Si le Canadien joue ses 31 prochains matchs à l’image de celui qu’il vient de disputer pour battre les Sabres de Buffalo 5-2, il battra régulièrement les équipes qu’il devance au classement et fera certainement meilleure figure qu’au cours des 50 premiers matchs contre les clubs de tête.

Il ne gagnera peut-être pas les sept parties qu’il a encore à disputer contre les clubs du top-10 – en fonction du classement du 30 janvier –, mais il fera très certainement bonne figure.

Bon! Les Sabres de Buffalo n’ont pas disputé un fort match. C’est vrai.

Mais si les Sabres ont si mal paru, c’est parce que le Canadien, avec des jambes reposées, avec des idées claires, avec les retours significatifs de David Desharnais et d'Andrei Markov, sans oublier les entrées en scène moins spectaculaires, mais quand même efficaces de Nikita Nesterov et Greg Pateryn a scié les jambes de ses adversaires.

« On ne leur a rien donné ce soir. Et s’ils en ont arraché, c’est beaucoup à cause de notre vitesse et de notre efficacité. Les quatre trios roulaient rondement ce soir. Ils nous ont eus dans le visage toute la partie. Je me souviens d’une séquence en deuxième période au cours de laquelle nous avons effectué trois changements alors que leurs deux défenseurs n’ont jamais pu rentrer au banc tellement nous les avons contenus dans leur territoire. Ça démontre notre grande efficacité quand nous jouons à pleine vapeur », a souligné avec justesse Max Pacioretty après la rencontre.

Le capitaine a grandement raison.

Si Zach Bogosian (moins-5) et Cody Franson (moins-3) ont connu un match si affreux, c’est parce qu’ils n’ont pu composer avec la vitesse et la fréquence des assauts du Canadien.

En plus d’être débordés, voire embourbés, Bogosian et Franson n’ont pu compter sur l’appui élémentaire de leurs coéquipiers attaquants qui ont ouvert toute grande l’enclave d’où Max Pacioretty, deux fois, David Desharnais et Paul Byron ont marqué.

Tout juste derrière Crosby

Max Pacioretty a marqué trois buts mardi. C’était son deuxième tour du chapeau de la saison – quatre buts le 10 décembre contre l’Avalanche du Colorado –,  son sixième en carrière.

ContentId(3.1216494):Pacioretty complète son tour du chapeau
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Le capitaine a décoché des tirs précis et puissants après avoir reçu des passes tout aussi précises de Radulov. Sur son troisième but, Pacioretty, bien placé près du but de Robin Lehner, a hérité d’une rondelle libre après que Radulov, encore lui, eut tout fait autour de la cage des Sabres. Le capitaine n’a eu qu’à passer la moppe pour compléter son tour du chapeau, mais on doit lui donner au moins le crédit d’être allé se mettre le nez dans le trafic.

Avec ses trois buts, Pacioretty en revendique maintenant 24 cette saison. À ce rythme, il en marquera 39 encore cette année. Pas mal pour un gars qu’une majorité de partisans disait fini en début de saison alors qu’on voulait lui arracher son titre de capitaine et l’envoyer à l’autre bout de la planète hockey couvert de goudron et de plumes.

ContentId(3.1216480):Sans avertissement
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Véritable paria en début de saison, ce même Pacioretty partage, ô surprise, le deuxième rang des buteurs de la LNH avec Alexander Ovechkin, Cam Atkinson et Jeff Carter alors que ce beau petit groupe accuse un retard de quatre buts derrière Sidney Crosby qui a été blanchi mardi.

C’est bien pour dire…

« Je me fiche éperdument de ces statistiques. L’important est la façon dont nous jouons et les victoires que nous remportons », a tranché le capitaine.

Radulov sensationnel

Si Pacioretty a fait ce qu’il fait de mieux mardi soir, c’est-à-dire marquer des buts, il a grandement bénéficié du travail colossal d’Alexander Radulov qui a haché finement la défense des Sabres du début à la fin de la rencontre.

ContentId(3.1216473):Le capitaine ne rate pas de telles chances
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« Radu est un fabricant de jeu phénoménal et il travaille sans relâche. Quand il réussit sa première passe de la rencontre, tu sais qu’il sera au sommet de son art tout le match. C’était le cas ce soir. Il est tellement bon qu’on doit être patient sur la glace. On doit le suivre pour comprendre ce qu’il fait. Des fois, tu attends une passe qui ne vient pas et quelques secondes plus tard, tu le vois en compléter une à un gars qui était mieux placé. J’adore le fait qu’il soit aussi imprévisible. Ça nous force à être toujours aux aguets. Toujours prêts à profiter des occasions qu’il distribue », a défilé le capitaine qui apprécie aussi l’intensité contagieuse et l’enthousiasme tout aussi contagieux de son ailier droit. « C’est difficile d’être aussi efficace 82 matchs par saison, mais Radulov tente de l’être tous les soirs. Et s’il l’est souvent et qu’il l’est encore une fois en séries, il nous donnera des chances de victoires à chaque partie. »

