Lorsque Nikolaj Ehlers a donné les devants à son équipe en début de troisième période et que les Jets ont doublé leur avance deux minutes plus tard pour prendre les devants 4-2, un vilain sentiment de déjà vu a frappé le Canadien en plein front.

 

Ehlers a porté à 16 le nombre de périodes (sur 42) au cours desquelles le Canadien a accordé un but dans les cinq premières minutes du match jusqu’ici cette année.

 

Lorsque Wheeler a déjoué Al Montoya, le capitaine des Jets a marqué le quatrième but de son équipe sur leur 18e tir seulement. Inversement, le Canadien n’affichait que deux buts en dépit ses 37 tirs cadrés sur la cage défendue par Connor Hellebuyck.

On se trouvait une fois encore dans une situation perdante pour le Canadien qui tirait beaucoup oui, mais manquait d’opportunisme alors que les Jets trouvaient, eux, une façon de maximiser leurs occasions de marquer.

 

Imposants, rapides, capables de marquer des buts, les Jets prouvaient de plusieurs façons que leur séquence d’une seule défaite en temps réglementaire (7-1-2) à leurs dix derniers matchs n’était pas le fruit du hasard. Loin de là.

 

Qu’est-ce qui a fait tourner le match? Pourquoi le Canadien a renversé les fâcheuses tendances qui ont expliqué plusieurs des huit revers encaissés jusqu’ici cette saison?

 

Un vilain but.

 

Eh oui, comme l’a fait trop souvent Carey Price cette saison, Connor Hellebuyck a fait cadeau d’un but à Tomas Plekanec. De battu qu’il était avec un déficit de deux buts sur les bras – du moins il le semblait – le Canadien a repris vie après le but de Plekanec. Soudainement, c’est lui qui a repris le contrôle du match et malgré le déficit, on s’est mis à croire en ses chances de revenir de l’arrière, voire de compléter une trop rare remontée victorieuse.

 

Hellebuyck a été aussi généreux que faible sur le but de Plekanec. Mais il est impératif ici de souligner le solide travail effectué en fond de territoire par Paul Byron et Brendan Gallagher. Deux des plus petits joueurs du Tricolore ont mystifié les gros adversaires des Jets pour contrôler la rondelle en zone ennemie et la refiler à Plekanec en maraude dans l’enclave.

 

Le gardien des Jets aurait dû effectuer un arrêt de routine sur le tir du vétéran du Canadien. Le but qu’il a accordé a miné la confiance de son équipe qui n’a plus été la même ensuite tout en ravivant celle du Canadien.

 

Claude Julien, qui faisait alors appel à quatre défenseurs et à trois trios seulement, a maintenu la cadence. Malgré le spectre du match de dimanche à Chicago qui aurait dû lui dicter de ménager sa troupe, Julien y est allé à fond la caisse lorsqu’il a senti qu’au moins un point – peut-être même deux – était soudainement disponible.

 

Et c’est ce qui est arrivé.

 

Cette remontée victorieuse a fait oublier l’absence de Carey Price et a mis, du moins un brin, en veilleuse sa blessure mystérieuse et l’ensemble des rumeurs lancées à gauche et à droite pour tenter d’expliquer son piètre début de saison.

 

Mieux encore, cette remontée victorieuse assure au Canadien de rentrer à Montréal avec au moins quatre points récoltés sur les huit à l’enjeu dans le cadre de son voyage qui se complétera dimanche à Chicago. Avec deux victoires à son actif, le Canadien croisera les Blackhawks – Chicago a battu le Minnesota 2-0 samedi – sans être complètement étouffé par la pression de battre un club plus fort que lui. Bon! Il vaudrait mieux gagner que perdre le deuxième duel de l’année face aux Hawks, mais la catastrophe anticipée lorsque le Canadien a mis le cap sur Ottawa pour amorcer son voyage lundi dernier a été évitée.

 

Mes observations sur la remontée victorieuse de ce soir...

