MONTRÉAL – La saison qui tire à sa fin a probablement été la plus difficile de la carrière de Tomas Plekanec. Statistiquement, en tout cas, ce fut la pire. Il l’a terminée avec un point de moins qu’il n’en avait récolté lors de son année recrue, il y a onze ans.

Plekanec aurait toutes les raisons de vouloir que ça se finisse au plus vite. De souhaiter faire le vide, de rêver d’un peu de repos. Mais non.

À moins que vous croyez que le Canadien aurait eu la moindre chance de combler un déficit de 0-2 dans la série qui l’oppose aux Rangers de New York, le but qu’il a marqué avec dix-sept secondes à faire en troisième période vendredi a probablement permis de la prolonger de quelques semaines, cette saison à oublier. Et de la rendre soudainement mémorable.

C’est aussi ça, les séries de la Ligue nationale : la chance pour un vétéran honni, que plusieurs disent fini, d’effacer des mois de frustration d’une seule inclination du bâton.

« C’était évidemment un gros but, mais ça n’a pas d’importance, qui marque le but », a humblement répondu Plekanec quand un journaliste lui a demandé de classer sa déviation réussie d’une passe d’Alexander Radulov dans le palmarès de ses 242 réussites en carrière.

Claude Julien, lui, était plus enclin à couvrir son vétéran de fleurs.

« On voit tous les sacrifices qu’il fait. Chaque soir, il joue contre les meilleurs trios adverses et fait du solide boulot pour les neutraliser. Ce n’est pas toujours la partie la plus agréable du métier, mais il la fait bien et en retire beaucoup de fierté. C’est pourquoi tout le monde dans l’équipe se réjouit quand un joueur comme lui est récompensé comme ce soir. »

Un joueur qui a peiné à atteindre le plateau des dix buts en saison régulière risque d’être assis sur le banc quand son équipe se retrouvera désespérément en quête de la parité à la fin d’un match de séries. Mais Julien n’a pas hésité à envoyer son numéro 14 dans le feu de l’action avec ses canons offensifs avec un retard d’un but à combler vendredi.

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« Premièrement, il était en feu dans le cercle des mises en jeu et on veut toujours commencer une telle séquence avec la rondelle. Mais ce n’est pas la seule raison. Je trouvais qu’il jouait un bon match et ce n’est pas comme s’il n’avait jamais été placé dans ce genre de situation. On l’utilise beaucoup pour son expertise en défensive, mais il est aussi capable de nous aider dans des missions offensives. »

Vendredi, Plekanec a fait un peu de tout ça. Il avait gagné 77% de ses mises en jeu (14-en-18) quand il a été mandaté sur l’unité d’urgence en fin de troisième. Il a terminé le match avec un taux de réussite de 63% dans les cercles. Il a aussi amassé une mention d’aide et le trio qu’il complète avec Paul Byron et Brendan Gallagher a été de tous les combats.

« Il a joué un match solide », a approuvé Julien.

Radulov : la mince ligne de l’héroïsme

Alexander Radulov s’affairait à se débarrasser de ses dernières pièces d’équipement quand un journaliste lui a fait remarquer qu’il était le héros du match. Sans laisser la chance à son interlocuteur de terminer sa phrase, l’auteur du but gagnant a déboulonné cette théorie.

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« Si les gars ne font pas le travail pendant les deux punitions dont j’ai écopé, je ne suis pas ici pour vous parler », a-t-il rétorqué.

Radulov touchait un point. Sur la feuille de pointage, c’est vrai, il en a récolté trois. Complice du premier but du match, celui de Jeff Petry, le Russe a aussi été directement responsable de celui de Plekanec avant de faire lui-même exploser le Centre Bell à la fin de la première période de prolongation.

Mais c’est aussi lui qui a invité les unités spéciales dans le match en servant un bête coup de bâton, loin derrière l’action, en début de deuxième. Puis en fin de période, il a fourni aux Rangers une chance en or de doubler leur avance en portant son bâton au visage d’un adversaire.

Les dommages ont été nuls, mais dans les circonstances, il est plus facile de passer l’éponge.

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« Je pense qu’il sera le premier à admettre qu’il n’a pas aimé les deux pénalités qu’il a prise, a dit Julien. C’est le genre de pénalité qu’il faut essayer d’éviter, mais d’un autre côté, il l’a réalisé et s’est repris en jouant tout un match. Quand un joueur se reprend de cette façon, ça démontre son caractère et sa volonté de gagner. »