NEW YORK - Je ne me souviens pas de la dernière fois que j’ai vu le Canadien disputer un match de hockey aussi parfait. Solides dans tous les aspects du jeu, les joueurs de Claude Julien ont outrageusement dominé leurs adversaires des Rangers.

Dans les vestiaires et dans la salle de presse, les joueurs comme les entraîneurs-chefs Claude Julien et Alain Vigneault parlaient d’un excellent match de route disputé par le Tricolore. Je modifierais ces réponses pour parler d’un match parfait tout court. Sans égard au fait qu’il ait été disputé sur la route ou à domicile.

« Parce que le hockey est un jeu d’erreurs, il n’y a jamais de partie parfaite. Je suis toutefois d’accord avec toi pour dire que nous avons disputé défensivement et offensivement un match très solide. Peut-être le meilleur que nous avons disputé depuis longtemps », a convenu le défenseur Shea Weber après la rencontre.

Comme vendredi au Centre Bell, Weber a été impérial à la ligne bleue dimanche au Madison Square Garden. En 35 présences totalisant plus de 29 minutes de temps d’utilisation, Weber a été sensationnel. J’ai relevé deux pertes de rondelle bien bénignes en zone défensive. Pour le reste, il a trôné sur la patinoire.

En prime, il a marqué un but en avantage numérique. Le deuxième du match pour le Canadien. Un but qui est devenu le but de la victoire après le seul filet des Rangers en fin de troisième période. « Tout le crédit sur ce but revient à Radulov à un bout de la patinoire et à Galchenyuk à l’autre bout. Avec la feinte qu’il a effectuée et la passe qu’il m’a servie, il ne me restait qu’à tirer dans une cage déserte », a ajouté celui qui aurait pu recevoir la première étoile du match bien avant Carey Price qui a été décoré de cet honneur après une soirée bien trop facile pour recevoir pareil titre.

Si la soirée de travail de Price a été facile, c’est parce que tous ses coéquipiers, pas juste Weber, ont été meilleurs que leurs adversaires des Rangers.

Ce qui m’impressionne le plus dans la victoire du Canadien n’est pas seulement la performance de Weber – ses détracteurs devront attendre encore un peu avant de scander qu’ils avaient raison de clamer tout au long de la saison que le géant défenseur s’effondrerait une fois en séries – le but sensationnel de Radulov, celui de Lehkonen ou même la performance du trio de Tomas Plekanec, le meilleur trio du Canadien encore dimanche. Ce qui m’impressionne le plus est la façon dont les joueurs du Canadien s’y sont pris pour s’appuyer défensivement afin de miner les rares chances de marquer des Rangers.

Le Canadien a limité les Rangers à six petits tirs en premières. À six petits tirs en deuxième. Et s’il est vrai que les Rangers en ont obtenu neuf au dernier tiers, ils sont majoritairement venus en fin de rencontre alors qu’ils ont passé plus de quatre minutes à six patineurs sur la patinoire afin de tenter une remontée un brin utopique.

« En séries, tu ne peux te permettre d’avoir un maillon faible dans ton alignement. Nous n’en avions pas ce soi r», a d’ailleurs fait remarquer avec justesse Claude Julien qui a obtenu des sorties honnêtes de Torrey Mitchelle et Brandon Davidson, deux joueurs qui ont offert de meilleures performances qu’Andreas Martinsen et Nikita Nesterov qu’ils ont remplacés.

Étirer la légalité

Pendant que les Rangers donnaient l’impression de croire que la victoire tomberait du plafond du MSG, le Canadien a pris les moyens pour gagner.

C’est aussi simple que ça.

Brendan Gallagher a d’ailleurs esquissé un sourire un peu gêné lorsque je lui ai demandé s’il avait réalisé qu’il avait effectué deux enjambées dans le cercle de mises en jeu avant que le juge de ligne ne dépose la rondelle sur le jeu qui a mené au but de Lehkonen. Le premier du match.

« On est en séries, on n’a pas le choix de prendre des largesses pour maximiser nos chances de victoires. Tu dois repousser les limites et c’est ce que j’ai fait sur ce jeu », a plaidé Gallagher qui était loin de s’en vouloir. Avec raison.

Lui-même reconnu aux quatre coins de la Ligue pour ses tactiques un peu déloyales sur les mises en jeu, Tomas Plekanec est vite venu au secours de Gallagher. « Regarde à quel point ils (les Rangers) trichent sur les mises en jeu. Kreider effectue des tas de faux départs ce qui lui permet de souvent venir récupérer la rondelle pour transformer une mise en jeu gagnée en mise en jeu perdue », a souligné Plekanec qui dispute le meilleur hockey de sa saison.

« Notre trio joue du très gros hockey c’est vrai. Nous sommes efficaces. J’ai deux ailiers très rapides et nous avons su développer une belle chimie au cours des dernières semaines afin de maximiser notre rendement. Ça va bien, mais on doit continuer », a ajouté Plekanec.