  1. Montoya récompensé
  2. Petry : un gros but qui camoufle de grosses erreurs
  3. Unités spéciales : le verre est à moitié plein ou à moitié vide?
  4. Quand la réputation sauve Weber
  5. Mete gardé au banc

Le chiffre du match 38 : En marquant le but de la victoire en prolongation et en avantage numérique, Max Pacioretty a stoppé à 38 sa série de matchs consécutifs – incluant les six parties de séries éliminatoires face aux Rangers de New York le printemps dernier – sans but marqué en attaque massive. Fort de deux passes récoltées sur les deux buts d’Andrew Shaw plus tôt dans le match, le capitaine a aussi stoppé à 36 sa séquence de matchs consécutifs sans le moindre point en supériorité numérique. Il était temps… En passant, le capitaine a rejoint les légendes Aurèle Joliat et Howie Morenz au premier rang de l’histoire du Canadien avec neuf buts gagnants en prolongation…

 

Montoya récompensé

 

Je ne sais pas si Carey Price est vraiment blessé ou si la direction de l’équipe a profité d’une petite douleur pour lui offrir un congé qu’elle croyait salutaire. Bon! Il est difficile de mettre en doute la version officielle du club, mais il est clair que Price, après le revers difficile encaissé jeudi à St.Paul, ne donnait aucune indication qu’une blessure, aussi mineure soit-elle, l’affectait lorsqu’il s’est présenté devant les journalistes.

 

Sa confiance et son orgueil étaient peut-être mal en point. Sans doute même. Mais si tel était le cas, c’est au haut du corps que Price souffrait. Et non au bas!

 

Anyway!

 

Peu importe que la version soit vraie, fausse ou un heureux mélange des deux, c’est Al Montoya qui s’est retrouvé devant le filet du Canadien et devant un club dangereux. Un club rapide, talentueux, capable de marquer des buts. Beaucoup de buts.

 

Et Montoya a fait le travail.

 

Oui! Le gardien auxiliaire a accordé quatre buts. Quatre buts qui auraient certainement entaché une victoire de Carey Price si le numéro un avait une fois de plus accordé autant de buts. Même sans être responsable de l’un ou l’autre de ces buts.

 

Mais parce que Montoya est l’auxiliaire et qu’en ce moment, le Canadien a bien plus un urgent besoin de victoires que de matchs serrés au cours desquels il limite ses adversaires au minimum de buts, Alvaro devait d’abord et avant tout donner une chance de victoire à son équipe.

 

Il l’a fait.

 

Statistiquement, Montoya a accordé quatre buts sur 23 tirs. Ces chiffres laissent croire que le gardien du Canadien a été éclipsé par son vis-à-vis des Jets qui a réalisé 45 arrêts sur les 50 tirs du Canadien.

 

Mais ce n’est pas tout à fait vrai.

 

Malgré des statistiques qui favorisent Connor Hellebuyck, Montoya n’a pas été moins fort que son vis-à-vis. De fait, il a réalisé autant d’arrêts difficiles et importants sur les 19 qu’il a effectués que Hellebuyck sur les 45 qu’il a réalisés. Autant d’arrêts nécessaires pour garder son équipe dans le match et lui donner une chance de gagner. En prime, Montoya n’a pas fait de cadeau aux Jets.

 

Montoya mérite donc pleinement la victoire qu’il a signée samedi. Et à mes yeux, il mérite tout aussi pleinement de revenir devant la cage du Canadien dimanche à Chicago.

 

Mais bon! La direction du Tricolore n’aime pas soumettre ses gardiens à des séquences de deux matchs en deux soirs.

 

Petry : un gros but qui camoufle de grosses erreurs

 

Quand je vous dis que les statistiques offrent des versions bien différentes de la réalité quand vient le temps d’analyser la qualité d’une performance individuelle dans la LNH, les «chiffres» associés à la performance de Jeff Petry en font la preuve par cent.

 

Non mille!

 

Un coup d’œil sur le sommaire du match vous lancera en plein visage que Petry a disputé un grand match.

 

Oui! Il a marqué le but égalisateur qui a propulsé le match en prolongation.

 

Oui! Petry a cadré six tirs en plus d’en ajouter trois autres qui ont raté la cible (2) ou été bloqué (1).

