On savait tous, les joueurs du Canadien les premiers, que le calendrier au retour de la trêve olympique serait éreintant : sept matchs en 11 soirs. Un voyage sur la côte ouest américaine où les Kings, les Ducks et les Sharks les attendront de pied ferme.

Il était donc primordial d’accumuler le plus de points dès la reprise des activités. Plus facile à dire qu’à faire si l’on considère que le Canadien croisait Detroit, Pittsburgh et Toronto.

Eh bien, il l’a fait. Et bien fait à part ça en récoltant cinq points sur les six qui étaient à l’enjeu. Sans Carey Price en plus. Il faut le faire.

Bon! Ce n’a pas toujours été beau. Ce n’a pas toujours été bon. En relève à son gardien numéro un, Peter Budaj a parfois été bon, parfois moins, il a même parfois été généreux ou pas bon du tout. Ses coéquipiers devant lui n’ont pas disputé trois matchs sans tache et sans reproche.

Mais Budaj et le Canadien ont gagné. Ils ont eu besoin de la prolongation mercredi contre Detroit. Ils ont eu besoin des tirs de barrage le lendemain à Pittsburgh et ont encore eu besoin de la prolongation samedi pour battre les ennemis venus de Toronto 4-3. C’est vrai. Ils ont donc donné des points primes à leurs rivaux aussi. C’est vrai, sauf que le Canadien est revenu de l’arrière contre Pittsburgh et Toronto pour propulser ces matchs en prolongation.

Et peu importe le chemin parcouru, ils ont gagné. Et en fin de compte, c’est tout ce qui compte.

Comme ce fut le cas à Pittsburgh, une attaque massive obtenue en cadeau en fin de match a ouvert la porte au retour du Canadien samedi alors que Phil Kessel a tiré la rondelle dans la foule.

P.K. Subban, qui avait contribué au but égalisateur à Pittsburgh, a marqué le but qui a ramené son club dans le match. C’était son 9e de la saison. Son quatrième en avantage numérique. Son premier en 14 matchs, soit depuis le 16 janvier dernier à Ottawa.

Subban a complété une très bonne soirée de travail : quatre tirs cadrés sur les sept tentés, une mise en échec, un tir bloqué et surtout aucun revirement. Tout ça en 26 présences totalisant 26 min 38 s d’utilisation.

Le Canadien a aussi profité d’une pénalité décernée au gardien Jonathan Bernier en prolongation pour l’emporter.

Bernier, après une course gagnée devant Daniel Brière pour atteindre une rondelle libre, a été chassé pour avoir retardé le match.

Sur le coup – je ne connaissais pas la particularité du règlement – je n’ai rien compris de la décision des arbitres. Avec Brière sur le dos, Bernier avait bien le droit de geler la rondelle.

C’était faux!

Selon les règlements de la LNH, un gardien peut geler la rondelle, sans écoper de pénalité, après être sorti de son demi-cercle pour affronter un tir. Mais s’il quitte son filet pour se rendre avant un adversaire à une rondelle libre, il doit jouer cette rondelle comme s’il était un joueur et non l’immobiliser comme Bernier l’a fait.

Je n’étais pas le seul à ignorer cette particularité du règlement. Questionné dans le vestiaire des Leafs après la défaite, Jonathan Bernier a convenu qu’il n’avait pas la moindre idée qu’il avait agi illégalement en gelant la rondelle.

Comme quoi on en apprend tous les jours…

Défensive solide

Autour de P.K. Subban, la majorité des arrières du Canadien ont bien fait, voire très bien fait.

Andrei Markov, avec une vilaine passe effectuée en zone des Leafs alors que son équipe profitait d’une attaque massive, a ouvert la porte au but de James Van Riemsdyk qui nivelait les chances 2-2 dans la rencontre. C’était le 26e du gros attaquant des Leafs qui avait aussi enfilé le premier.

Markov, en bon vétéran, a su effacer ce mauvais jeu en se faisant complice de trois des quatre buts de son équipe. Il affiche maintenant 31 passes. Une de moins que P.K. Subban.

Chez les plombiers, Josh Gorges s’est encore sacrifié pour la cause de son équipe en bloquant cinq tirs. L’un de ces tirs l’a atteint à la main gauche. L’impact a été si puissant qu’il a subi une coupure à la main malgré la protection de son gant.

Douglas Murray s’est aussi imposé. Il a mal paru lorsque Phil Kessel s’est moqué de lui en d’Alexei Emelin en se faufilant jusqu’à Budaj pour donner les devants 3-2 aux Leafs un peu plus de deux minutes après le but égalisateur.

