Premier dans la LNH avec ses 10 remontées gagnantes en troisième période et 23 points récoltés jusqu’ici cette saison, le Canadien est passé proche d’en ajouter une 11e mardi.

Mais voilà : passer proche, c’est juste bon aux fers et à la pétanque.

Au hockey, ça permet simplement de réveiller les partisans en fin de rencontre et de se faire pardonner, du moins en partie, une défaite qui autrement aurait été bien plus cinglante.

En marquant comme ils l’ont fait avec moins de quatre minutes à faire en troisième période, Paul Byron – il est rendu à 19 buts en passant – et Shea Weber – qui en revendique maintenant 16 – ont donc offert un prix de consolation à des amateurs qui espéraient plus de leurs favoris. Ils ont partiellement comblé un recul de 0-3 avant de voir Jonathan Toews marquer dans un filet désert pour confirmer la victoire de 4-2 des Blackhawks aux dépens du Canadien.

Faire mentir un cliché

Parce que le Tricolore a mis un temps fou à marquer son premier but, la défaite aux mains des Hawks a laissé un goût amer dans la bouche de bien des amateurs.

Mais attention!

S’il est vrai que c’est en équipe qu’on gagne et qu’on perd dans la LNH, il est impératif de préciser qu’un joueur est beaucoup plus responsable que l’ensemble de ses coéquipiers du revers encaissé mardi.

Et ce coupable est Alexei Emelin.

Un manque d'opportunisme et un Crawford en forme

Profitant d’une largesse de son nouvel entraîneur-chef Claude Julien qui l’a gardé au sein de la formation alors que le défenseur russe lui avait donné mille et une raisons de l’en exclure avec ses deux dernières performances – il faut lire contre-performances ici – et plusieurs autres qui les avaient précédées, Emelin a une fois encore failli à la tâche.

Sa soirée de travail se résume à des passes ratées, des couvertures ratées, des dégagements refusés, des prises de décision surprenantes aux yeux de tout le monde, à commencer par ses coéquipiers qu’il a plongés dans le trouble du début à la fin de la rencontre.

Emelin a donné trois mises en échec et cadré deux des sept tirs qu’il a décochés. Je ne me souviens pas de ces mises en échec et je me souviens d’un seul tir, très mou, trop mou, décoché par le vétéran défenseur, mais bon : si le marqueur officiel a offert ces statistiques positives à Emelin, je vais le croire sur parole.

Sauf qu’à mes yeux, le fait qu’Emelin ait été envoyé cul par-dessus tête par Tanner Kero en fond de territoire du Canadien en fin de troisième période et qu'il ait présenté un différentiel de moins-3 illustrent davantage la « grande » sortie du défenseur.

Bien trop utilisé

Eh oui! Emelin était sur la glace pour les trois buts marqués par les Hawks aux dépens de Carey Price. Ça lui fait un différentiel de moins-6 à ses trois derniers matchs.

Son partenaire Jeff Petry a également terminé sa soirée de travail à moins-3.

Comme s’il avait eu pitié de Petry, Claude Julien l’a délivré de son bourreau en troisième période alors qu’il a muté Brandon Davidson à la place d'Emelin qui est allé retrouver Andrei Markov.

ContentId(3.1222161):Jeu clé du match : les arrêts de Crawford
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Jordie Benn, qui joue toujours du hockey simple mais solide, s’est retrouvé en compagnie de Shea Weber.

Après cette partie plus que difficile, Jeff Petry a convenu que lui et Emelin en avaient arraché. Et comment! Il a poliment parlé d’un manque de communication.

Ce n’était certainement pas la seule raison.

De fait, que faisait Emelin sur la patinoire mardi contre les Hawks?

Pourquoi l’a-t-on préféré à Nathan Beaulieu qui a été envoyé sur la galerie de presse alors qu’Emelin a été bien plus mauvais que Beaulieu lors du dernier match à Edmonton?

Et aussi, et surtout, pourquoi diable Emelin a-t-il passé 19:37 sur la patinoire alors qu’il connaissait une soirée aussi misérable pendant que Jordie Benn (16:11) et Brandon Davidson (14:42) jouaient du bien meilleur hockey que lui?