 

Oui! Il a donné deux mises en échec et bloqué deux rondelles ce qui devrait faire contrepoids aux deux revirements dont il s’est rendu coupable.

 

Mais attention! Toutes ces statistiques ne sont que de la poudre aux yeux. Car dans les faits, Petry a connu une soirée difficile. Non! Très difficile.

 

Il a passé la soirée à jongler avec la rondelle. Il a perdu des batailles. Il a écopé une pénalité coûteuse. Il s’est barré les pieds en repli défensif – son patin gauche a heurté le patin droit de Jordie Benn – pour ouvrir toute grande la porte au but de Blake Wheeler.

 

Contrairement à ce que les statistiques laissent entendre, Petry a mis son club très (trop) souvent dans le pétrin encore samedi. Car on va se le dire, le vétéran défenseur est loin d’offrir du hockey de qualité depuis le début de la saison.

 

On va toutefois accorder au vétéran le mérite de ne pas s’être laissé abattre par les erreurs qu’il a multipliées. On va aussi reconnaître le fait que son gros but a camouflé de grosses erreurs. Mais ce but et des statistiques positives ne peuvent et ne doivent toutefois pas les effacer.

 

Unités spéciales : verre à moitié plein ou à moitié vide?

 

Parlant de statistiques trompeuses : est-ce qu’on doit davantage se réjouir des trois buts marqués en six attaques massives par le Canadien que s’inquiéter du fait qu’il a accordé trois buts aux Jets en trois désavantages numériques?

 

Je n’ai pas la réponse...

 

Contre un club qui souffre d’indiscipline depuis des années, le Canadien a pris les Jets à leur piège. Et ça c’est tant mieux.

 

Il est aussi très encourageant de voir qu’Andrew Shaw soit en mesure d’aller camper devant le filet de l’adversaire pour maximiser les chances de réussite de son équipe à cinq contre quatre.

 

Shaw est utile en avantage numérique.

 

On l’a vu gagner sa part de mises en jeu en zone offensive depuis le début de l’année. Des victoires discrètes, mais ô combien importantes.

 

On l’a vu gagner des batailles le long des bandes et devant le filet pour alimenter ses coéquipiers ou servir d’écran.

 

De fait, on voit très souvent depuis cinq ou six matchs Andrew Shaw multiplier les bons jeux et faire bénéficier de ses efforts ses compagnons de trio Phillip Danault et Max Pacioretty.

 

Normal alors de ses réjouir que tous ses efforts aient été récompensés par deux buts samedi à Winnipeg.

 

On ne peut aussi que se réjouir de l’éveil de Max Pacioretty dont le but gagnant marqué à quatre contre trois en prolongation, apaisera les doléances de ceux, et ils sont nombreux, qui réclamaient que le capitaine soit cloué au banc en avantage numérique en raison de sa léthargie.

 

Tout cela est bien beau.

 

Mais en désavantage numérique, le Canadien doit donner un bien meilleur appui à ses gardiens qu’il ne l’a fait hier. En zone défensive, on a vu des défenseurs perdre des batailles derrière le but. On a vu Phillip Danault oublier de couvrir un joueur dans l’enclave, une erreur qui a coûté un but. On a vu des joueurs qui ne se démènent pas assez pour compliquer le travail de leurs adversaires.

 

Il faudra y voir.

 

Car si le Canadien tient à profiter de l’éveil, bien que tardif, de son attaque massive qui était 29e avant le match de samedi, il doit améliorer son efficacité en désavantage numérique aussi. Car pour le moment, le Tricolore est encore parmi les parents pauvres de la LNH avec une efficacité bien inefficace de 71,4 % en désavantage numérique.

 

C’est très mauvais.

 

Le strict minimum dans la LNH est une efficacité combinée de 105 % en attaque massive et en désavantage numérique. Peut-être même 110 %.

 

Le Canadien est actuellement à 98,6 %

 

Ce n’est vraiment pas assez.

 

Quand la réputation sauve Weber

 

Le Canadien a profité d’une pénalité stupide écopée par Tyler Myers pour compléter sa remontée gagnante en prolongation.

