire pas le moindrement affecté par la fatigue, Subban venait même de compléter une longue entrevue sur une chaîne de télé anglophone. Entrevue au cours de laquelle il s’était plié au jeu de décrire l’une ou l’autre de ses 34 longues, très longues, voire interminables présences sur la patinoire, dont l’une qui s’est prolongée pendant plus de quatre minutes en début de deuxième.

Subban n’a pas seulement parlé après la rencontre. Il a aussi parlé pendant la rencontre. Plusieurs fois au cours du match, on l’a vu échanger des remarques avec son bon ami mais néanmoins adversaires Phil Kessel. Comme s’ils s’affrontaient dans le cadre d’un duel personnel en marge de la rencontre Leafs-Canadien, Subban et Kessel se sont éperonnés à quelques reprises avec des échanges verbaux. On a même vu Subban servir un « Dikembe Mutombo » à Kessel après qu’il eut intercepté, et du revers à part ça, une passe en direction de Kessel à la droite de Carey Price. Une fois l’attaque des Leafs avortée, Subban, qui retraitait au banc en même temps que son adversaire, s’est retourné vers Kessel pour lui faire un signe de non avec l’index levé. Un geste que l’un des meilleurs joueurs défensifs de l’histoire de la NBA – Mutombo est un géant de 7’2’’ qui a auréolé sa carrière en bloquant des tirs – se plaisait à effectuer quand il bloquait la trajectoire des ballons tirés par l’ennemi en direction du panier qu’il défendait.

« Ce jeu m’a fait bien plaisir », a reconnu Subban lorsque je lui ai parlé de ce moment particulier de son vis-à-vis l’opposant à Kessel.

Critiques exagérées et injustifiées

Bien qu’ils se soient escrimés – verbalement – toute la soirée, Kessel et Subban ont eu un échange qui est loin d’être passé inaperçu en fin de rencontre. Après que la prolongation n’eut pas fait de maître. Subban, à bout de souffle, a donné quelques tapes d’encouragement à son ami Kessel qui vit des moments difficiles avec ses Maple Leafs.

Non seulement les Leafs ont perdu leurs 12 derniers matchs sur la route (0-10-2), mais ils n’affichent que quatre victoires (4-20-2) à leurs 26 derniers matchs. Une séquence qui confirme déjà leur exclusion des séries pour une neuvième fois en 10 ans.

Blanchi par Carey Price qui a effectué trois arrêts à ses dépens, Kessel n’affiche que quatre buts à ses 25 derniers matchs. Non seulement est-il en panne offensivement, mais cette disette de buts et de points – 9 passes en 25 rencontres – met en évidence ses lacunes défensives. Une combinaison dangereuse pour cette vedette offensive qui touche un salaire annuel de 8 millions $ dans le cadre d’un contrat de huit saisons totalisant 64 millions $.

Ces passages à vide de Kessel – 21 buts, 47 points, différentiels de moins-19 – et des Maple Leafs placent l’attaquant américain au milieu du champ de tir des amateurs et journalistes qui le lapident de critiques.

Après la victoire de samedi, Subban s’est d’ailleurs permis d’ajouter à ses gestes d’encouragement remarqués à la fin du match un plaidoyer pour venir en aide à son copain.

« Je lis et j’entends les critiques qui défilent sur le dos de Phil et je trouve qu’elles sont non seulement exagérées, mais aussi injustes », a d’abord mentionné Subban.

« Phil a la cause des Leafs à cœur. Il veut réussir. Il veut connaître du succès autant sur le plan personnel que sur celui de l’équipe. Il veut faire gagner cette équipe et ceux qui prétendent le contraire sont dans l’erreur », a ajouté Subban qui s’entraîne avec Kessel à Toronto durant la période estivale.

« Nous sommes de bons amis. Quand je lui dis de me redonner ma ville quand j’arrive une fois la saison terminée, il réplique que ce n’est plus ma ville. Que ma ville, c’est Montréal, et que la sienne est maintenant Toronto », a lancé en riant Subban.

Depuis la transaction qui l’a fait passer de Boston à Toronto, Kessel, un Américain originaire du Wisconsin, demeure dans la Ville Reine 12 mois par année.

Lorsque les quelques journalistes qui l’entouraient encore ont souligné à Subban que son ami n’aidait pas vraiment sa cause en jouant au chat et à la souris avec les journalistes qu’il accepte de rencontrer très rarement et qu’il se défilait souvent face aux questions pointues en affichant un air bourru, le défenseur du Canadien s’est à nouveau porté à sa défense.

« Est-ce qu’on parle de questions ou d’accusations? Il faut faire la différence. Phil est un bon gars. Un gars aimable, courtois. Il est peut-être plus réservé que moi, mais cela ne veut pas dire qu’il se défile devant les questions. Quand un gars est apostrophé comme Phil l’est quand il vient affronter la presse, vous voulez qu’il réagisse comment? », a lancé Subban en guise de réplique.

Médias moins professionnels

Quand j’ai souligné à Subban que les médias de Montréal étaient souvent qualifiés de « plus durs de la LNH » alors que ceux de Toronto semblaient être plus incisifs encore, surtout en raison des déboires répétés des Leafs au fil des 10 dernières années, le défenseur du Canadien s’est permis de tirer une petite flèche à l’endroit des collègues de Toronto.

« Je joue pour le Canadien et non les Leafs. Je ne suis donc pas au courant de l’ensemble de la situation opposant les médias aux Leafs à Toronto. Mais je peux dire que selon moi, les médias de Montréal, bien que durs et exigeants, sont dans l’ensemble plus professionnels que ceux de Toronto. »

Alors que des rumeurs de transactions touchant Phil Kessel et tous les membres de l’organisation des Leafs soufflent aux quatre coins de la LNH, le directeur général Dave Nonis a donné le coup d’envoi en échangeant le défenseur Cody Franson et l’attaquant de soutien Mike Santorelli aux Predators de Nashville en retour du premier choix des Preds l’été prochain, du vétéran Olli Jokinen et d’un espoir nommé Brendan Leipsic.

Dans l’entourage des Leafs, on se demande si l’état-major de l’équipe n’a pas pris la décision de se défaire de quelques-uns de ses joueurs vedettes dont Phil Kessel et le capitaine et défenseur Dion Phaneuf. Le dernier droit menant à la date limite des transactions (2 mars) nous dictera la suite des choses. Cela dit, les contrats de Kessel, Phaneuf et de plusieurs autres Leafs étant tellement démesurés qu’il semble difficile de les refiler à d’autres formations à ce moment-ci de la saison.

Des changements aussi en profondeur pourraient être plus faciles à effectuer autour du repêchage et au cours de la saison morte.