Guy Carbonneau a vécu sa première tempête cette semaine depuis qu'il est à la barre du Canadien. À mes yeux, un entraîneur devient véritablement un coach dans la Ligue nationale lorsqu'il fait face à l'adversité.

Dirigé la plus grande équipe au monde n'est jamais facile parce tous les réflecteurs sont braqués sur l'entraîneur. Ce dernier a un job à faire et parfois, il doit prendre des décisions difficiles. Un entraîneur recrue est testé par tout le monde. Que ce soit des joueurs jusqu'aux journalistes en passant par le directeur général de l'équipe qui se demande s'il a fait le bon choix.

Sa décision de laisser Craig Rivet et Sergei Samsonov de côté mardi était courageuse. À mon avis, Guy Carbonneau a passé le test. Ces tempêtes vont lui permettre de devenir un meilleur entraîneur dans la LNH.

Inutile de dire que la lune de miel entre Carbonneau et ses joueurs est terminée. Les joueurs ont constaté que Carbo n'était plus un adjoint et qu'il n'hésiterait pas à prendre des décisions pour le bien de l'équipe. Guy était adjoint auparavant et il connaît bien les joueurs. Tout le monde sait que les relations avec les joueurs sont différentes pour un adjoint que pour un entraîneur chef.

Je dois avouer que j'étais un inquiet pour Guy quand il a décidé de retirer Rivet de la formation. On n'envoie pas l'assistant capitaine, vétéran de 12 saisons, dans les estrades à la légère. Je suis convaincu qu'il a pris cette décision en concertation avec Bob Gainey. Je dois avouer aussi que j'étais encore plus inquiet pour Carbo après la défaite face aux Canucks parce qu'il avait perdu son pari. Au moins, la victoire contre Atlanta m'a rassurée.

Je pense que Carbonneau a été enchanté de la réaction de Rivet. Ce dernier était furieux d'avoir été retranché. Quant à Sergei Samsonov, il a bien réagi à son retour au jeu. Ce que je comprends mal, c'est pourquoi il a téléphoné à son agent. Il devrait savoir que son agent ne peut rien changer à une décision de gestion interne du Canadien.

Je ne connais pas beaucoup d'entraîneurs recrues qui auraient pris les mêmes décisions que Carbonneau cette semaine. Ça prend du cran pour le faire. C'est le signe qu'il se sent bien dans ses fonctions et qu'il se sent appuyé par la direction. Ça fait de lui un meilleur entraîneur qu'il était en début de campagne.

D'autre part, aucun joueur ne peut prétendre que le rendement chaotique du Canadien ces derniers temps était dû à la fatigue. Carbonneau a accordé tellement de repos à ses hommes cette saison pour leur permettre de récupérer, qu'ils ne peuvent se plaindre.

À mes yeux, Saku Koivu est le seul joueur qui pourrait invoquer la fatigue. Dans son cas, les choses sont différentes parce qu'il a peut-être moins d'endurance depuis qu'il a été malade. C'est aussi beaucoup grâce à lui si le Canadien a connu autant de succès en première moitié de saison. Je ne serais donc pas surpris d'un petit relâchement de son côté.


Évaluation

Le passage à vide du Canadien laisse bien sûr un doute. On se demande si le Tricolore a joué au dessus de sa tête en début de saison ou si ce sont les autres équipes qui s'améliorent et s'ajustent. Ce doute sera dissipé si l'équipe recommence à gagner sur une base régulière.

Si les unités spéciales fonctionnent bien et que Cristobal Huet continue d'être parmi les étoiles à chacun des matchs, les chances de gagner sont bonnes. Ce n'est pas le temps de paniquer lorsqu'une équipe perd. La meilleure chose qui pourrait arriver est que l'équipe se remette à gagner et que Bob Gainey ait une une bonne évaluation de son club. S'il le faut, il fera alors les changements nécessaires.

Alex Kovalev est visé par plusieurs cette saison. J'imagine qu'il sera difficile à échanger, lui qui a toujours deux ans à son contrat avec une rémunération 4,5 milliions par année. Il n'est pas dit toutefois qu'il ne visitera pas la galerie de presse comme Rivet et Samsonov. Si Carbonneau l'a fait pour Rivet, il peut le faire pour n'importe quel joueur.


Le match des espoirs

J'ai vécu une expérience fantastique au match mercredi au Colisée Pepsi de Québec derrière le banc avec les espoirs. Je remercie Gilles Courteau de l'opportunité qu'il m'a donnée. Nous avons tous été très bien reçus par Patrick Roy et monsieur Courteau.

De revoir Pat Burns, Michel Bergeron, Scotty Bowman et Benoît Groulx, qui fera un jour le grand saut dans la LNH, c'était vraiment plaisant. Nous avons eu du plaisir à voir des jeunes affamés et sérieux. Sur les 40 espoirs présents, il y en aura peut-être huit ou dix qui vont réussir à se tailler une place dans le circuit Bettman.

Ça été assurément une expérience enrichissante. J'ai même dit à Patrick Roy que si j'avais à revenir dans le monde du coaching, -ce que je ne ferai pas- je voudrais le faire au niveau de la LHJMQ. Je pense sincèrement que j'aimerais aider les jeunes à progresser.

Il y avait beaucoup de talent sur la glace. J'ai retenu les noms de trois joueurs: Keven Veilleux des Tigres de Victoriaville, Brandon Sutter, le fils de Brent Sutter, et Angelo Esposito des Remparts qui ont tous un bel avenir devant eux dans la LNH.


*propos recueillis par RDS.ca