 

Myers méritait sa pénalité. C’est clair. Son double-échec aux dépens d’Alex Galchenyuk était aussi abusif qu’inutile. Galchenyuk ne pouvait faire mal aux Jets le nez dans la baie vitrée dans le coin de la patinoire.

 

Avec un brin plus de jugement ou d’expérience, Myers aurait modéré ses transports. Il aurait incité les arbitres à afficher un peu d’indulgence maintenant que le match était en prolongation.

 

Mais non! Il a forcé la main et le sifflet des officiels qui ne pouvaient tourner les yeux sans risque d’une sévère et méritée réprimande de leurs patrons.

 

Myers aurait dû prendre exemple de Shea Weber.

 

Bon! Myers a encore des croûtes à manger avant de jouir d’une réputation aussi enviable que celle de Weber autour de la LNH. Une réputation qui a sauvé la pierre d’assise du Canadien à la ligne bleue en fin de match samedi.

 

En toute fin de troisième période, Weber a sorti le bâton et les bras dans une séquence qui aurait pu le contraindre à amorcer la prolongation au cachot.

 

Ce qui serait peut-être arrivé à un Andrew Shaw ou un Brendan Gallagher qui, plus belliqueux, n’ont pas la même marge d’erreur avec les arbitres.

 

Une fois en prolongation, Weber a flirté dangereusement avec des obstructions qui n’ont pas été signalées par les arbitres.

 

Pourquoi? Un peu parce que des joueurs avec la réputation d’un Shea Weber profite parfois de préjugés favorables – sans parler de politique du deux poids, deux mesures – mais surtout parce que Weber, contrairement à Myers, a eu la brillante idée d’y aller mollo sur les jeux serrés au lieu d’y aller aussi bêtement que Myers l’a fait aux dépens de Galchenyuk.

 

Mete gardé au banc

 

Victor Mete n’a effectué que 15 présences samedi. Cinq par période. Il a passé moins de 11 minutes sur la patinoire. Sa plus courte soirée de travail cette saison.

 

Il faut dire qu’avec trois revirements et quelques présences au cours desquelles il a été dominé physiquement par les gros gaillards des Jets, Mete n’a pas aidé sa cause.

 

Mete a vu son temps d’utilisation baisser au fil des quatre derniers matchs.

 

Pas lieu de paniquer. Loin de là. Après un début de saison plus qu’intéressant, Mete ne joue plus dans l’indifférence des adversaires du Canadien. On connaît maintenant son nom. On sait maintenant qu’il est capable de tenir son bout dans la LNH et qu’il peut même profiter des largesses qu’on lui offrira.

 

Il en obtient donc beaucoup moins. De fait, il est maintenant dans la mire des équipes qui tentent de profiter de ses 19 ans, de son physique et de son inexpérience.

 

Il est donc tout à fait normal que le Canadien décide d’espacer ses présences pour maximiser ses chances de réussite. Malgré ces présences espacées, Mete a peiné à garder la tête hors de l’eau samedi.

 

C’est normal. Ça fait partie de l’apprentissage. ET c’est justement dans le cadre de matchs plus difficiles comme celui de samedi, qu’on verra si Mete est bel et bien en mesure de maintenir sa place dans la LNH dès cette année.

 

Parlant de temps d’utilisation, Alex Galchenyuk a su profiter de sa présence au sein du premier trio samedi à Winnipeg. Non il n’a pas marqué. Mais il a poussé ses adversaires à écoper deux pénalités à ses dépens.

 

Une preuve qu’il a été impliqué dans le jeu hier.

 

Et bien qu’il n’ait pas marqué, Galchenyuk mérite pleinement de prolonger l’expérience au sein d’un trio offensif. Il ne marquera pas tous les soirs. Mais s’il se démène tous les soirs, sa présence au sein d’un trio offensif donnera de dividendes. Et pas seulement en avantage numérique.

 

Dommage pour Charles Hudon qui écope. Peut-être un peu injuste aussi. J’en conviens. Mais pour le moment, Galchenyuk a bien plus à offrir au Canadien que Charles Hudon. Il est donc normal que Claude Julien mise sur la relance du nébuleux attaquant rempli de talent.

 

On verra ce que tout cela donnera dimanche soir à Chicago.

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