Durant quelques années, le Québec a été une terre d’accueil pour les joueurs biélorusses. Les frères Kostitsyn y ont été adulés et critiqués. Sergei et Andrei n’ont laissé personne indifférent durant leur passage à Montréal, mais ils nous en ont peu appris sur leur pays d’origine. Cette ancienne république soviétique demeure, encore aujourd’hui, un endroit mystérieux pour la majorité des Québécois.

Daniel Corso, lui, connaît bien ce pays. Il en a fait son principal port d’attache depuis sa mise sous contrat par le Dinamo de Minsk à l’hiver 2011. Le Montréalais a seulement joué une saison complète pour ce club de la KHL, mais il n’a jamais vraiment quitté le Bélarus depuis sa mise à pied en septembre 2012. L’ancien des Tigres de Victoriaville est tombé en amour, et pas seulement avec la patrie.

« Ma copine vient d’ici. Lorsque j’ai perdu mon emploi au Dinamo, je suis donc resté à Minsk et je me suis entraîné avec le Yunost jusqu’à ce que je signe en Suisse. La saison suivante, je me suis encore entraîné ici avant d’aller en Finlande. Après avoir résilié mon contrat, je suis revenu garder la forme à Minsk jusqu’à mon retour en Suisse. En fait, jouer ici, c’est comme être à la maison. Je vais seulement au Québec voir mon fils durant les trois mois de l’été. »

Daniel s’entraîne dans le Tchyjowka-Arena avec le deuxième club de la capitale biélorusse. Le Yunost est un club fondé en 1994. Il joue dans le Championnat national du Bélarus. Les dirigeants du club ont longtemps essayé de recruter l’ancien du Dinamo, mais les deux parties n’ont réussi à s’entendre que cette année.

Daniel Corso« On ne s’entendait pas sur la clause échappatoire. Ils ne voulaient pas me la donner. Je voulais pouvoir briser le contrat si on m’offrait quelque chose de plus payant ailleurs. Ça fait deux ans que je m’entraîne avec eux et ils veulent me mettre sous contrat depuis le début. En Suisse, les salaires sont trois à quatre fois plus élevés que dans l’Extraliga. Je ne voulais pas perdre une occasion d’aller jouer ailleurs. Ils me l’ont finalement accordé cette année. »

Le Montréalais a tout pour plaire au Yunost. Le club sait à quoi s’attendre de lui. Le directeur général de l’équipe, Alexei Torbin, a travaillé pour le Dinamo de Minsk. Il est donc l’ancien patron de Daniel. Le Québécois est aussi connu du public. Son passage dans la KHL en a fait une vedette à Minsk. On le trouve même sur les panneaux publicitaires de l’équipe et sur les affiches collées dans les wagons de métro.

« Lorsque je jouais pour le Dinamo, les gens m’aimaient beaucoup. Je suis un joueur rapide, malgré mes 36 ans. Je joue agressivement et le public aime ça. Ils m’appellent "Ironman". Ils sont surpris qu’à mon âge je sois en forme à ce point. J’ai acquis cette réputation au Dinamo. J’étais premier de classe dans tous les tests d’aptitudes physiques malgré mes 33 ans. »

Le joueur de centre montréalais a gagné la confiance des dirigeants du hockey biélorusse. Daniel pense peut-être devenir entraîneur dans ce pays après sa carrière. Le gouvernement investit beaucoup d’argent dans le hockey depuis la fondation de la KHL. Le sport national du Canada est aussi rapidement devenu le plus populaire du Bélarus.

Deux amphithéâtres multifonctionnels ont été construits pour les Championnats mondiaux de hockey de 2014. L’Aréna-Minsk peut accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs lors des matchs du Dinamo, tandis que le Tchyjowka-Arena a 9000 sièges. La passion du président du pays, Alexander Lukashenko, serait à la source de cette ruée vers le hockey.

« Je crois que le président fait de bonnes choses, ici. Il fait en sorte que les gens puissent aller aux matchs même s’ils n’ont pas beaucoup d’argent. Ça paraît qu’il aime vraiment le hockey. Ils ont misé beaucoup sur le lock-out de la LNH et ils ont dépensé de gros montants d’argent pour recruter Pekka Rinne, Joe Pavelski et Evander Kane au sein du Dinamo. Cette année, le club a plusieurs bons joueurs canadiens, tels Jonathan Cheechoo et Charles Linglet. Ils ont une bonne équipe. »

L’équipe nationale compte aussi sur un groupe important d’étrangers. Le nouvel entraîneur de la formation est Dave Lewis. L’ancien défenseur des Islanders peut aussi compter sur des joueurs naturalisés tels l’Ottavien Kevin Lalande et le Torontois Geoff Platt. Charles Linglet devrait rejoindre ce groupe d’ici l’automne 2016. Daniel, quant à lui, n’a toujours pas cette chance.

« Puisque j’ai déjà joué dans les compétitions internationales pour Hockey Canada, je dois passer cinq années dans le système de hockey biélorusse après avoir obtenu le passeport. Les autres étaient plus jeunes lorsqu’ils ont reçu le leur. Moi, j’avais déjà 33 ans. En d’autres circonstances, je l’aurais reçu moi aussi. Je ne crois pas avoir la chance de jouer pour l’équipe nationale, même si j’étais naturalisé aujourd’hui. Je me reprendrai peut-être à titre d’entraîneur! »

Daniel Corso a été repêché par les Blues de St Louis au septième tour du repêchage de 1996. Il y a compté 14 buts et 11 aides pour produire 25 points en 77 joutes. Il a aussi joué durant quatre saisons pour les Tigres de Victoriaville de l’automne 1994 au printemps 1998.