Les acquisitions du défenseur Jeff Petry et des attaquants Torrey Mitchell et Brian Flynn assurent-elles le Canadien d’une 25e coupe Stanley?

Bien sûr que non!

Mais ces trois joueurs, auxquels on doit impérativement ajouter Devante Smith-Pelly et Jacob De La Rose qui fait de plus en plus partie des plans actuels et non simplement futurs du Canadien, font du Tricolore une meilleure équipe aujourd’hui qu’elle ne l’était hier.

Une équipe plus solide et expérimentée en défensive. Une équipe plus solide au sein même du vestiaire. Un vestiaire que Marc Bergevin s’est bien gardé de chambouler avec des permutations de joueurs avec les conséquences pas toujours heureuses que cela comporte. «Je suis fier de ce que nos joueurs ont accompli depuis le début et je ne voulais pas toucher à la chimie de l’équipe», a d’ailleurs convenu le directeur général du Canadien dans le cadre du point de presse qu’il a tenu une fois le couperet tombé sur la date limite des transactions.

Est-ce que le Canadien a réglé tous ses problèmes?

Bien sûr que non.

Il est clair qu’un Jordan Eberle, un Phil Kessel ou un autre attaquant de premier plan dont les partisans rêvaient en bleu, blanc ou rouge auraient donné plus de punch à l’équipe. Du punch nécessaire pour donner une meilleure force de frappe aux deux premiers trios.

À voir les traits tirés de Marc Bergevin lors de son point de presse, il est clair que le patron du Canadien et tous les membres de son état-major ont trimé dur au cours des dernières semaines et qu’ils n’ont pas beaucoup dormi au cours des derniers jours pour mousser leur chance de mettre la main sur un joueur de la trempe d’un Eberle. Sans succès.

«Si tu regardes toutes les transactions effectuées au cours des derniers jours, il n’y a pas vraiment de gars de premier trio qui ont changé d’équipe. C’est bien beau vouloir mettre la main sur un joueur comme ça et c’est clair qu’il y avait un intérêt de notre part, mais pour les obtenir encore faut-il qu’ils soient disponibles. Et ils ne l’étaient pas cette année», a plaidé le directeur général du Canadien.

ContentId(3.1117453):Bergevin met la main sur trois vétérans
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Le fait que ces joueurs de premier plan soient demeurés avec leur club respectif ouvre la porte à P.A. Parenteau qui effectue un retour au jeu à San Jose. Il a raté les 19 derniers et n’a disputé que deux des 24 dernières parties du Canadien en raison d’une commotion cérébrale.

Acquis en retour de Daniel Brière l’été dernier, Parenteau n’a pas encore donné au Canadien ce que le Canadien attendait de lui en matière de production offensive. Il a présenté quelques beaux flashs ici et là. Mais il doit maintenant prolonger ces séquences heureuses et prouver au Canadien qu’il peut occuper le flanc droit sur l’un des deux premiers trios sur une base régulière.

Ce qui est loin d’être acquis.

Le nom de Parenteau, comme celui de Lars Eller, était associé à toutes sortes de rumeurs aussi loufoques les unes que les autres lundi matin. Même après que Parenteau eut confirmé son retour au jeu après l’entraînement matinal, certains sites « spécialisés » en transactions assuraient qu’il venait d’être échangé.

Eh oui! Il est passé de la liste des blessés à la liste des joueurs actifs. C’est une blague bien sûr. Comme toutes les rumeurs des dernières semaines, derniers jours et dernières minutes.

Cela dit, le fait que Parenteau commande un salaire de 4 millions $ la saison prochaine l’oblige à connaître une bonne fin de saison s’il veut échapper aux vagues de spéculations qui le chasseront de Montréal tout l’été s’il ne joue pas à la hauteur des attentes.

On verra.

Quant à Eller, il est encore avec le Canadien. Ô surprise, les Oilers n’ont pas voulu l’échanger en retour de Jordan Eberle. Misère! Et même les Leafs ont décidé de garder Phil Kessel à la place du mal aimé du Canadien.

Dire qu’il y en a qui sont surpris !!!

Où figure Eller dans l’organigramme du Canadien. Plus bas qu’il ne le voudrait. Et sur le flanc gauche au lieu de la ligne du centre comme il le voudrait. Mais bon. C’est comme ça. Et à moins d’un changement radical, il devra s’y faire. Car son avenir à court, à moyen et peut-être même à long terme, surtout à long terme, est à l’aile et sur l’un des trios de soutien.

« Lars est un bon jeune joueur en qui je crois encore. Il a le succès de l’équipe à cœur et il prendra les moyens pour rebondir, j’en suis convaincu », a souligné Marc Bergevin.

Prix de consolation

Aux yeux de plusieurs, Jeff Petry, Torrey Mitchell et Brian Flynn sont donc des prix de consolation. C’est peut-être un peu vrai. Mais ça ne devrait pas porter ombrage à ces acquisitions.

Jeff Petry est un bon défenseur. Il n’est pas cette année et ne sera jamais un candidat au trophée Norris. Il n’est pas un défenseur robuste qui enverra ses adversaires cul par-dessus tête au grand plaisir des partisans. Mais c’est un défenseur complet. Un droitier qui devrait remplacer avantageusement Tom Gilbert même si ce dernier jouait du hockey de meilleure qualité au cours des dernières semaines.

Petry donnera plus d’options à Michel Therrien et Jean-Jacques Daigneault. Derrière l’un des meilleurs duos de la LNH complété par Subban et Markov, Petry pourra jouer avec Nathan Beaulieu ou donner plus de profondeur au troisième duo peu importe l’identité de son compagnon de jeu.

