« Une taloche en arrière de la tête! »
Canadiens vendredi, 15 oct. 2021. 06:31 vendredi, 13 déc. 2024. 22:20MONTRÉAL - Je veux bien croire qu’il est un brin tôt pour paniquer : après tout ce ne sont que deux bien petits matchs dans une longue saison de 82 rencontres que le Canadien vient de disputer.
Mais sans sombrer dans la panique, il est permis d’admettre que la saison commence mal. Qu’elle commence mal en simonac!
Et ça n’a rien à voir avec le pointage final des deux rencontres. Bon! Un peu oui, mais bien plus que les scores finaux de 2-1 en faveur des Leafs et de 5-1 en faveur des Sabres, c’est la façon dont le Canadien a joué dans ces deux matchs qui a de quoi décevoir les partisans les plus loyaux et les plus optimistes.
Tout le monde sait que les absences de Carey Price, Shea Weber et Joel Edmundson rendent plus poreuse encore une défensive qui l’était un peu déjà en raison de son manque de profondeur.
Tout le monde sait que l’absence de Mike Hoffman prive l’attaque massive du joueur que le Canadien est allé chercher justement pour transformer les occasions de marquer en buts. Du moins de temps en temps…
Tout le monde sait que la promotion de Jake Evans au centre du troisième trio est loin d’être vouée à un succès immédiat.
Tout le monde sait que le quatrième trio est plein d’expérience et de bonne volonté, mais qu’il manque cruellement de vitesse, de poids et d’un semblant de punch offensif.
Mais voilà!
Ces lacunes, aussi nombreuses et handicapantes soient-elles, ne peuvent expliquer et encore moins excuser l’absence totale de cohésion, de désir de vaincre et de caractère que les joueurs du Canadien ont affiché jeudi soir à Buffalo.
Le poids des deux matchs en deux soirs a ralenti les petits gars du Canadien?
Foutaise!
Ce serait indécent d’invoquer la fatigue dès le deuxième match. Surtout que le Canadien a peut-être traversé la frontière pour se rendre à Buffalo, mais il n’a quand même pas traversé le continent alors que Toronto est à un jet de pierre de Buffalo.
Eh bien qu’il n’y ait pas de matchs faciles dans la LNH d’aujourd’hui, les Sabres sont loin de former un club redoutable. De fait, ils sont loin de former un club simplement décent. Un club susceptible de prendre part à une course pour une place en séries. Et je ne parle pas ici d’avoir une chance d’accéder au podium, mais bien d’être invité à s’installer sur la ligne de départ.
Mais ces Sabres, aussi moribonds soient-ils, avaient des allures de prétendants au championnat de la division Atlantique tant ils ont dominé le Canadien dans tous les aspects du jeu jeudi.
« On a été mauvais », a candidement reconnu Dominique Ducharme après la défaite.
Quand on lui a demandé s’il était en mesure de relever un aspect positif de la rencontre, le coach a esquissé une moue avant de hocher la tête et de répondre : « Je vais te laisser en trouver un. »
Quand ma collègue Chantal Machabée lui a demandé l’élément qui le décevait le plus dans la longue liste de déceptions dressée au fil des 60 minutes du match que son équipe venait de disputer, Ducharme a répondu : « Dans le fond, c’est la globalité... C’est ça! »
Boum!
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Ducharme en a rajouté en posant un diagnostic clair sur la fièvre qui paralysait son équipe jeudi. «Ça fait trois mois qu’ils se font dire qu’ils sont bons qu’ils sont beaux et à quel point ils sont extraordinaires. À un moment donné, c’est comme quand tu dis à ton jeune de ne pas mettre la main sur le poële. À un moment donné il faut qu’il l’essaye et il la met. Je pense qu’ils l’ont ressenti. Des fois, il faut que tu l’aies la taloche en arrière de la tête pour te réveiller.»
Il sera intéressant de voir si la deuxième défaite consécutive et la manière gênante dont le Canadien a encaissé celle aux mains des Sabres réveilleront les joueurs de Ducharme.
Car en dépit les changements de trios multipliés au cours de la rencontre, le coach n’a pas été en mesure de sonner le réveil de son groupe qui s’est même compliqué la tâche en écopant des pénalités au lieu de tenter de réduire l’écart et en se contentant de demi-mesure en matière d’efforts déployés et d’efficacité au chapitre de l’exécution.
