Le Canadien a perdu. Encore? Oui encore! Il s’est incliné 4-1 aux mains des Bruins de Boston qui n’ont pas eu à disputer un grand match pour battre le Tricolore.

Malgré les conséquences néfastes de cette autre défaite et le poids de plus en plus lourd d’une séquence noire de 16 revers (16-4-1) lors des 21 dernières parties, c’est Michel Therrien qui est venu défendre son équipe après le revers. Car non, il n’a pas été congédié sur-le-champ après la défaite.

Une fois devant les journalistes, Michel Therrien a adopté la stratégie selon laquelle la meilleure défensive est l’attaque.

Après avoir répondu laconiquement à la première question, Therrien a pris le crachoir. Il s’est lancé à fond la caisse dans une défense de ses joueurs. De tous ses joueurs. Il a sommé quiconque oserait le faire à se taire plutôt qu’à dénoncer le manque d’effort de ses joueurs. En réplique au fait que le Canadien a une fois encore été victime du premier but, Michel Therrien a martelé que son équipe avait bien entrepris le match, qu’elle avait obtenu des tirs, des occasions de marquer. Qu’elle lui donnait ce qu’elle avait à donner. Ah bon!

Rarement l’avait-on vu aussi émotif après un match que ce soit après une victoire ou après une défaite. Ferme dans ses propos, le coach a été victime de quelques séquences au cours desquelles sa voix tremblante témoignait une colère évidente. Une frustration plus évidente encore.

Therrien a aussi défendu Andrei Markov. Se faisant, il a condamné les quelques partisans qui ont hué la performance du vétéran défenseur qui, il faut le dire, a connu un match difficile. Un match atroce en fait.

Le principal intéressé a reconnu être l’unique responsable du premier but, marqué par Maxime Talbot, sur une passe de Markov qui a ensuite fait dévier le tir du Québécois derrière Mike Condon. Michel Therrien a aussi admis que Markov avait connu une soirée difficile. Mais il l’a défendu bec et ongle en plaidant que son vétéran était un vrai professionnel, qu’il avait toujours tout donné à son organisation et qu’à 37 ans il était normal que certains soirs le corps ne suivait pas les directives données par la tête.

Comme le Canadien s’est défendu à cinq arrières après la blessure qui a chassé Nathan Beaulieu du match, les difficultés de Markov ont davantage été mises en évidence. D’où les huées qu’il a essuyées.

Therrien a été aussi incisif dans sa défense du « jeune » gardien Mike Condon qui a été victime de trois buts hier dont deux marqués à ses dépens alors que les joueurs des Bruins ont contourné son filet avant qu’il n’ait le temps de compléter ses déplacements. À la décharge de Condon, il est vrai qu’Alexei Emelin l’a fait tomber sur le premier et que David Desharnais le gênait sur le deuxième.

Encore une fois très mal appuyé par une attaque anémique et mal soutenu par une défensive poreuse qui lui complique même le travail, Mike Condon a prouvé que seul Carey Price peut sauver le Canadien match après match.

Et Carey Price est encore loin d’un retour au jeu.

Si Therrien a défendu ses joueurs et surtout l’effort qu’ils déploient tous les soirs, les joueurs par le biais de leur capitaine ont aussi défendu leur entraîneur-chef et ses adjoints qui selon Max Pacioretty abattent un travail colossal.

Cris du cœur!

Ces cris du cœur de Michel Therrien et de Max Pacioretty ouvrent la porte à une quantité d’interprétations.

Ont-ils simplement trouvé une façon efficace de détourner l’attention sur la triste réalité que le Canadien a encore perdu?

Car au-delà les plaidoiries de Michel Therrien et de son capitaine, il est faux de dire que le Canadien a été sans tache et sans reproche sur le plan du travail mardi. Oui il a bien amorcé la rencontre, mais c’est encore lui qui a accordé le premier but.

Oui il a bien amorcé la période médiane également. Une période au cours de laquelle Mark Barberio a offert une autre preuve de son talent offensif en décochant un tir foudroyant sur la réception d’une belle passe de P.K. Subban.

Outre les bons débuts de première et deuxième période, outre quelques bonnes séquences en période médiane, le Canadien est tombé à plat lorsque Patrice Bergeron a donné les devants 2-1 aux Bruins. Et en troisième, le Canadien n’a rien cassé. Rien de rien.

Ont-ils lancé un message d’impuissance clair? Un appel à l’aide au directeur général Marc Bergevin?

C’est possible.

Car si l’effort est là comme l’assure Michel Therrien, si l’équipe d’entraîneurs prépare très bien le groupe de joueurs comme l’assure le capitaine Max Pacioretty, comment expliquer que le Canadien est toujours la pire équipe de la LNH depuis le début du mois de décembre avec sa piètre récolte de neuf points sur une possibilité de 42?

Comment expliquer qu’il n’a marqué qu’un but hier pour la neuvième fois depuis le début de sa séquence noire?

