Le nombre de Québécois dans la LNH a baissé dans les dernières années. Cette situation fait souffler un vent de panique. On croit souvent, à tort, que le circuit Bettman est le seul baromètre acceptable pour juger de la qualité de nos hockeyeurs. L’univers du hockey est pourtant beaucoup plus vaste et la Ligue continentale de hockey (KHL) en fait partie.

À Minsk, un Montréalais fait honneur au Québec. À sa cinquième saison dans la KHL, Charles Linglet frôle la barre du point par match. Il est tellement bon que la Biélorussie lui a fait don de la nationalité pour profiter de ses services au sein de son équipe nationale. L’ailier droit de 31 ans est séduit par l’idée de défendre les couleurs de cette ancienne république soviétique lors des compétitions internationales.

Charles Linglet« C’est un honneur de jouer pour une équipe nationale. C’est quelque chose que je n’ai jamais vécu. J’aimerais avoir la chance de faire mes preuves auprès de la Biélorussie et de notre entraîneur, Dave Lewis. Dans le cas où j’aurais la chance d’y jouer, je pourrais aussi me mesurer à des gars de la Ligue nationale. »

Charles est biélorusse depuis le 16 février 2012. Le président du pays, Alexander Loukachenko, lui a remis personnellement son passeport. Après deux ans au sein du programme de hockey d’un étranger, un joueur naturalisé peut changer sa nationalité sportive. En principe, le Québécois aurait pu porter l’uniforme biélorusse aux derniers championnats mondiaux qui ont eu lieu à Minsk en mai dernier. Les choses ne se sont malheureusement pas déroulées ainsi, puisque son premier séjour avec le Dinamo a abruptement pris fin en janvier 2013.

« Je dois recommencer ma période de deux ans au grand complet. C’est ça la règle. Lors de mon départ pour Lugano, j’avais seulement joué durant une année et demie. C’est ce pour quoi je dois refaire deux ans. Je serai donc éligible pour l’équipe nationale après la prochaine saison. »

À l’époque, le Montréalais n’a pas transféré en Suisse de gaité de cœur. Le Dinamo de Minsk a connu deux années de misère lors des saisons 2012-2013 et 2013-2014. L’équipe a dû être réorganisée dans tous les domaines pour redevenir compétitive. Le nouveau Dinamo de Minsk est une bouffée d’air frais pour les joueurs du club.

 « Lorsque j’ai signé, j’avais encore de mauvais souvenirs de mon congédiement. Avant, le club fonctionnait à la vieille méthode. On devait tous faire la même chose et tout devait se faire en équipe. On n’avait pas la possibilité de se préparer sur une base individuelle. Aujourd’hui, c’est formidable. Le club a une politique beaucoup plus familiale. On nous laisse respirer. Les dirigeants comprennent qu’on a besoin d’être avec nos familles sur une base régulière. Je vais recommander de signer un contrat avec le Dinamo à tous les joueurs qui en auront la chance cet été. On a du plaisir et on gagne! »

La nouvelle formule porte effectivement ses fruits. Le club a fini au dernier rang de la KHL la saison passée. Cette année, le Dinamo est cinquième dans l’Association de l’Ouest et sa participation aux séries éliminatoires est presque mathématiquement assurée. Cela est principalement dû à l’acquisition de six joueurs du Medvescak de Zagreb durant l’été. Dans ce groupe, on compte Jonathan Cheechoo, ancien gagnant du trophée Maurice-Richard. Notre Montréalais arrive lui aussi de la Croatie en compagnie de ses deux compagnons de trio, Ryan Vesce et Matt Ellison. Une ligne qui fait des flammèches depuis 2010.

« À Nijni Novgorod, nous avions gagné le titre du meilleur trio de l’année! On est revenu ensemble lorsqu’on s’est tous retrouvé avec le Medvescak l’an dernier. On avait besoin de se ressourcer. Après que j’aie quitté le Torpedo, en 2011, on avait tous connu de mauvaises saisons. En Croatie, nous avons été très bien dirigés et nous avons eu du succès. Lorsqu’on nous a donné la chance de continuer à jouer ensemble à Minsk, nous avons tous sauté dessus. »

Les amateurs de hockey biélorusses ont tôt fait de tomber en amour avec ce trio productif. Dans les estrades, on compte beaucoup de chandails avec le nom de Linglet ainsi que son numéro 7. Minsk est une ville de hockey. Le club de la KHL n’attire jamais des foules de moins de 12 000 spectateurs dans son amphithéâtre neuf. La ville de 2 millions d’habitants est l’endroit idéal pour un joueur de la KHL.

« Nous sommes très populaires. Les gens sont très gentils avec nous. On a vraiment les meilleurs partisans de la ligue. Ils sont très polis et ils aiment que l’on prenne du temps pour leur signer des autographes après les matchs. Minsk est un endroit génial pour jouer au hockey. La ville est très propre. Nous avons tout ce dont nous avons besoin. Il n’y a aucun danger. On se promène sur la rue durant la soirée et il n’y a jamais de problème. Ma femme s’y sent en sécurité. Il y a d’ailleurs eu beaucoup de progrès durant notre absence. Il s’est construit de nouveaux centres commerciaux et de nouvelles routes. On se plaît ici. »

Charles Linglet a joué seulement cinq joutes dans la LNH avec les Oilers d’Edmonton, mais il a eu du succès dans la Ligue américaine de hockey où il a compté 96 buts et cumulé 150 aides pour produire 246 points en 331 joutes. Il a aussi joué quatre saisons au sein du Drakkar de Baie-Comeau de l’automne 1999 au printemps 2003.