Max Pacioretty est le 29e capitaine du Canadien de Montréal. Sera-t-il un capitaine aussi gigantesque que l’a été Jean Béliveau? Il pourrait être excellent dans son rôle sans jamais s’approcher de l’envergure du Gros Bill qui était dans une classe à part. Dans une classe qui lui a été réservée. Dans une classe qu’il a créée comme le soulignent les petites et grandes histoires du Canadien et du hockey.

Sera-t-il un rassembleur comme l’ont été les Yvan Cournoyer, Serge Savard, Bob Gainey, Guy Carbonneau et Vincent Damphousse?

Sera-t-il plus simplement un bon capitaine? Ou plus simplement : sera-t-il en mesure de remplir le rôle que ses coéquipiers lui ont décerné l’automne dernier lorsqu’ils l’ont élu, à très forte majorité, pour succéder à Brian Gionta dans ce rôle glorieux, mais parfois ingrat?

Il est encore beaucoup trop tôt pour répondre à l’une ou l’autre de ces questions.

Pourtant, depuis que le Canadien a amorcé sa glissade au classement, depuis que des incidents sont venus perturber davantage une saison qui commence à l’être pas mal, plusieurs critiques acerbes sont dirigées à l’endroit de Pacioretty. On dénonce son manque de leadership, son manque d’envergure. On assure à droite que Brendan Gallagher aurait été un meilleur candidat. Que P.K. Subban lui aurait été supérieur. Deux prétentions qui sont impossibles à confirmer.

Certains vont même jusqu’à prétendre que si la liste des incidents hors glace s’allonge cette année autour du vestiaire du Canadien, c’est parce que Max Pacioretty n’est pas un bon capitaine.

Foutaise!

Comme si Jonathan Toews qui débarque au Centre Bell aujourd’hui avec ses Blackhawks était responsable des frasques de Patrick Kane quand il retourne à Buffalo durant la saison morte. Il est toutefois clair que le capitaine des Hawks a su assumer un solide leadership afin d’assurer que les événements hors patinoire ne perturbent pas son coéquipier et le reste de l’équipe. À regarder Kane multiplier les points et les Hawks maintenir leur place au sein des équipes à battre dans la LNH, on peut dire que Toews remplit à merveille son rôle de capitaine sérieux. Un rôle qu’il remplit depuis 2008, est-il besoin de le rappeler.

L'affaire Galchenyuk au coeur des discussions

Comme plusieurs joueurs qui s’installent graduellement chez le Canadien et dans la LNH, Max Pacioretty est en rodage. En fait non : le joueur qui endosse le chandail numéro 67 est déjà bien campé dans son rôle de franc-tireur. De leader à l’attaque. Mais le joueur qui arbore le C sur son chandail apprend à la dure qu’il n’est pas toujours facile de remplir un rôle qui est bien plus que symbolique.

Ce n’est pas parce que le capitaine du Canadien ne tient pas la barre serrée ou qu’il a perdu le nord que le Tricolore est aussi perdu qu’il semble l’être sur la glace. Et que certains joueurs semblent tout aussi perdus à l’extérieur de la glace.

C’est simplement parce que le capitaine n’a pas encore appris tous les trucs nécessaires pour maintenir le cap quand l’équipe traverse une tempête.

Max Pacioretty est un capitaine en devenir. Il apprend sur le tas un rôle difficile à remplir. Pis encore, il n’a pas joué sous la direction des Jean Béliveau, Henri Richard, Yvan Cournoyer, Serge Savard, Bob Gainey, Guy Carbonneau, Vincent Damphousse qui ont pu s’inspirer de l’expérience de l’un voire de plusieurs capitaines lorsque leur tour est venu de porter le C.

Pacioretty n’a pas eu cette opportunité. Sa saison recrue a coïncidé avec la dernière de Saku Koivu à Montréal. Pacioretty a ensuite vécu deux saisons sans capitaine qui ont précédé et suivi la nomination de Brian Gionta.

La semaine dernière, après une rare victoire du Canadien – un gain de 2-1 aux dépens des Devils du New Jersey –, nous étions quelques journalistes autour de Pacioretty.

Nous lui avons demandé ce que les dernières semaines lui avaient permis d’apprendre sur lui, sur son caractère et surtout sur son rôle de leader et de capitaine.

Sa réponse m’a surpris.

« Ce que je réalise, c’est que parfois tu dois être un peu égoïste quand les choses se mettent à mal aller. Tu dois te regarder dans le miroir et te demander si comme joueur et comme individu tu fais tout ce qui est réclamé de toi pour aider l’équipe à gagner. Pour l’aider à sortir de la situation fâcheuse dans laquelle elle se trouve. Si tu es honnête avec toi-même et que tu peux réellement répondre oui à ces questions, tu sais que tu peux regarder tes coéquipiers dans les yeux dans le vestiaire. Car comme joueurs, nous savons tous ce que nos coéquipiers peuvent apporter. Ce qu’ils doivent apporter. Ce qu’ils apportent », a défilé Pacioretty.

Le capitaine n’a pas précisé l’identité de ceux qui, autour de lui, apportaient ce qu’ils devaient apporter à l’équipe. Encore moins l’identité de ceux qui ne le faisaient pas.

Mais le capitaine a clairement indiqué qu’il n’improvisait pas son rôle de capitaine. Qu’il avait une ligne de conduite et qu’il la développait. La façonnait.

Quand le Canadien gagnait comme il le faisait en début de saison, il était facile d’assumer le rôle de capitaine. De fait, tout était facile autour du Canadien qui était un club facile à diriger, un club qui marquait des buts à profusion, des buts qui venaient des quatre trios, un club qui était avare de buts, peu importe que ce soit Carey Price ou Mike Condon devant le filet.

Les choses se sont ensuite compliquées un brin ou deux… ou trois. Elles se sont compliquées à tous les points de vue.

Ces complications ont mis en évidence le manque d’expérience de Pacioretty à titre de capitaine. C’est un fait. Car Pacioretty est aux prises avec deux problèmes : non seulement son équipe perd beaucoup plus souvent qu’elle ne gagne, mais il ne marque pas assez de buts pour remplir ses propres attentes. Difficile alors de distribuer les rappels à l’ordre autour de lui dans le vestiaire.

Et c’est sur ce point que je crois avoir perçu la plus grosse lacune du capitaine.

Max Pacioretty a son bien personnel et le bien de l’équipe à cœur. C’est évident. Et ce n’est certainement pas une lacune.

Mais Pacioretty semble facilement perturbable et rapidement perturbé lorsqu’il ne trouve pas le fond du filet. Lorsque son équipe perd. Ça non plus ce n’est pas une lacune. Du moins à la base. Mais ça le devient vite lorsque le joueur et le capitaine peinent à mettre de côté les ennuis qui se multiplient pour afficher une confiance renouvelée et assumer le leadership nécessaire afin de surmonter les embûches qui s’accumulent et bloquent la voie à l’équipe.

Lorsque Max Pacioretty recommencera à marquer des buts au rythme qu’il en est capable, et que le Canadien gagnera au rythme qu’il en est capable, ce sera bien plus facile pour lui d’assumer son rôle de capitaine.

Mais pour l’aider d’ici là, il serait bon qu’il puisse compter sur l’expérience d’un de ses prédécesseurs pour apprendre à se délester du poids de sa disette personnelle et de celle de son équipe au lieu de les laisser le ralentir.

Et lorsqu’il aura appris à le faire, il sera un meilleur joueur et sans l’ombre d’un doute un meilleur capitaine.

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