On entend plus souvent parler des difficultés de la KHL que de ses progrès. Le circuit eurasien s’est pourtant beaucoup amélioré depuis septembre 2008. À ses premières saisons, les clubs russes ont surtout réussi à recruter des joueurs en fin de carrière. À l’époque, beaucoup d’analystes ont parlé d’une « ligue de retraités. » Les choses ont bien changé.

Aujourd’hui, beaucoup de jeunes passent par la Ligue continentale lorsqu’ils sont ignorés par les clubs de la LNH, car ce circuit offre un meilleur calibre que la Ligue américaine de hockey (AHL). Des joueurs tels Jori Lehtera, Léonid Komarov et Jiri Sekac peuvent remercier la KHL de leur avoir donné les outils nécessaires et la visibilité pour rejoindre le circuit Bettman. Autrement, ils auraient sans doute été oubliés dans les ligues mineures.

La liste tend à s’allonger. Steve Moses est l’un de ces joueurs qui veulent rebondir en Amérique du Nord après un court séjour dans la KHL. Le jeune Américain de 25 ans est le meilleur compteur du circuit. Il a marqué huit buts de plus qu’Ilya Kovalchuk cette saison. Beaucoup de clubs de la LNH s’intéressent à lui en ce moment.

Steve MosesJusqu’à l’été dernier, Moses est passé sous le radar des dépisteurs nord-américains. Il a été ignoré par tous les clubs de la LNH lors des derniers repêchages. Du haut de ses 5'9", l’ailier gauche du Jokerit de Helsinki n’a pas le gabarit typique des joueurs de la LNH. Repêché par les MAINEiacs de Lewiston en 2006, il a préféré jouer dans la Ligue de hockey junior de l’Est (EJHL). Il a ensuite rejoint la NCAA, à l’automne 2008, où il a défendu les couleurs de l’Université du New Hampshire.

« J’aurais évidemment eu plus de chance d’être repêché si j’avais joué dans la Ligue canadienne de hockey. C’est plus facile de s’y faire remarquer par les éclaireurs. Jouer dans la EJHL, ce fut tout de même une expérience intéressante. J’y ai beaucoup progressé. Lorsque j’ai été repêché dans la LHJMQ, j’étais très petit et chétif. J’avais besoin de grandir et de prendre de la maturité. Aller au collège m’a permis de faire cela. »

Après quatre saisons au New Hampshire, Moses a terminé la campagne 2011-2012 avec le Whale du Connecticut de la Ligue américaine de hockey. Il y a marqué deux buts en huit joutes. À l’aube du lock-out, il a décidé de traverser l’Atlantique pour jouer en Finlande.

« C’était le bon moment pour moi d’aller jouer en Europe. Je savais qu’il y aurait beaucoup de joueurs sans contrat à cause du conflit de travail. Je m’étais déjà entraîné durant l’été avec le Jokerit de Helsinki, car mon agent a beaucoup de clients finlandais. Le directeur général du club était Jarmo Kekalainen qui travaille aujourd’hui avec les Blue Jackets. Il a parlé avec des agents qui m’avaient vu jouer et c’est pourquoi il m’a mis sous contrat. »

Le Jokerit de Helsinki en est à sa première saison dans la Ligue continentale de hockey cette année. Steve Moses a donc commencé sa carrière outre-mer dans le championnat finlandais. L’Américain a pu s’adapter au hockey européen et au lourd calendrier du hockey professionnel, tout en affrontant les joueurs de la LNH en exil.

« Au collège, on joue 35 matchs par saison. Dans la ligue finlandaise, c’est 60 matchs en saison régulière, en plus de 10 autres de préparation et les séries éliminatoires. Ce ne fut donc pas facile de m’adapter, mais cette année a été très positive pour moi. Chacune des équipes avait trois étoiles de la LNH dans leur formation. Nous avions Erik Karlsson et Valtteri Filppula au sein de notre équipe. Ça m’a donc aidé à progresser. J’ai appris beaucoup d’eux. »

Au sein du championnat finlandais, Moses s’est bien débrouillé. Il y a compté 34 buts et récolté 27 aides pour produire 61 points en 97 joutes. Ce fut assez pour que le Jokerit retienne ses services lors du passage à la KHL. L’Américain n’a pas déçu Jarri Kurri, maintenant directeur général de l’équipe. En 50 joutes, le jeune homme a marqué 30 buts et récolté 20 passes pour un total de 50 points. Malgré tout, Moses affirme que la Ligue continentale demeure supérieure à la SM-Liiga.

« Les joueurs, ici, sont meilleurs. Les clubs sont plus riches et c’est pourquoi on y voit des joueurs comme Radulov et Kovalchuk. Il y a aussi beaucoup d’anciens de la KHL. Le jeu est plus rapide. Les joueurs sont plus gros et plus talentueux. C’est incontestablement la meilleure ligue après la LNH. »

Cet été, l’ailier gauche du Massachusetts deviendra joueur autonome. Le jeune homme affirme qu’il se plaît dans la KHL, mais tenter sa chance dans le circuit Bettman demeure aujourd’hui son but suprême. Il croit plus que jamais en ses chances.

« Mon agent est en contact avec quelques clubs de la Ligue nationale. On verra ce que cela va donner. Dans le cas où on me donne la chance, je vais la prendre. Je demeure conscient que c’est un calibre très élevé, mais je crois en mes capacités. C’est sûr que j’ai un faible pour les Bruins. J’ai grandi en regardant jouer cette équipe, mais je suis ouvert à n’importe quel club. Je vais choisir celui qui me donnera du temps de glace et une chance de jouer en avantage numérique. »

Steve Moses sera-t-il le prochain Jiri Sekac? Il est encore tôt pour le dire. Une chose est certaine, la KHL devient plus que jamais un tremplin efficace pour plonger dans la LNH.