Au-delà les doléances du coach, la pire critique est venue de Brendan Gallagher qui a lancé : «Ils ont eu du plaisir à jouer contre nous ce soir…»
En effet! Et ce n’était pas plaisant à regarder. Du moins pour les partisans du Canadien.
Unités spéciales
Pour un deuxième match de suite, le Canadien a été blanchi en avantage numérique. Quatre fois contre Toronto, quatre fois contre Buffalo.
Le Canadien a aussi encore bousillé une attaque massive de deux hommes. Bon! Elle n’était que de 26 secondes face aux Sabres et non de 104 secondes comme ce fut le cas mercredi à Toronto, mais quand même : le Canadien a été tout sauf incisif lors de ses attaques massives.
Après deux rencontres, il a été blanchi en huit occasions totalisant 13 min 50 s, séquence au cours de laquelle il a évolué pendant 2 min 10 s à cinq contre trois.
Inversement, les Sabres ont marqué trois fois en six occasions jeudi après que les Leafs eurent fait mouche une fois en trois mercredi.
Si je sais bien compter, ça veut donc dire que les adversaires du Canadien ont marqué quatre fois en neuf occasions alors que le Tricolore a été blanchi huit fois de suite.
Il est donc moins-4 au chapitre des unités spéciales après deux matchs. Pas surprenant qu’il ait perdu ces deux rencontres. Car le Canadien aura, surtout en début de saison, un besoin criant d’efficacité en attaque massive pour faire contrepoids à ses lacunes défensives.
Les unités spéciales étant des « bibittes » qui grondent pas séquences et s’endorment pendant d’autres, il ne faut pas, là non plus, paniquer trop vite.
Mais quand même...
Plusieurs sources d’inquiétude
Les marques finales et surtout l’ensemble de ce que le Canadien a fait de moins bon, de mauvais et de très mauvais lors des deux rencontres devraient soulever un brin d’inquiétude... voire deux!
Car pour le moment, Jeff Petry ne joue pas du gros hockey. Surtout en avantage numérique...
Ben Chiarot donne l’impression d’être au-dessus de ses affaires et de croire qu’il est devenu la pierre d’assise de la brigade défensive en raison de la perte de Shea Weber...
Nick Suzuki, peut-être ankylosé par les millions $ qu’il vient de se faire injecter, semble lent sur la glace. Lent sur patins, lent dans ses lectures de jeu, lent dans ses réactions...
Cole Caufield joue comme une recrue que les adversaires savent qu’ils doivent garder à l’œil....
Je continue de croire que c’est Gallagher qui devrait être à la droite de Suzuki et Toffoli et non Caufield. Peut-être que cette mutation s’imposera d’elle-même si la recrue n’est pas en mesure de glisser entre les griffes des adversaires pour mousser la quantité et la qualité des occasions de marquer qu’il obtient...
Chris Wideman joue trop. Je veux bien qu’il ait marqué jeudi, mais il est dangereux à force égale et malgré ses aptitudes offensives, je voudrais voir Petry le plus souvent possible à la pointe à cinq contre quatre et non Wideman...
Samuel Montembeault?
Il n’a pas offert une performance à la hauteur de celle de Jake Allen à Toronto. Mais ses coéquipiers ont été bien plus mauvais face aux Sabres qu’ils ne l’avaient été face aux Leafs…
Le Canadien a une journée pour se regrouper.
Samedi, devant ses partisans, ce serait une bonne idée de ne pas s’écraser une troisième fois de suite alors que les Rangers de New York feront escale au Centre Bell rempli à pleine capacité pour un premier match depuis le confinement imposé en mars 2020. Avec les conséquences que cela représente.
Car si le Centre Bell peut faire du Canadien une meilleure équipe quand la foule la soulève à bout de bras, il peut aussi paralyser les joueurs quand la foule décide de fustiger ses favoris pour signifier son mécontentement.
On va se le dire, après deux revers de suite, on est déjà sur le bord d’un débordement de mécontentement…
En passant, c’est la première fois depuis la saison 2000-2001 que le Canadien perd ses deux premières parties du calendrier régulier.
Il faut remonter à la saison 1995-1996 pour retrouver la dernière fois que le Tricolore a perdu ses trois premiers matchs de la saison. Cette année-là, Jacques Demers et le directeur général Serge Savard avaient été congédiés après quatre défaites de suite. Jacques Laperrière avait perdu la cinquième rencontre avant que Mario Tremblay ne soit embauché comme entraîneur-chef.