Il était clair dès le début de la rencontre qu’Emelin était nerveux. Qu’il était à côté de ses patins. Qu’il était tout croche, ou plus que d’habitude.

ContentId(3.1222160):Jeu de Gaston : erreurs d'Emelin
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Pourquoi l’avoir autant utilisé?

Après son match affreux du 4 mars à New York, Emelin a été envoyé sur la galerie de presse dès la rencontre suivante à Vancouver.

Il est revenu au jeu tout de suite après. Les contre-performances d’Emelin à Calgary et Edmonton ajoutées à celle plus chancelante encore de mardi contre Chicago permettent de douter du bien-fondé de cette décision.

Julien protège ses joueurs

Comme tout le monde, Claude Julien a relevé les erreurs attribuables à Emelin. Des erreurs qui ont miné la 500e partie de Carey Price en carrière avec le Canadien de même que l’effort louable déployé par le reste de l’équipe.

Mais l’entraîneur-chef du Tricolore s’est bien gardé de tomber dans le piège des médias et de critiquer ouvertement son joueur responsable pratiquement à lui seul de la défaite.

« Il y a évidemment bien des choses à corriger dans notre match de ce soir. Il arrive à n’importe quel joueur de connaître un match difficile. Je ne suis pas le genre de gars qui va critiquer un de mes joueurs publiquement. Les critiques que j’ai à faire, c’est dans le vestiaire que je les ferai », a indiqué Claude Julien en français.

Plus tard dans son point de presse, mais cette fois en anglais, Julien a encore refusé de blâmer Emelin. « Je ne décortiquerai pas le match pour vous dire quelles sont les erreurs pardonnables et impardonnables qui ont été commises au cours de la partie. Nous sommes dans un business où la victoire prime sur tout le reste. Pour cette raison, les erreurs sont probablement toutes impardonnables. Mais j’aime mieux porter mon attention sur ce que nous avons fait de bien ce soir. On a obtenu 42 tirs, les joueurs ont offert un bon effort. Ils n’ont pas abandonné. On a marqué notre premier but trop tard et notre niveau d’exécution était inférieur à celui des Blackhawks, mais j’ai aimé la façon dont on a travaillé. »

Vrai que dans l’ensemble le Canadien a bien travaillé.

Alex Galchenyuk a obtenu quelques très bonnes occasions de marquer à son retour au centre de Max Pacioretty et d’Alexander Radulov qui n’a pas joué à son niveau habituel malgré les 6 tirs au but obtenus sur les 10 qu’il a décochés.

Employé à la pointe au sein de la première unité d’avantage numérique, Max Pacioretty ne s’est pas trop mal débrouillé. Il a mieux fait que je m’attendais étant donné le fait qu’il n’a pas le tir frappé le plus puissant et qu’il est loin d’avoir des aptitudes comme passeur.

Le Canadien a été blanchi lors de ses deux attaques massives mardi. Il a donc prolongé à six sa série de parties (0 en 13) sans but marqué en avantage numérique. Il a toutefois obtenu cinq tirs dont deux sont venus de la lame du bâton du capitaine qui s’est servi de tirs des poignets efficaces.

Shea Weber a décoché un grand total de 11 tirs dont cinq ont atteint la cible. C’est sur son dernier qu’il a marqué le but qui a ramené son équipe à un but des Hawks.

Signe que le Canadien a, comme Claude Julien l’a indiqué, effectué du bon travail dans plusieurs aspects du jeu, le Tricolore a décoché un total de 90 tirs – 42 cadrés, 31 bloqués en défense, 17 qui ont raté la cible – alors que les Hawks ont cadré 24 des 51 tirs tentés.

Le Canadien a aussi remporté 40 des 65 mises en jeu disputées lors de la rencontre en plus d’avoir asséné cinq mises en échec de plus (28 contre 23) que les Hawks.

Ces trois statistiques auraient normalement dû propulser le Tricolore vers la victoire, mais les erreurs nombreuses et coûteuses d’Alexei Emelin ont changé la donne.

Et pas pour le mieux.

Vraiment pas!

Un manque d'opportunisme et un Crawford en forme