BROSSARD – Martin Lapointe tourne autour du pot pendant quelques secondes avant de l’admettre : le bassin de jeunes espoirs qu’il est chargé de superviser dans son rôle de directeur du développement des joueurs du Canadien est mieux garni que celui dont il a hérité lorsqu’il a accepté le poste il y a trois ans.

« Je pense qu’on a plus de talent offensif qui commence à pousser que lors des années précédentes », a affirmé Lapointe mardi au milieu de la troisième journée du camp de perfectionnement du Tricolore.

Embauché quelques jours avant le repêchage de 2012, par le biais duquel le Canadien avait fait l’acquisition d’Alex Galchenyuk, Lapointe distribue de bonnes notes aux choix de première ronde des deux cuvées subséquentes. À ses yeux, Nikita Scherbak et Michael McCarron ont tous deux profité d’un changement de décor pour valider l’investissement de l’organisation dans leur potentiel.

Les échos du camp de perfectionnement

Scherbak affirmait lui-même en début de semaine que la transaction qui l’avait envoyé des Blades de Saskatoon aux Silvertips d’Everett l’été dernier, bien qu’elle l’ait froissé au départ, lui avait permis de devenir un joueur responsable et plus complet. Au niveau des statistiques, le jeune Moscovite a obtenu deux saisons pratiquement similaires depuis son arrivée dans la Ligue junior de l’Ouest, mais il assure que son jeu loin du filet adverse était méconnaissable l’hiver dernier. La version du jeune étalon concorde avec celle de son principal surveillant.

« On sait tous que Kevin Constantine est un entraîneur très exigeant. Il est ferme, il tient à ce que les choses soient faites à sa manière et Nikita est passé à travers et a bien évolué là-dedans. C’est le fun à voir. Il a bien répondu à l’appel et s’est extrêmement amélioré », estime Lapointe.

McCarron a lui aussi bénéficié d’un nouveau départ quand les Knights de London l’ont envoyé aux Generals d’Oshawa, qui comptaient sur le grand joueur de centre pour atteindre leur but de décrocher la Coupe Memorial. Le pari n’a fait que des heureux. Les Generals ont remporté leur premier championnat depuis 1990 tandis que dans son nouvel environnement, l’attaquant de puissance américain a, selon Lapointe, été utilisé de façon plus avantageuse pour son développement.

« J’ai vraiment aimé sa façon de jouer à Oshawa parce qu’il était dans son rôle. Il attaquait le filet, allait chercher des rondelles, était physique. Pour gagner des championnats, il faut que tout le monde ait un rôle particulier et qu’il le remplisse bien. Michael a pris le sien très au sérieux et il a bien cadré dans ses nouvelles tâches. Il s’est concentré à être meilleur défensivement et plus physique. C’est ce que j’ai aimé. »

« Des gars qui cognent à la porte »

En regardant du côté du club-école, qui déménagera l’an prochain de Hamilton à St. John’s, Lapointe voit aussi des jeunes qui s’approchent de leur but. « Ce sont des gars qui cognent à la porte », constate-t-il lorsqu’il est question des Charles Hudon, Daniel Carr et Sven Andrighetto.

Nikita ScherbakLapointe fait partie des nombreux observateurs qui ont été surpris par le départ en lion de Hudon, qui a fait une entrée remarquée chez les professionnels à sa première saison complète chez les Bulldogs. Impliqué pendant quelques mois dans la course au titre de champion marqueur de la Ligue américaine, l’ancien des Saguenéens de Chicoutimi et du Drakkar de Baie-Comeau a fini la saison avec une récolte de 57 points, la deuxième plus élevée parmi les joueurs recrues du circuit. 

« Cette année, on peut déjà voir qu’il est plus confortable sur la glace. Je l’ai taquiné en lui disant qu’il trichait un peu parce que ça fait presque un été complet qu’il travaille avec Sébastien Bordeleau (qui donne un coup de main au Canadien cette semaine, NDLR). Il connaissait tous les drills, il était très à l’aise. »

« Quand il jouait junior, il avait tendance à tricher un peu », a plus sérieusement poursuivi Lapointe en s’apprêtant à vanter la nouvelle polyvalence du Québécois. « Avec nous à Hamilton, il a su comment être plus responsable dans sa zone. »

Lapointe a aussi lancé des fleurs à Carr, un espoir méconnu qui a ouvert bien des yeux l’an dernier en enfilant 24 buts dès sa sortie des rangs universitaires américains.

« Daniel, c’est un petit gars qui travaille très fort. Aujourd’hui, il faisait ses exercices sur la patinoire et c’est tout le temps à 100 milles à l’heure, toujours avec un effort à 100 %. Il ne va jamais avec des demi-mesures et pour moi, c’est le fun de travailler avec des gars de caractère comme ça. »

Cinq blessés au camp

Limités à de légers entraînements et à des séances d’exercices hors glace depuis dimanche, les 43 joueurs invités à passer la semaine à Brossard passaient aux choses « sérieuses » avec la première de trois parties simulées. Ouverts au public, les matchs de mardi et mercredi débuteront à 16 h tandis que celui de mercredi est prévu 9 h 30.

L’organisation a annoncé que cinq de ses espoirs soignent des blessures mineures qui les empêcheront, par mesure préventive, d’endosser l’uniforme pour les matchs amicaux.

Ainsi, Scherback (genou), Andrighetto (épaule) et Mark MacMillan (genou) ainsi que les défenseurs Noah Juulsen (épaule) et Dalton Thrower (cheville) ne seront pas sur la glace du Complexe sportif Bell pour les trois rencontres prévues d’ici la clôture du camp. Le quintette pourra néanmoins continuer de patiner avec le reste du groupe pour les séances matinales.

Selon la version officielle fournie par le Canadien, toutes ces blessures datent de la saison dernière et ne découlent pas d’une malchance survenue depuis le début du camp.

Par ailleurs, Connor Crisp, l’un des choix de troisième ronde du Canadien en 2013, a temporairement quitté la métropole pour assister aux funérailles de sa grand-mère. Jake Evans, un choix de septième ronde en 2014, est quant à lui déjà de retour sur les bancs d’école à l’Université Notre Dame.