Avec Petry, le Canadien sera surtout moins vulnérable si une blessure devait frapper l’un des deux piliers de la brigade défensive.

Profitant de sa pleine autonomie l’été prochain, Petry pourrait vite quitter Montréal et ainsi faire regretter au Canadien d’avoir offert aux Oilers d’Edmonton deux choix au repêchage : un de 2e ronde et un autre de 5e ronde (4e ronde si le Canadien se rend en deuxième ronde des prochaines séries et de 3e si le Canadien accède à la finale de l’Est).

Mais c’est un risque calculé.

Surtout que s’il connaît du succès avec le Canadien et qu’il goûte à la frénésie positive sur laquelle le Tricolore surfe lorsque les choses vont bien en séries, Petry avec un calvaire de cinq saisons à Edmonton, pourrait bien accepter les 4 millions $ par année qu’il a refusés à Edmonton.

On verra.

En plus de créer de la compétition interne sur la patinoire, ce qui est toujours bon, Petry pourrait en créer aussi autour de la table de négociations. Car s’il désire demeurer à Montréal, le Canadien pourrait alors plus facilement se passer des services de Sergei Gonchar si le défenseur russe exige la lune et un peu plus pour prolonger son association avec le Tricolore l’an prochain.

Torrey Mitchell et Brian Flynn se retrouvent aussi dans cette situation. Le premier sera pleinement autonome l’été prochain. Le deuxième : avec restrictions.

De retour au bercail – il est originaire de Greenfiled Park sur la Rive-Sud – Mitchell est frénétique à l’idée de jouer à Montréal. Remarquez qu’il l’aurait sans doute été même s’il avait quitté les moribonds Sabres de Buffalo pour se rendre dans la Ligue américaine. Une fois avec le Canadien, s’il rend les services que la direction espère obtenir de sa part, il devrait être facile de s’entendre avec lui.

Dans le cas de Flynn, le Canadien n’aura qu’à présenter une offre qualificative à ce joueur qui ne peut pas vraiment se permettre, du moins pas encore, de se montrer trop gourmands.

Qu’est-ce que ces deux anciens Sabres peuvent donner sur le plan hockey? Du soutien de qualité au sein des trios de soutien.

Les deux sont droitiers. Les deux peuvent jouer au centre. C’est la principale position de Mitchell d’ailleurs. Ce dernier pourra donc mettre de la pression sur Manny Malhotra si le vétéran n’arrive pas à maintenir sa séquence offensive de deux matchs consécutifs avec au moins un point... Sa plus longue de la saison.

Mitchell pourra aussi remplace Jacob De La Rose si ce dernier devait connaître une baisse de régime en fin de saison et en séries alors que le jeu lèvera de quelques crans encore. Une baisse de régime qui serait tout à fait normale quand on considère l’âge (19 ans) et l’expérience du jeune suédois dans la LNH (13 matchs)

Avec le plafond salarial qui pourrait figer au lieu de suivre les hausses des dernières années, le fait d’avoir plusieurs joueurs – Gonchar, Petry, Mitchell – qui arrivent en fin de contrat n’est pas un boulet. C’est même une bénédiction. Car si le plafond arrive trop vite, Marc Bergevin ne se rivera pas le nez dedans en raison d’un trop-plein de trop riches contrats.

De bonnes affaires

Si on convient tous que Marc Bergevin n’a pas réussi un coup d’éclat comme celui qui lui a permis de mettre la main sur Thomas Vanek l’an dernier, il a réalisé trois bonnes transactions lundi.

Petry ne lui a pas couté les yeux de la tête. Et s’il coûte plus cher, c’est que le Canadien aura connu du succès en séries.

Flynn a coûté un choix de cinquième ronde l’an prochain.

Et pour Mitchell, non seulement le Canadien l’a acquis en retour d’un choix de 7e ronde et d’un nébuleux prospect – Jack Nevins – mais les Sabres ont accepté de conserver 50 % de son salaire annuel qui est de 2,5 millions $. Aussi bien dire que Bergevin l’a obtenu pour une chanson.

Parce qu’il n’a pas touché à son équipe actuelle, parce qu’il n’a pas sacrifié d’espoir de premier ou deuxième plan, parce qu’il n’a pas payé trop cher en choix au repêchage et surtout parce qu’il a quand même fait de son équipe un meilleur club de hockey bien qu’il n’ait pas été en mesure de mettre la main sur une vedette offensive, Marc Bergevin a connu une autre bonne année en matière de transaction et il mérite une très bonne note pour la dernière journée des transactions.

Il reste maintenant aux joueurs de lui donner raison en jouant à la hauteur des prétentions qu’ils moussent depuis le début de la saison.

Premier dans l’Est, le Canadien demeure l’un des favoris pour se rendre en finale de la coupe Stanley. Avec Carey Price devant le filet, c’est une prétention normale. Surtout que dans l’Est, la course sera ouverte à tous les clubs qui accéderont aux séries. Des clubs qui se sont pas mal tous renforcés au cours des derniers jours. Surtout les Rangers avec Keith Yandle, le Lightning avec Braydon Coburn et les Caps avec Curtis Glencross.

Mais pour maintenir cette place parmi les clubs favoris, il faudra que Price joue comme il le fait depuis le début de l’année. Que PK et Markov l’imitent, que Max Pacioretty continue à remplir les buts et qu’il ait un brin ou deux plus d’aide qu’il en a depuis le début de l’année. Il faudra aussi que le Canadien continue de jouer du hockey hermétique en défensive, car c’est, il faut l’admettre, son arme de prédilection.