Mais Murray a abattu du gros boulot défensif en dépit de cette erreur.

Et c’est pour cette raison que Jean-Jacques Daigneault ne s’est pas gêné pour l’utiliser à quatre contre quatre en dépit de son manque de vitesse sur patins. Une décision qui m’a donné un peu d’urticaire et qui m’a poussé à poser la question à l’entraîneur des défenseurs lors de sa visite sur le plateau de l’Antichambre après la rencontre.

« Murray nous impressionne moi et le reste du groupe d’entraîneurs. Il est solide en défensive. C’est un gros bonhomme qui joue physique, mais qui réalise plein de petits jeux qui passent souvent inaperçus aux yeux des fans : des passes soulevées, des passes par la bande. Il a connu un lent début de saison, mais nous offre du gros hockey. Un gars sait quand il joue bien ou non. Et quand il joue bien, tu dois le récompenser. En plus, je ne peux pas y aller toujours à quatre défenseurs. Il méritait donc ses présences », a plaidé Daigneault à la suite de ma question.

Ça ne m’aide pas à trouver Murray élégant sur patins. Mais ça m’a aidé à comprendre pourquoi il était sur la patinoire à quatre contre quatre…

Alexei Emelin n’a pas connu un grand match à mes yeux, mais Jarred Tinordi s’est beaucoup mieux débrouillé qu’à ses deux premières rencontres. Trois mises en échec, deux tirs bloqués et un seul revirement sont là pour appuyer ma prétention.

Il faudra peaufiner un peu son jeu avec la rondelle, mais il ne fait aucun doute selon moi que Tinordi sera de la formation du CH l’an prochain.

Pacioretty

Max Pacioretty, avec deux buts, dont celui de la victoire en prolongation, s’est rapproché à un filet du plateau des 30 cette saison. Après un début de rencontre solide – comme le reste de l’équipe d’ailleurs – Pacioretty a affiché vitesse et fougue sur la patinoire. Une combinaison qui aide David Desharnais à lui offrir de meilleures passes car Pacioretty se démarque et a obtenir de meilleures occasions de marquer.

Si l’on considère que Pacioretty s’est contenté de deux buts lors des 21 premiers matchs de la saison – il en a raté neuf en raison de blessures – le fait de le voir frapper à la porte des 30 buts est on ne peut plus rassurant pour le Canadien.

À moins qu’il ne sombre dans une léthargie dont lui et le Tricolore voudraient bien se passer, Pacioretty pourrait même devenir le premier marqueur de 40 buts du Canadien depuis la saison 1993-1994. Vincent Damphousse avait alors inscrit 40 buts.

Si le trio de Desharnais-Pacioretty-Gallagher a encore bien fait, on sent de plus de plus les effets du retour d’Alex Galchenyuk au sein de la formation.

Je crois qu’on ne sait pas encore à quel point ce gars-là sera bon.

J’ai hâte que la direction du Canadien cesse de le considérer en développement et qu’elle lui offre une utilisation plus abondante.

Si Marc Bergevin arrive à passer Lars Eller dans une transaction visant à renforcer la défensive, peut-être que Galchenyuk sera finalement muté au centre et qu’on finira par voir Daniel Brière plus souvent.

Bien qu’il ait été blanchi de la feuille de pointage hier, Brière a obtenu cinq tirs tout comme Brian Gionta. Ce qui n’est pas rien. Max Pacioretty a dominé les deux équipes avec huit.

Chiffres du match

700 : Jaromir Jagr a inscrit son 700e but en carrière samedi en plus de récolter sa 1040e passe. Ces 700 buts placent Jagr au 7e rang dans l’histoire de la LNH, huit derrière Mike Gartner. Avec ses 1040 passes, Jagr a rejoint Marcel Dionne au 9e rang des passeurs de la LNH. Au chapitre des points, Jagr est septième, 15 points derrière Steve Yzerman…

800 : Alexander Ovechkin a atteint le plateau des 800 points en carrière samedi dans la victoire de 4-2 des Capitals aux dépens des Bruins. Ovechkin affiche 414 buts et 386 passes en 658 rencontres. 144 de ces 414 buts ont été inscrits lors d’attaques massives. Le capitaine des Caps domine la LNH avec ses 43 buts, ses 17 en attaques massives et ses 311 tirs. Il est 2e de la LNH avec huit buts gagnants. Corey Perry domine avec neuf…