Le Canadien a offert à son nouvel entraîneur-chef Claude Julien une neuvième victoire en 13 matchs.

C’est bien. Très bien même.

Six de ces victoires sont venues en prolongation (quatre) et tirs de barrage (deux). Je veux bien. Est-ce que cette statistique devrait ombrager les victoires de Julien et de ses joueurs ?

Pas vraiment non.

Surtout que ces victoires arrachées au-delà les 60 minutes de temps réglementaire dévoilent une statistique plus importante et surtout bien plus positive à l’égard du Canadien.

Samedi à Ottawa, le Canadien a signé sa 11e remontée victorieuse de la saison. Onze remontées effectuées au cours de la troisième période. Fort de sa fiche de 11-17-4, le Canadien est premier dans la LNH au grand complet avec ses 26 points récoltés au terme de parties au cours desquelles il tirait de l’arrière après deux périodes.

Ces 26 points récoltés en pareille circonstance sont gigantesques.

Devant des partisans venus l’appuyer en grand nombre au Centre Canadian Tire, le Canadien a fait subir aux Sénateurs sa quatrième remontée gagnante depuis que Claude Julien a pris les commandes de l’équipe.

Des neuf victoires signées par Claude Julien, quatre ont donc auréolé des remontées effectuées en troisième période dont certaines, comme celle de samedi, se sont soldées avec un gain en prolongation ou en tirs de barrage.

Comme l’a bien candidement reconnu Claude Julien après la victoire de samedi, l’entraîneur-chef du Tricolore aimerait bien profiter de gains plus orthodoxes de 4-1. Mais ce que les quatre remontées gagnantes et les six victoires arrachées en prolongations ou séances de tirs de barrage démontrent, c’est que le Canadien peut rarement être compté comme battu après deux périodes.

Et ça, c’est encourageant pour les 12 derniers matchs de la saison régulière, mais plus encore en vue des séries éliminatoires qui s’annoncent. Des séries qui seront bien sûr très difficiles. Mais aussi imprévisibles soient les issues des matchs de séries, Claude Julien sait qu’il peut compter sur un club capable de revenir de l’arrière.

Quand tu as un gardien de la trempe de Carey Price qui réussit à réduire au minimum le déficit à combler, il est bien plus facile de revenir confiant sur la patinoire après le deuxième entracte. C’est évident. Mais le fait que le Canadien soit passé maître dans cet art un brin périlleux, il faut l’admettre, de signer des remontées gagnantes mousse la confiance de tout le monde. Seul danger : y prendre goût au point de croire que ces remontées viendront facilement et se river le nez sur une triste réalité qui pourrait rattraper le Canadien n’importe quand.

Mais bon! Mieux vaut malgré tout être premier dans la LNH pour ce genre de remontées qui rachètent tantôt des erreurs, tantôt des mauvais débuts de matchs, tantôt du jeu brouillon et du manque de conviction que d’être considéré comme battu après deux périodes.

Complicité Danault-Shaw

Pour signer sa 11e remontée gagnante de la saison, le Canadien a pu compter sur deux largesses des Sénateurs qui ont cafouillé défensivement pour offrir des buts à Phillip Danault et Brendan Gallagher qui ont marqué à 31 secondes d’intervalle en début de dernier tiers.

Vrai que Craig Anderson et ses coéquipiers ont contribué aux buts du Tricolore. Mais donnons aussi le crédit à Danault et Gallagher d’avoir su prendre les moyens pour en profiter.

Surtout que Danault, employé au centre de Lehkonen et Shaw, a dirigé le trio qui a été le plus menaçant du Canadien comme le confirment les buts de Danault et Shaw, les trois passes récoltées par les trois membres du trio et les 12 tirs cadrés – 17 tirs tentés – sur la cage des Sénateurs.

Danault a encore une fois été efficace. Il a encore une fois relevé le défi que lui a offert son entraîneur-chef. Son but et la passe qu’il a récoltée lui permettront de souffler un brin ou deux alors qu’il a mis fin à une disette de 22 matchs sans but et d’un petit filet en 28 matchs. Mais au-delà cette longue disette, Danault a toujours maintenu son jeu combatif et intelligent.

Si la complicité qui semble s’installer entre Danault et Shaw au sein du troisième trio se confirme au fil des prochains matchs, le Canadien pourrait grandement en profiter lorsque viendront les séries.

