Vivre son rêve
Canadiens dimanche, 3 mars 2013. 22:40 vendredi, 13 déc. 2024. 23:39C'est avec plaisir que je me joins à l'équipe de RDS et RDS.ca à titre d'analyste et collaborateur. Je tenterai de partager avec vous mon expertise acquise autant sur la glace que hors glace.
Le Canadien
Comme plusieurs jeunes ayant grandi à Montréal, jouer pour le CH était un rêve d'enfance. Je me suis imaginé à maintes reprises en train de fouler la glace du Forum et du Centre Molson. Plusieurs matchs de hockey dans la rue ou au parc Beaulac de ville St-Laurent étaient des 7es matchs contre les Bruins de Boston et j'étais le « Petit Viking » Mats Naslund. Une fois les devoirs terminés, beau temps mauvais temps, nous y étions. Je vous dirais même que quelques matchs se déroulaient comme les vrais et les émotions étaient au rendez-vous.
En juillet 2009, à l'âge de 32 ans, je reçois une offre de mon équipe préférée qui me donne l'opportunité d'intégrer la légendaire famille des Canadiens de Montréal. Bien que le but de mon embauche était d'aller encadrer les jeunes de l'organisation à Hamilton, je gardais ce rêve bien en tête. Je voulais simplement jouer au moins un match pour cette équipe et avoir la satisfaction de dire que j'ai joué un match avec le chandail bleu-blanc-rouge.
Le 19 janvier 2010, en pleine pause du match des étoiles de la Ligue américaine de hockey, je reçois un appel de Bob Gainey me demandant de me rendre à Montréal pour être de l'alignement le lendemain contre les Blues de Saint Louis. On me dit que je jouerai mercredi, samedi et dimanche puis « nous allons réévaluer la situation après ces trois matchs ». Dans le monde du hockey, cette phrase veut dire : « vient jouer trois matchs parce que nous ne sommes pas heureux de quelques joueurs et puis tu retournes dans les mineures après ». Honnêtement, j'étais seulement concentré sur ce premier match puisque j'allais vivre le rêve d'une vie: enfiler le célèbre chandail du CH.
Jacques Martin me permet même de commencer la rencontre aux côtés de Plekanec et Cammalleri. J'étais encore plus excité que lors de mon premier match dans la LNH en février 2001 et je le ressentais en étant sur la ligne bleue durant les hymnes nationaux. Nous perdons le match 4-3 en prolongation. Pour ma part, je joue un match très ordinaire et en 3e période, je ne fais aucune présence.
Après un match d’un but et une passe dans une victoire au New Jersey deux jours plus tard et une passe dans une autre victoire le lendemain, je réussis à éviter le retour aux mineures après ces trois matchs. Cette première saison n'a fait que s'améliorer quand on m'a annoncé deux semaines plus tard que je restais à Montréal pour le reste de la saison. Quelle sensation! Le seul regret était que mon épouse Stéphanie et mes deux garçons ne pouvaient se joindre à moi puisque les enfants étaient à l'école. Comble du bonheur, nous avons vécu toute une expérience en séries en atteignant la finale d’association contre toute attente. Je souhaite à tous joueurs d'avoir la chance de vivre un moment comme celui-là (et encore plus) à Montréal. Aucune ville de la LNH ne peut approcher le niveau de passion des amateurs montréalais.
Trois ans plus tard
Mes trois saisons avec le CH resteront gravées à tout jamais dans ma mémoire autant en raison de l'équipe que des partisans. Malgré les insuccès de la dernière saison, je suis convaincu qu'il n'y a pas meilleur endroit pour jouer au hockey. J'ai toujours dit qu'il n'y a jamais de mauvais moment pour jouer pour le CH, il y en a de plus difficiles mais jamais de mauvais. C'est avec grande fierté que je peux dire que j'ai pris ma retraite en tant que Canadien et que je ferai partie des anciens Canadiens à tout jamais.
Je vais m'ennuyer de me présenter au Centre Bell où tout match est important, d'entendre Michel Lacroix annoncer « mesdames et messieurs, accueillons nos Canadiens » et de vous entendre, vous les partisans, nous acclamer dans les bons moments, comme les moins bons. Samedi dernier, je suis allé voir mon premier match au Centre Bell depuis ma retraite et je dois admettre que je ressentais les fourmis dans les jambes durant les hymnes nationaux si bien chantés par Charles Prévost-Linton. Comme plusieurs autres joueurs à la retraite m'ont mentionné, ces sentiments restent en nous très longtemps.