L’implication contagieuse de Radulov

Et que dire d’Alexander Radulov. Lui aussi a étiré les règles alors qu’il a saisi le bâton de Rick Nash sur un beau repli défensif qui a précédé la poussée qui a mené au but de Weber.

ContentId(3.1229299):Canadiens : Alexander Radulov met le clou dans le cercueil des Rangers (Hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

Radulov s’est aussi permis un but de toute beauté déjouant d’une main Henrik Lundqvist à la façon de Peter Forsberg aux Jeux de Lillehammer, mais avec un adversaire sur le dos et non en tir de barrage.

Au-delà son but et sa passe, Radulov s’est démené en fin de rencontre, pour protéger l’avance des siens. « À un moment donné dans un match tu dois prendre tous les moyens à ta disposition pour réaliser le jeu qui est nécessaire de réaliser. C’est ce que nous faisons tous ensemble. Il n’y a rien de gagné. On vient de prendre l’avance 2-1 dans la série, mais nous jouons du bon hockey », a indiqué Radulov.

Cette implication de Radulov ne surprend pas Claude Julien qui apprend à connaître l’attaquant russe depuis le 14 février dernier. « La victoire est tout ce qui compte pour ce gars-là. Il veut gagner et est prêt à faire les sacrifices nécessaires pour gagner. Il est déterminé. En plus, il est très solide pour protéger la rondelle. Et quand il le fait comme il l’a fait sur son but, cela a des répercussions sur le banc, car tous les joueurs sont impressionnés par l’exemple qu’il donne. »

Dans le vestiaire, Shea Weber affichait le même genre de respect à l’endroit de Radulov qu’il a connu avec les Predators de Nashville. « Si je suis surpris de le voir dominer comme ça? Pas du tout. Alex a toujours été un travailleur acharné. Il a aussi beaucoup de talent. Il se donne à fond sur la glace. Il a pris 10 ans et a perdu quelques dents, mais dans l’ensemble c’est le même joueur de hockey déterminé que j’ai connu en début de carrière. »

Rangers secoués

Si le revers de vendredi, en prolongation, après être passé à 17,3 secondes d’une deuxième victoire de suite aux dépens du Canadien, a semblé couler sur le dos des Rangers comme de l’eau sur le dos d’un canard, celui de dimanche a fait mal.

« Le Canadien a très bien joué. Leur structure défensive est très solide. De notre côté notre quatrième trio est notre meilleur. Il est temps que nos meilleurs joueurs retrouvent leurs moyens. Ce qui n’est pas le cas en ce moment. Nous devons trouver une façon de mieux utiliser nos atouts. On ne le fait pas en ce moment. On tente de mauvais jeux. On ne crée rien offensivement en attaque massive. En plus, on a écopé deux pénalités coûteuses à 200 pieds de notre but. Deux pénalités dont le Canadien profité », a indiqué Alain Vigneault qui n’aura pas besoin de semoncer ses joueurs pour leur faire réaliser la gravité de la situation.

« Je n’ai pas de défi à leur lancer. Ils sont très conscients de ce qui ne va pas et de ce qui doit être fait pour renverser la situation », a conclu l’entraîneur-chef des Rangers dont les réponses étaient teintées d’un mélange de colère et de déception.

« Sans rien enlever à la qualité du jeu du Canadien, je crois que nous avons couru à notre perte en bousillant beaucoup trop de poussées offensives », a mentionné Derek Stepan.

Une attaque new yorkaise en panne

« Nous n’obtenons pas assez de tirs. On en obtient un ici et là et nous n’en ajoutons pas ensuite. On ne met pas assez de pression. On tente de jeux risqués ce qui est absurde à ce temps-ci de l’année parce que les équipes sont bien trop bonnes défensivement pour que cela puisse fonctionner. On doit simplifier notre jeu et nous occuper de ce que nous devons faire pour gagner. Leurs meilleurs joueurs ont été meilleurs que nos meilleurs joueurs ce soir. Leurs joueurs de soutien aussi. Ils ont aussi été meilleurs sur les unités spéciales. Si tu es dominé dans ces trois aspects du jeu, tu vas perdre 99% du temps », a reconnu le capitaine Ryan McDonagh.

De 17,3 secondes qu’ils étaient de profiter d’une avance de 2-0 dans la série qui les oppose au Canadien, les Rangers doivent maintenant gagner la prochaine partie afin d’éviter d’être déjà confrontés à une élimination rapide.

Ça change vite au hockey. Surtout quand tu ne prends pas les moyens pour rivaliser avec un club qui joue aussi bien que le Canadien a joué dimanche.

On verra mardi si les Rangers l’ont compris.

« Ce n'était qu'un match, ça n'apporte aucune garantie »
ContentId(3.1229381):LNH : Les Rangers ont du pain sur la planche (Hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo
« On a l'occasion demain de rebondir »