Dire que le Canadien de Montréal connaît un début de saison difficile serait nettement trop poli pour décrire la situation actuelle. Avec seulement une victoire et trois petits points récoltés à ses huit premiers matchs, il faut plutôt parler d’un début de saison désastreux; catastrophique même.

 

Est-il trop tôt pour paniquer?

 

Non!

 

À l’aube d’une semaine au cours de laquelle le Canadien retrouvera ses partisans au Centre Bell où il recevra les Panthers de la Floride, mardi, les Kings de Los Angeles, jeudi, et les Rangers de New York, samedi, on peut même prétendre que le Tricolore jouera sa saison au cours des trois prochains matchs.

 

De fait, peu importe les moyens qu’il prendra pour y arriver, le Canadien doit gagner ces trois matchs. Car si un club veut combler certaines de ses lacunes et surtout garder bien réelles ses chances d’accéder aux séries, il doit impérativement gagner à la maison.

 

Bon! Trois victoires ne propulseraient pas la troupe de Claude Julien en séries éliminatoires. Loin de là! Mais comme le Canadien n’était pas, du moins selon mes projections personnelles, un club assuré de prendre part aux séries – j’ai donné au Canadien la chance d’être des séries à titre de deuxième club repêché dans l’Est dans mes prédictions d’avant-saison – ces trois victoires attiseront simplement ses chances, mais surtout le moral des troupes et celui de ses partisans qui ont un urgent besoin d’un survoltage à leur moral et à la confiance qu’ils vouent à leur club.

 

Inversement, trois autres revers pourraient déjà réduire à de simples espoirs mathématiques les chances du Canadien d’accéder aux séries. D’où l’importance des trois prochains matchs.

 

Lancer que le Canadien sera éliminé de la course dès le week-end prochain s’il perd ses trois prochains matchs serait un peu exagéré. Mais juste un peu comme tend à le démontrer les leçons à tirer des cinq dernières saisons.

 

Les Maple Leafs de Toronto ont eu besoin de 95 points pour accéder aux séries à titre de club repêché l’an dernier. En 2015-2016, les Flyers ont eu besoin de 96 points. En 2014-2015, les Penguins ont eu besoin de 98 points. En 2013-14, les Red Wings ont eu besoin de 93 points, le plus petit total des cinq dernières saisons, puisque les Islanders ont accédé aux séries avec 55 points lors de la saison écourtée de 48 parties. En transposant ces 55 points sur une saison de 82 matchs, on obtient un total de 94 points.

 

Résultat : si le passé récent est garant de l’avenir, le dernier club invité aux séries dans l’Association Est aura besoin de 95 points puisque ce total représente la moyenne des points récoltés par les cinq clubs qui ont fermé la marche dans la course aux séries.

 

Le Canadien affiche une récolte de trois points en huit matchs, ou sur les 16 à l’enjeu si vous préférez.

 

Pour atteindre le plateau de 95 points, le Canadien aura donc besoin d’une récolte de 92 points en 74 rencontres, ce qui l’obligera à jouer pour ,621. Donc de récolter lors des 74 prochaines rencontres 18 points de plus que les 74 associés à une fiche de ,500.

 

C’est beaucoup!

 

Si le Canadien perd les trois matchs de cette semaine, il aura alors besoin de 92 points en 71 rencontres, donc d’une récolte de 21 points de plus que les 71 associés à une fiche de ,500.

 

C’est énorme!

 

Inversement, trois victoires offriraient un répit très nécessaire même si le Tricolore devait quand même récolter neuf points de plus que les 71 associés à une fiche de ,500.

 

Possible? Peu probable? Impossible?

 

Est-ce possible? Tout est possible!

 

Mais pour le moment, un tel renversement de situation semble improbable, voire impossible, tant le Canadien de vautre dans la médiocrité dans tous les aspects du jeu.