Pacioretty apprécie un peu moins certaines des célébrations de son exubérant coéquipier après les buts par contre. « Il aime fêter nos buts. C’est clair. Des fois, il aime même ça un peu trop. Je me souviens d’un match au New Jersey où il était tellement heureux qu’il m’a enfoncé les doigts d’un de ses gants dans le fond de la gorge. C’était dégueulasse! Il en a pris l’habitude et je n’aime pas vraiment ça. Peut-être que vous pourriez lui dire d’arrêter », a lancé en riant Pacioretty.

Danault : premier centre?

S’il ne fait aucun doute que Pacioretty et Radulov sont des joueurs de pointe dans la LNH, qu’ils sont de véritables ailiers de premier trio, leur jeune centre Phillip Danault est en train de vraiment brouiller les cartes.

ContentId(3.1216514):Jeu clé du match : le 1er trio
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Je ne suis pas prêt à écrire en caractères gras que Danault est un joueur de premier trio au même titre que ses ailiers. Ça non. Mais il est obligatoire de dire que pour le moment, il joue comme un centre de premier trio.

« Son intelligence, sa compréhension du jeu et sa vitesse lui permettent d’assumer une place importante au sein de notre trio. Et je t’assure qu’il a un rôle aussi important à jouer que Radu ou moi. Et c’est loin d’être évident pour lui. Il n’a pas beaucoup d’expérience et normalement, un joueur de centre distribue le jeu. C’est lui qui contrôle. Sur notre trio, c’est Radu qui est le passeur. Phillip doit donc s’ajuster constamment afin de savoir s’il doit aller en appui, s’il doit se retirer pour être prêt en défensive ou aller se placer pour recevoir une passe. Il excelle dans sa manière d’anticiper ce qu’il doit faire », a mentionné Pacioretty.

Les manchettes des experts

« Vous commencez à remarquer les jeux qu’il multiplie sur la patinoire, mais c’était évident pour nous tous dans le vestiaire dès le début de la saison. Phil est jeune, mais c’est un très bon joueur de hockey. Je ne savais pas grand-chose de lui avant son acquisition. Lorsque Marc (Bergevin) m’a appelé l’été dernier pour m’annoncer la transaction, j’étais d’abord nerveux d’entendre sa voix, car j’avais peur d’être impliqué. Mais quand il m’a parlé de Phillip je me suis dit qu’il devait être bon tant le directeur général n’avait que de bons à dire à son sujet. Surtout que Marc mentionnait qu’il serait avec nous pour longtemps », a poursuivi le capitaine.

« Phil regarde et écoute. Nous nous parlons beaucoup sur la glace et une fois au banc. La communication est très importante afin de maximiser notre efficacité sur la patinoire. Et parce qu’il est très rapide, quand nous sommes en mesure de bien nous compléter nous devenons dangereux », a ajouté Radulov.

La communication est cruciale je veux bien. Mais Danault doit être fort en simonac pour comprendre toutes les directives émises par Radulov tant il parle vite et avec un anglais qui tire un brin ou deux sur le Russe…

ContentId(3.1216498):Sabres 2 - Canadiens 5
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Les succès de Phillip Danault ne sont plus le simple fruit de la chance du débutant. Impossible. Il est bien trop efficace bien trop régulièrement pour ça.

Il est même temps de se demander si Danault ne pourrait pas maintenir sa place au centre du premier trio malgré le retour en forme de David Desharnais et le retour prochain d’Alexander Galchenyuk. Michel Therrien a donné une indication en ce sens après la victoire aux dépens des Sabres.

« La qualité du jeu de Phillip au sein du premier trio nous amène l’équilibre que l’on recherche. Nous voulons compter sur quatre trios capables de contribuer. Phillip s’adapte très bien. Il est très responsable sur la patinoire. Je lui dis souvent que l’important dans son cas est de ne pas changer son jeu en raison du fait qu’il évolue entre Pacioretty et Radulov. Il est encore jeune. Il a encore des choses à apprendre. Mais il veut apprendre et il affiche toujours une très bonne éthique de travail », a défilé l’entraîneur-chef du Canadien.

Je ne sais pas pour vous. Mais cette réponse associée à la cascade de compliments sortit des bouches de Pacioretty et Radulov me laissent entendre que Danault pourrait bien prolonger son séjour au centre du premier trio plus longtemps que je le croyais.

Et il le mériterait pleinement.

Car en ce moment, le Canadien a un véritable premier trio. Un trio que j’aurais auréolé les trois étoiles si la sélection officielle avait été la mienne au terme du match parfait que ses trois membres ont disputé contre les Sabres.