Comment expliquer qu’il s’est contenté de deux buts ou moins 16 fois lors des 21 derniers matchs?

Comment expliquer que l’attaque massive a été blanchie en cinq occasions hier ; qu’elle a maintenant été blanchie 15 fois lors des 21 dernières rencontres et que lors de cette séquence elle s’est contentée de six buts en 67 occasions pour une efficacité de 8,9 %?

Comment expliquer que sur les 39 tirs cadrés par les joueurs du Canadien et les 71 décochés au cours du match, on a relevé huit, neuf peut-être dix bonnes occasions de marquer pour le Tricolore?

Si l’effort est là et que la préparation est là elle aussi, ça veut dire que le coach sort ce qu’il a sortir de son équipe et que l’équipe offre ce qu’elle a à offrir. Du moins c’est ce que je crois comprendre.

C’est donc au-dessus du vestiaire et au-dessus du bureau des entraîneurs qu’on doit regarder pour trouver les réponses à ces questions. Ça veut donc dire que c’est Marc Bergevin qui ne donne pas à son coach les joueurs susceptibles de transformer l’effort déployé par les joueurs qu’il a sous la main en un nombre suffisant de buts pour gagner.

Ça veut donc dire que Michel Therrien et son capitaine réclament de l’aide extérieur. Une aide qui dépasse un simple congédiement, ou une transaction mineure.

C’est du moins ce que j’entends derrière ces cris du cœur.

Hors des séries

Ces cris du cœur du coach et de son capitaine permettent aussi de passer un brin ou deux sous silence la principale conséquence néfaste du revers aux mains des Bruins.

Car au lendemain de cette autre défaite, le
Canadien se réveille ce matin hors des séries éliminatoires pour la première fois de l’année.

Eh oui! Après son glorieux et historique début de saison, voici le Tricolore au 10e rang dans l’Est derrière les Devils du New Jersey qui ont battu les Flames de Calgary 4-2 et les Sénateurs d’Ottawa qui n’ont pas eu à jouer pour devancer le Tricolore au classement.

Le Canadien doit même remercier les Maple Leafs de Toronto qui ont marqué avec huit secondes à faire en troisième pour battre les Flyers de Philadelphie qui, avec une victoire, auraient eux aussi devancé Montréal au classement.

Remarquez que ça pourrait arriver avant longtemps. Car les Flyers ont trois matchs en mains pour effacer le déficit de deux points qu’ils accusent sur le Canadien. Et il ne faudrait pas oublier les Penguins qui ont un petit point de retard et deux matchs en mains pour le combler.

Comme quoi la série noire du Canadien se poursuit. Comme quoi la glissade continue et qu’il est permis de se demander où diable elle se terminera. Comme quoi en dépit le fait qu’il soit toujours en poste et qu’un changement d’entraîneur-chef serait loin d’assurer une remontée immédiate du Canadien au classement, Michel Therrien devra composer encore avec les appels à son congédiement.

Ce manège ne pourra s’éterniser encore bien longtemps. Surtout si le Canadien perd encore samedi à Toronto et qu’il se fait balayer par Columbus la semaine prochaine.

Ça semble clair.

Car à un moment donné, ce sont les résultats, ou le manque de résultats puisque c’est ce dont il est question ici, qui dicteront à la haute direction les mesures à prendre.

Mais pour le moment, la grande question demeure de savoir combien de temps encore le propriétaire Geoff Molson acceptera de voir son équipe piquer du nez, être bafouée comme elle l’a été mardi par les Bruins et aussi, et surtout, être ridiculisée par des partisans qui, las d’assister à des défaites, ont copieusement hué leurs favoris dans un Centre Bell qu’on avait rarement vu aussi calme, peut-être même jamais dans le cadre d’un duel contre Boston.

Ça prendra quelques victoires pour l’aider à patienter jusqu’au retour de Carey Price. À moins que le Canadien au grand complet décide de maintenir son plongeon au classement pour aller chercher un des très bons jeunes espoirs qui seront disponibles au prochain repêchage.

Pour le moment, je refuse de croire que le Canadien puisse adopter cette stratégie. J’y croirai si jamais on nous annonce que la réadaptation de Carey Price stagne au point de le contraindre à subir une opération. Mais d’ici à un éventuel scénario catastrophe, je m’en remets à la patience du grand patron.

Geoff Molson est passé devant le vestiaire de son équipe alors que les journalistes attendaient l’ouverture des portes. Son manteau déjà bien attaché, son foulard bien enroulé autour de sa nuque, Geoff Molson était prêt à aller affronter le froid à l’extérieur. Est-il aussi bien équipé pour affronter la grogne des partisans qui font vivre son équipe?

La question mérite d’être posée. La réponse finale mettra peut-être du temps à tomber. Ou peut-être pas.

On verra. 

30 Minutes Chrono : les efforts et les résultats du Canadien

« Que personne ne critique l'effort de ce groupe »
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