 

Avec sa fiche de 1-6-1 et ses trois points au classement, le Canadien est 30e et avant-dernier au classement. Seule bonne nouvelle, même s’ils faisaient exprès d’ici la fin de la saison, les joueurs du Tricolore pourraient difficilement faire pire que ceux des Coyotes de Phoenix qui n’ont pas encore gagné cette année.

 

Cela dit, le Canadien est 31e et bon dernier au chapitre des buts marqués (12), de la moyenne de but marqué par match (1,5) et aussi du différentiel (-20) en raison des lacunes de Carey Price et de sa défensive qui ont concédé 4,13 buts par partie lors des huit premières rencontres. Cette piètre moyenne place Montréal au 29e rang de la LNH devant Phoenix (4,25) et Pittsburgh (4,33). Je ne crois pas que les Coyotes s’amélioreront beaucoup au fil des prochaines semaines, mais les Penguins devraient certainement passer devant Montréal.

 

Il est 28e avec une efficacité de 9,4 % en attaque massive. Bonne nouvelle – excusez l’ironie – il est le meilleur des quatre clubs qui n’ont pas atteint le plateau des 10 % d’efficacité en avantage numérique. On se console comme on peut.

 

Autre facteur qui explique les difficultés du Canadien en attaque, les mises en jeu. Globalement, les centres du Canadien occupent le 29e rang avec une efficacité de 45,1 %.

 

Ce n’est pas fort. Mais c’est pis encore en territoire offensif où ils sont 31e et derniers alors que leur taux de réussite plonge à 37,8 %. Ils sont meilleurs en zone défensive avec une 22e place associée à un taux de 49,4 %, le même taux de réussite qu’en zone neutre.

 

Rappels ou transactions

 

Comme on l’a écrit et répété ad nauseam depuis le début de la saison, le Canadien aura besoin du réveil offensif de son capitaine Max Pacioretty, du réveil défensif de Shea Weber et du réveil tout court de Carey Price pour simplement freiner la chute actuelle.

 

Pour amorcer une remontée, il aura aussi besoin du Jonathan Drouin qui a fait sensation à Tampa Bay l’an dernier. Il aura besoin que le reste de l’équipe joue non seulement mieux que depuis le début de la saison, mais qu’ils jouent au-dessus de leur tête.

 

Et qu’ils évitent les blessures aussi…

 

Grosse commande.

 

Une commande que les rappels de Michael McCarron et Nikita Scherbak ne pourront aider à remplir. Bon! McCarron et Scherbak seront sans doute meilleurs qu'Ales Hemsky qui, outre sa collection de pénalités mineures, n’a rien apporté depuis le début de saison. Sa blessure subie vendredi à Anaheim – et la présence de Schlemko sur la liste des blessés – ouvre donc la porte aux deux rappels effectués en fin d’après-midi dimanche.

 

L’idée que des joueurs de Ligue américaine soient en mesure de relancer offensivement une équipe qui revendique collectivement deux buts de plus (12) qu’Alexander Ovechkin (10) et Nikita Kucherov (10) tire bien plus du rêve que de la réalité.

 

Cela dit, McCarron et Scherbak jouent à l’avant. Et s’il est évident que le CH a besoin de renfort à l’attaque, il est tout aussi évident qu’il a besoin de renfort à la ligne bleue.

 

Et comme ce renfort ne viendra pas de Laval, du moins pas à court terme, Marc Bergevin et ses dépisteurs professionnels risquent de faire bien des points Aéroplan afin de trouver une ou des solutions pour colmater une défensive bien trop poreuse.

 

Remarquez que si le Canadien récolte moins de quatre points cette semaine, peut-être qu’il sera trop tard pour trouver du renfort immédiat et qu’il sera déjà temps de travailler en fonction de l’an prochain. Je sais : c’est très noir comme tableau après seulement huit matchs. Mais si le Canadien ne profite pas du Centre Bell et des trois prochains matchs pour redonner des signes de vivacité, c’est la triste réalité qui l’attend.