C’est quand même curieux : 24 heures après que l’annonce de son acquisition eut contribué à donner des ailes au Canadien qui a surpris un peu tout le monde, mercredi soir, en battant les Ducks d’Anaheim qui trônent au tout premier rang du classement général de la LNH, Thomas Vanek a été incapable d’insuffler la même énergie une fois avec ses nouveaux coéquipiers.

En 23 présences totalisant une utilisation de 15 min 34 s à la gauche d’un trio piloté par Tomas Plekanec et complété par Brian Gionta, Vanek n’a pas récolté le moindre point. Il a terminé sa soirée de travail avec deux tirs tentés dont un seul a atteint la cible. Son différentiel de moins-1 est la seule autre statistique associée à sa première sortie dans l’uniforme tricolore.

Pis encore, Vanek n’a pas été en mesure de tirer profit de ses 4 min 11 s d’utilisation en avantage numérique. Le Canadien, qui aura grand besoin d’une attaque massive redoutable pour ajouter des victoires d’ici à la fin de la saison et surtout pour se démarquer une fois les séries éliminatoires amorcées, s’est contenté d’un but en cinq occasions hier. Dont quatre au cours de la seule période médiane. Et encore! Le seul but marqué en attaque massive l’a été par Alex Galchenyuk alors que le Canadien profitait d’une supériorité numérique de deux joueurs. Ça aide. Mettons!

Résultat : alors qu’un peu tout le monde avait identifié le match opposant le Canadien aux Coyotes comme étant celui que le Tricolore avait le plus de chances de gagner, Thomas Vanek et sa nouvelle équipe ont encaissé un revers de 5-2.

Malgré cette première sortie timide autant de Vanek que de sa nouvelle équipe, il est important de lancer un appel au calme : cette défaite ne signifie pas que l’acquisition de l’Autrichien mercredi, une acquisition saluée positivement aux quatre coins de la LNH, est soudainement devenue un mauvais coup. Une mauvaise décision.

Ça non!

Il faudra accorder du temps à Vanek pour qu’il apprivoise sa nouvelle équipe, ses nouveaux coéquipiers.

Et bien que le slogan du Canadien soit : « pas d’excuses! », il faut quand même souligner que Vanek et ses nouveaux coéquipiers ont amorcé le match avec, comme seule préparation, l’échauffement d’avant partie.

Parce que son équipe est débarquée à Phoenix à 3 h du matin, Michel Therrien n’a pas eu d’autre choix que d’annuler l’entraînement matinal. Parce qu’il se levait à l’heure où ses nouveaux coéquipiers débarquaient de l’avion afin de se rendre à son tour à l’aéroport pour effectuer l’envolée vers l’Arizona, Vanek n’était pas non plus dans les meilleures dispositions pour amorcer sa carrière avec le Tricolore et impressionner ses nouveaux fans.

Et vous savez quoi?

Il se pourrait que ce soit encore la même chose samedi, à San Jose, alors que le Canadien affrontera non seulement un gros club – les Sharks ont comblé hier soir un déficit de 0-2 pour finalement battre Sidney Crosby et les Penguins de Pittsburgh 5-2 – mais en sera à un cinquième match en huit jours. À un septième en 11 jours. C’est beaucoup. En fait, c’est énorme.

Si Vanek n’a rien cassé à sa première rencontre, la responsabilité du revers doit être partagée par l’ensemble de l’équipe… avec une part un brin ou deux plus grosse servit au gardien Peter Budaj qui a accordé cinq buts sur 23 tirs.

Vivement le retour de Carey Price…

Weaver ou Bouillon

À la décharge de Budaj, la brigade défensive devant lui est loin d’avoir été à la hauteur.

Privée de Josh Gorges – il est rentré à Montréal en raison des contrecoups d’une blessure à une main subie le premier match dernier lorsqu’il a bloqué un tir de Phil Kessel – cette brigade était complétée par Mike Weaver hier.

Endossant le chandail no 43 que Patrice Brisebois portait avec le Canadien, Weaver s’est rendu coupable d’une erreur qui a conduit au premier but des Coyotes marqué tout juste après la deuxième minute de jeu. Il a aussi écopé une pénalité qui a permis aux Coyotes de gonfler à 4-2 leur avance en troisième période. Un but qui a miné toute chance de remontée du Tricolore qui a ensuite levé le pied en fin de rencontre.

Si on doit afficher la même clémence à l’endroit de Weaver qui en était à un premier match lui aussi qu’à Vanek, on peut quand même se demander pourquoi le Tricolore l’a acquis mardi.

Vrai que le Canadien savait que Gorges était bien plus mal en point que les journalistes et amateurs le savaient. Vrai aussi qu’une équipe n’a jamais trop de défenseurs au sein de son organisation. Vrai aussi que Weaver est un droitier naturel. Une denrée rare chez le Canadien alors que seul Subban tirait de la droite avant son acquisition. Mais est-il nécessaire de rappeler à la direction du Canadien qu’elle a mis sous contrat Francis Bouillon l’an dernier justement pour remplir le rôle qu’on semble vouloir confier à Weaver ?

Utilisé lors de 38 parties seulement depuis le début de la saison, Bouillon a été rayé de la formation lors des six dernières rencontres. Il a raté 14 des 15 dernières parties. Et non! Ce n’est pas à cause d’une blessure. À cause de la trêve olympique, cela fera un mois samedi que Bouillon aura disputé son dernier match.

J’espère que la direction du Tricolore ne se servira pas de cette excuse pour lui préférer une fois encore Mike Weaver lors de la rencontre face aux Sharks à San Jose.

Vrai que Bouillon a ralenti. Vrai qu’il est gaucher. Vrai qu’à 38 ans, il est de trois ans l’aîné du nouveau défenseur du Canadien. Sauf que Bouillon a prouvé plusieurs fois qu’il pouvait tenir son bout sur le côté droit, il a prouvé plusieurs fois qu’en dépit de son âge il est encore capable de bien jouer l’homme, d’asséner de bonnes mises en échec, et d’orchestrer des sorties de zone efficaces.

Pas question de dénigrer Weaver qui est un défenseur honnête. Mais on peut sérieusement se demander pourquoi Marc Bergevin l’a mis sous contrat l’été dernier s’il lui préfère aujourd’hui un défenseur qui n’a rien, ou pas grand-chose, de plus à offrir que lui.

À moins que ce contrat ait été une façon de remercier le petit défenseur au grand cœur pour l’ensemble de ce qu’il a offert au Tricolore durant sa carrière.

Mais même si c’était le cas, la meilleure façon de le remercier serait de le faire jouer. Et si Michel Therrien le faisait, il obtiendrait autant de Bouillon qu’il a obtenu de Weaver jeudi. Et qu’il obtiendra de l’ancien des Panthers.

On verra.