MONTRÉAL - Jacques Demers et Réjean Houle en conviennent: la victoire du Canadien de Montréal contre les Bruins de Boston est une bonne nouvelle pour le hockey, car elle a permis de prouver que la vitesse peut venir à bout de la force brute et de l'intimidation.

« Je suis d'accord à 100 pour cent et je pense même que les Bruins de Boston vont devoir s'asseoir et faire un examen de conscience », a affirmé Demers lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

« Quand les petits joueurs du Canadien comme Mike Weaver décident qu'ils ne se feront pas intimider, ça ne marche plus, l'intimidation, a ajouté celui qui était l'entraîneur de l'équipe du Tricolore qui a remporté la coupe Stanley en 1993. Intimider les joueurs à coups de poings sur la gueule, arroser P.K. Subban avec une bouteille d'eau, montrer ses gros bras comme Milan Lucic l'a fait, ça ne marche plus.

« C'est facile de tomber dans le piège, a noté Demers. Mais Michel Therrien en sort grand gagnant d'avoir convaincu ses joueurs de tendre l'autre joue, de garder leur concentration et de continuer à jouer au hockey.

« Le Canadien n'a pas été intimidé, alors les Bruins vont devoir changer leur façon de penser. »

Houle a rappelé que le CH avait réussi le même exploit en venant à bout des Bruins en 1971 et des Flyers de Philadelphie en 1976. Ces deux équipes misaient alors sur la violence.

« Les Bruins et les Flyers ont aussi gagné la coupe à leur façon à eux, a souligné Houle, qui a remporté cinq fois la coupe Stanley avec le Canadien dans les années 1970. Mais on les a battus en misant sur les principes que le Canadien a toujours gardés au cours de son histoire: rapidité, exécution, transition, finesse, attaque à cinq... On n'a pas toujours eu du succès, on a eu des périodes creuses mais dans l'ensemble, c'est resté notre marque de commerce, notre mission. »

À l'heure actuelle, le Canadien est dans le même moule qu'un club comme les Blackhawks de Chicago, selon Demers.

« Pas avec le même talent encore, a-t-il précisé, mais en ce sens où ce sont les Jonathan Toews et Patrick Kane, les meilleurs joueurs de l'équipe, qui contrôlent le match. L'intimidation a déjà fonctionné dans la Ligue nationale, mais ça ne fonctionne plus. »

Le Canadien a maintenant atteint la finale de l'Association Est, un stade bien au-delà des attentes initiales à l'endroit du club de Michel Therrien en vue des présentes séries. Mais il n'y a aucun danger que les joueurs soient repus et qu'il y ait relâchement face aux Rangers de New York, estiment Demers et Houle.

« On sait que rien n'est gagné encore », a noté ce dernier.

« Il n'y aucun risque que ce soit le cas, a lancé Demers. Parce que rendu là, tu commences à compter. Tu te rends compte qu'il te reste juste huit matchs à gagner. Si tu gagnes le premier match de la série, tu te dis qu'il t'en reste sept. Et si jamais tu gagnes aussi le deuxième alors que tu profites du fait de jouer à la maison, il t'en reste six. C'est une façon de voir les choses qui prévient le risque de relâchement. »

Le sénateur canadien s'est dit d'avis que la série Canadien-Rangers sera tout aussi intéressante que celle contre les Bruins, mais pour d'autres raisons.

« On va voir des beaux défenseurs des deux côtés, a déclaré Demers. Il n'y a pas de 'goon' chez les Rangers. Ça va être du beau hockey. Il va y avoir de la rapidité et les deux gardiens de but vont devoir se mettre en évidence. »

« Je connais bien Alain Vigneault puisque je l'ai engagé quand j'étais directeur-gérant (du Canadien), a rappelé Houle. Je sais exactement quelle approche il va avoir. Ce ne sera pas facile du tout. Il y a encore du pain sur la planche, et les gars qui savent. »

Ce sera la 15e fois dans l'histoire de la LNH que le Canadien et les Rangers s'affronteront en séries. Chaque équipe a remporté sept séries jusqu'ici. Lors du dernier duel entre les deux formations, en 1996, la formation new-yorkaise l'avait emporté en six matchs au premier tour.