À moins que l’état-major décide de retourner Danault au sein du premier trio afin de mousser la complicité que Danault a développée plus tôt cette saison avec Max Pacioretty et Alexander Radulov.

Deux scénarios qui confirment une chose : Danault est une source de solution chez le Canadien bien plus qu’une source d’ennuis. Et ça, c’est tout à l’honneur du jeune homme qui connaît une saison plus qu’intéressante.

Seule ombre au tableau pour le jeune Québécois, une mise en jeu perdue en zone défensive a permis à Erik Karlsson de pousser le match en prolongation avec un but marqué en fin de troisième sur un tir de la pointe décochée après une mise en jeu perdue par Danault.

Remarquez que sur cette facette, les Sénateurs ont haché finement le Tricolore avec 34 mises en jeu gagnées sur les 56 disputées (61 %).

Attaques massives trop passives

Plus encore que les mises en jeu perdues, les attaques massives gaspillées portent vraiment ombrage à la victoire arrachée par le Canadien samedi à Ottawa.

Non seulement le Tricolore s’est rendu coupable de deux hors-jeu qui ont miné sa deuxième attaque massive, mais une pénalité écopée en fin de premier tiers a limité à 45 secondes la première supériorité numérique du Canadien.

Pas fort.

Les Sénateurs n’ont pas fait beaucoup mieux. Vrai qu’ils ont marqué sur l’une de leurs quatre attaques massives. Mais en prolongation, alors qu’ils jouaient à quatre contre trois, Erik Karlsson et ses Sens n’ont pas été fichus d'obtenir une seule bonne occasion de marquer au cours des 120 secondes passées en attaque massive sans compter les quelque 30 à 45 secondes obtenues en prime entre le moment de l’infraction et celui ou le Canadien a touché la rondelle pour stopper le jeu.

Le Canadien a donc été blanchi dans un septième match de suite, séquence au cours de laquelle il a bousillé un total de 15 attaques massives. Le zéro comme résultat est mauvais. On en conviendra tous. Mais le fait que le Canadien n’ait forcé ses adversaires à écoper seulement 15 pénalités au cours de ces sept parties témoigne du fait que le Tricolore ne se sert pas assez de sa vitesse et de sa combativité pour pousser ses rivaux à l’erreur.

Pas encore de quoi paniquer. Je veux bien. Mais il commence à être temps de s’inquiéter…

Ottawa-Montréal

Les partisans du Canadien comme des Sénateurs attendaient beaucoup des affrontements de cette fin de semaine pour relancer la rivalité opposant les deux villes et les deux équipes.

On verra si le deuxième volet de cette séquence dimanche au Centre Bell permettra de mousser cette rivalité un peu plus que la première rencontre. Car au-delà la partie serrée offerte par les deux équipes, on n’a pas senti l’effervescence souhaitée par les partisans des deux camps.

« faisait tellement longtemps que nous ne nous étions pas croisés qu’il a fallu se présenter en début de match parce qu’on ne se reconnaissait pas », a imagé Brendan Gallagher qui a reçu quelques coups au visage de la part de Marc Méthot en guise de mot de bienvenue samedi.

Peut-être que le match de dimanche ou le troisième duel en huit jours, celui de samedi prochain au Centre Bell, sauront mousser cette rivalité.

Quoi qu’il en soit, je suis de ceux – et je crois que nous sommes nombreux – qui aimeraient bien voir une troisième série opposant ces deux équipes. Les Sénateurs et le Canadien ont chacun remporté une ronde de séries. Des 11 matchs éliminatoires opposant les deux équipes, les Sens ont signé une victoire de plus (6-5) que le Tricolore.

Pour mettre la table à cet éventuel troisième affrontement en séries et surtout pour prendre une option sur le premier rang de la division atlantique que les deux équipes visent toujours, j’espère que les deux équipes reviendront encore ce soir avec leurs as gardiens Carey Price et Craig Anderson.

Le vétéran des Sens ne devait pas jouer en fin de semaine. Guy Boucher a réservé une surprise au Canadien en permettant à son vétéran de sauter sur la patinoire au lieu d’offrir à Mike Condon la chance d’affronter son ancien club.

Quant à Price, il n’a pas encore disputé deux matchs en deux soirs cette saison. Mettons que l’occasion ne pourrait pas être mieux choisie que dimanche soir au Centre Bell.

On verra.