C'est avec tristesse et consternation que nous avons appris en fin d'après-midi le décès de René Lecavalier, commentateur sportif émérite à la Société Radio-Canada durant de nombreuses années.

Monsieur Lecavalier est décédé à l'âge de 81 ans à sa résidence de Montréal.

Embauché par Radio-Canada en 1937, René Lecavalier n'avait pas tardé à faire sa marque pour obtenir un poste d'annonceur.

C'est au début des années 50 qu'il décrivit son premier match de hockey des Canadiens à la télévision.

34 ans plus tard, il était intronisé au Temple de la Renommée du hockey et pour cause.

Dans son travail à la Soirée du Hockey, il avait littérallement réinventé le langage de ce sport, initiant les téléspectateurs à toute la finesse de son vocabulaire.

René Lecavalier fut également de toutes les couvertures télévisées des Jeux olympiques de 1960 à Rome à 1980 à Lake Placid.

Ironiquement, Monsieur Lecavalier est décédé, exactement 47 ans jour pour jour après l'entrée en ondes de la télévision de Radio-Canada.

Notre collègue Pierre Houde a eu la chance de travailler avec René Lecavalier à Radio-Canada...

"Je commençait modestement ma carrière...Ce fut la première fois que j'ai eu le bonheur de connaîte ce grand homme.

C'était le quatre décembre 1983. Je commençais timidement à la télé. Après ce reportage, j'ai demandé à René Lecavalier, qui était mon idole, comme à tous ceux qui pratiquait le métier, je lui ai demandé si on pouvait se parler une quinzaine de minutes pour connaitre certains trucs, ce qui l'avait marqué dans sa carrière. Il a dit premièrement, Pierre, ne m'appelle plus jamais monsieur, appelez moi René. Je venais de découvrir le côté simple de cet homme. Il a ensuite accepté avec plaisir et on a pris une heure de son temps pour parler de tout et de rien. Un an plus tard, au Jeux de Los Angeles, nous nous sommes côtyer pendant trois semaines.

Je n'aurais pas la prétention de l'avoir côtoyé comme Richard Garneau, Pierre Dufault ou Raymond Lebrun ou même Claude Quenneville. Serge Arseneault avec qui, on parlait justement de René dans les dernièes semaines, on projetait de manger ensemble. Je l'ai côtoyé très peu, mais assez pour comprendre qu'il avait toutes les qualitées qu'on lui reconnaissaient dans la forme de son travail, la diction, la prononciation, le vocabulaire étaient tout à fait extraordinaire. L'image impeccable en ondes, etc. Mais les conseils qu'il m'avait donnés n'étaient pas reliés à ça. Il m'a dit de penser à ce qui était important pour moi; l'émerveillement, la passion, la curiosité... Tant que vous alimenterez ça de façon quotidienne, ce sont là les vraies chances de réussite dans votre carrière. Je n'ai jamais oublié ça, c'est devenu ma nourriture quotidienne.

Étonnamment, René a toujours fuit les honneurs, il était très timide et très réservé.

Il a refusé à peu près toutes les assignations qu'on pouvait lui offrir. Il a accepté quelques fois, après sa retraite. Par exemple Rendez-vous 87. Me Aubut avait eu la bonne idée de lui offrir le siège de descripteur, vu le caractère grandiose de l'évènement. Il a accepté un doctorat honoris cosa. Aussi, l'intronisation au Panthéon des sports du Québec dont je garde une magnifique photo.

Il en a accepté de cette façon mais a toujours refusé les autres. Il m'avait dit une fois, car on était assis ensemble au panthéon des sports du Québec, Pierre, j'accepterai tout ça lorsque je serai mort alors je ne serai plus là pour dire non, vous me rendrez tous les hommages que vous voudrez. Entre-temps, je me garde le privilège de les refuser. Il était très privé.

Faut parler de l'influence qu'il a eu sur tous les descripteurs de hockey. Il a ouvert la porte.

Il y a eu d'autres pionners, Zotique l'Espérance à l'époque de CKAC au début du siècle. Je pense à Michel Normandin qui a touché à la télé mais je retiens ce que Roland Saucier a dit à l'époque, qui était un pionniers de la soirée du hockey avec Guy Désormeaux. Il avait choisi René Lecavalier pour la télévision parce qu'il avait dit que cet homme inventerait le métier de descripteur à la télévision. Et c'est ce qu'il a fait. Mais le plus important qu'il a laissé, dépasse largement le cadre du sport. Ce fut un grand homme, un communicateur hors-pair avec une culture générale extraordinaire. C'est de ces qualités plus subjectives qu'on doit se nourrir nous dans le métier qu'uniquement par la superbe forme qu'il a toujours démontré."


Réactions...
Richard Garneau
"On se fréquentait au moins une fois par mois, on mangeait ensemble et on se téléphonait toutes les semaines. D'ailleurs, je lui ai parlé hier soir et je me suis rendu compte, parce que j'avais mangé avec lui il y a trois semaines et il était en bonne forme, mentalement et physiquement. Mais hier soir, il avait une voix tremblante et inquiète. Il me disait qu'il avait mal aux os, qu'il ne pouvait pas se coucher. Il n'avait pas dormi de la nuit, il avait toute sorte de petits bobos. Je lui ai dit d'aller voir un médecin alors il a dit: 'Écoute, c'est le week-end et je vais attendre à mardi. Malheureusement, il ne s'est pas rendu..."

Gilles Tremblay
" Juste le fait de le côtoyer, de travailler avec M. Lecavalier, c'était quelque chose d'assez impressionnant pour moi. Je lui avait demandé dès le départ, si je devais prendre des cours de français, car lui, les fautes de français, il n'en faisait pas beaucoup. On a qu'à écouter des films, on ne trouvera pas souvent de fautes. il m'a dit que si je pouvais être réceptif et montrer de l'amélioration, il allait être mon professeur."

Lionel Duval
" Pour moi, René c'était un père, pour son travail et pour l'amitié qu'il a eu envers moi et mes confrères de travail. Il est un peu responsable de la venue du sport dans d'autres stations, comme RDS. Avant, c'était Jean-Maurice Bailly, décédé maintenant et René Lecavalier."