Marc Bergevin a finalement réussi à échanger Jarred Tinordi qui obtiendra un deuxième départ dans la LNH en l’Arizona. Il sera intéressant de voir si le premier choix du Canadien en 2010 saura profiter de cette occasion que lui offrent les Coyotes.

Comment expliquer qu’il a fallu attendre aussi longtemps avant que Marc Bergevin puisse conclure une transaction alors qu’il était clair depuis la fin du dernier camp d’entraînement que le Canadien avait fait une croix sur Tinordi? Parce qu’en dépit de sa sélection hâtive, de sa taille impressionnante et des espoirs fondés en lui, Tinordi avait peu, voire pas, de valeur sur le marché des transactions.

C’est pour cette raison qu’après s’être montré gourmand devant ses homologues, Marc Bergevin a finalement dû se «contenter» d’un défenseur de soutien en Victor Bartley. Et qu’il a dû accepter en plus de récupérer le matamore John Scott dont les Coyotes de Phoenix tentaient de se débarrasser depuis un bon moment.

En passant, Bartley et Scott auraient pu être acquis par le biais du ballottage sans même avoir à offrir Tinordi en échange. Ça vous donne une idée de l’envergure de la transaction impliquant le Canadien, les Coyotes et aussi les Predators de Nashville qui ont acquis Stefan Elliot qui est passé par Montréal le temps d’un instant avant d’être redirigé vers la capitale de la musique country.

Ça prend des mains, pas des poings

À moins d’une très grande surprise, John Scott n’endossera jamais l’uniforme du Canadien. N’en déplaise aux amateurs qui aimeraient voir le Canadien profiter de la présence d’un redresseur de torts au sein de leur club – sur ce plan Scott est très solide merci – l’attaquant format géant n’a pas le coup de patin pour suivre les élans du Canadien.

Et ce n’est pas avec les poings de John Scott que le Tricolore trouvera la solution pour mousser sa production offensive. C’est avec les mains talentueuses d’un attaquant qui n’est pas encore dans le vestiaire…

Scott rejoindra donc le club-école du Tricolore et c’est là qu’il poursuivre sa carrière.

Il sera maintenant intéressant de voir si l’état-major le rappellera d’une façon symbolique afin de lui offrir la possibilité de disputer le Match des étoiles dans deux semaines à Nashville. L’ennui pour Scott et la LNH, c’est que les partisans l’ont élu à titre de capitaine du club représentant la division Pacifique et qu’il se retrouve dans la division Atlantique. Par le biais d’un bref communiqué, la LNH a indiqué qu’elle se penchera sur ce cas un brin ou deux loufoque.

Une victoire pour Barberio

Le Canadien se retrouve donc avec Victor Bartley en guise de remplacement de Jarred Tinordi.

Mais attention, le Canadien gagne plus que le défenseur de 27 ans qui compte 112 matchs d’expérience dans la LNH.

Il a créé un peu de marge sous le plafond salarial et il a surtout obtenu une place dans sa formation de 23 joueurs pour Mark Barberio. De fait, le défenseur québécois qui fait belle figure depuis que Michel Therrien l’a inséré au sein de sa formation sort gagnant du jeu de chaise musicale survenu vendredi. Tout comme Tinordi dont les vœux de quitter le Canadien ont finalement été exaucés.

Avec Tinordi que le Canadien refusait de placer au ballottage pour ne pas le perdre sans rien obtenir en retour, Barberio avait un avenir incertain. Une fois rendu à 10 matchs disputés ou 30 jours consécutifs avec le Tricolore, il aurait dû être soumis lui aussi au ballottage avant un éventuel retour dans les mineures. Une chance que le Canadien aurait refusé de prendre au risque de le perdre.

Maintenant que Tinordi est parti, une place se libère au sein du groupe de 23 joueurs et cette place sera maintenant réservée à Barberio. Du moins, c’est ma prétention.

Acquis vendredi, Bartley deviendra le défenseur de soutien qui pourra être rappelé dans la LNH et cédé dans la Ligue américaine selon les besoins du Tricolore. Comme Greg Pateryn. Comme tous les autres défenseurs sans grande envergure que Marc Bergevin a acquis depuis son arrivée à Montréal afin d’assurer une profondeur à la ligue bleue à son organisation.

Bartley rejoindra le Canadien à St.Louis. Jouera-t-il avec le grand club bientôt ? Un jour ? Pour une période prolongée.

Rien n’est moins sûr.

Mais il donne au Canadien plus de flexibilité que le faisait Tinordi. Autant sur la patinoire que sous le plafond salarial. La transaction s’explique d’ailleurs aussi sur le plan financier.

Parce qu’il avait les pieds et les poings liés avec Tinordi – parce qu’il refusait de le placer au ballottage – le Canadien amputait sa masse salariale de 850 000 $ avec un joueur qui jouait peu, voire pas du tout.

En l’échangeant, le Canadien se libère du salaire de Tinordi qui est donc soustrait à sa masse salariale et une fois Bartley avec le club-école, c’est 850 000 $ de marge que Marc Bergevin pourra ainsi s’offrir s’il décide de conclure une autre transaction d’ici la date limite le 29 février prochain. Une transaction qui sera nécessaire si Marc Bergevin veut vraiment donner un coup de main à son club et surtout à son entraîneur-chef Michel Therrien en mettant la main sur un joueur susceptible de vraiment pouvoir relancer l’attaque anémique du Tricolore.

Car John Scott est loin d’être la solution sur ce plan. Et bien que Jacob De La Rose ait prouvé l’an dernier qu’il avait les capacités pour évoluer dans la LNH, il est loin d’être la menace offensive dont le Canadien a grandement besoin pour aider les Pacioretty, Galchenyuk, Gallagher, Plekanec et autres attaquants du Tricolore à faire scintiller une lumière rouge qui ne scintille pas assez souvent… du moins derrière les filets adverses.

Conclusion : en attendant que Marc Bergevin réalise le coup d’éclat que plusieurs partisans de son équipe attendent avec impatience, le directeur général du Canadien a réalisé une transaction mineure qui aide un brin ou deux son équipe et lui permet d’acheter du temps et un peu d’espoir.