La Coupe du monde devra donc se passer des jeunes surdoués. Dommage!

Les Finlandais ont bien tenté de les aider. Ils se sont même bien défendus pendant une période. Mais lorsque Mikael Grandlund a frappé le poteau à un bout de la patinoire en début de période médiane et que Vladimir Tarasenko a déjoué Tuukka Rask dès la poussée suivante des Russes, les chances de l’équipe nord-américaine de passer en demi-finale contre le Canada ont piqué du nez.

Elles se sont évanouies 90 secondes plus tard lorsque Ivan Telegin a profité d’un autre revirement défensif de la Finlande pour doubler l’avance de la Russie.

Quand Evgeni Malkin a prouvé qu’il était vraiment de la coupe du monde et que ce n’était pas son fantôme qui endossait l’uniforme russe en marquant le but qui scellait l’issue de la partie, on a imaginé les jeunes surdoués baisser la tête devant les télés sur lesquelles ils avaient les yeux rivés. «Il n’y a rien d’organisé, mais c’est sûr que je vais regarder le match. Je ne me souviens pas de la dernière fois que j’ai suivi un match à la télé en espérant qu’une équipe gagne», a candidement reconnu le Néo-Brunswickois Sean Couturier qui est venu rencontrer les journalistes quelques minutes avant le début de la partie qui allait décider de son sort et de celui de ses coéquipiers.

Couturier espérait bien sûr une victoire de la Finlande. Car en battant les Russes, les Finlandais auraient prolongé l’expérience réussie de l’équipe de l’Amérique du Nord. L’équipe cendrillon du tournoi. L’équipe chouchoutée par les amateurs et aussi par les journalistes. L’équipe la plus populaire des huit formations en lice comme en témoigne le fait que toutes les boutiques de souvenirs sont depuis quelques jours en rupture de stock de chandails, casquettes et autres babioles à ses couleurs.

Une popularité qui a fait dire à Mike Babcock que « cette équipe insufflait de l’énergie au hockey; qu’elle représentait un coup de circuit pour la LNH. » Babcock ne comprend toutefois pas l’attrait accordé à un chandail qui ne voudra plus rien dire dans quelques jours.

C’est là où il se trompe. On n’oubliera pas rapidement l’équipe des moins de 24 ans parce qu’elle a marqué la Coupe du monde. On parlera davantage des exploits des jeunes, de leur vitesse, du début de match endiablé lors du duel contre la Suède, sans oublier le but gagnant en prolongation de Nathan MacKinnon, que de la conquête qui s’annonce trop facile pour le Canada.

À moins bien sûr que le Canada ne s’écrase lamentablement contre la Russie samedi soir. À moins qu’elle ne se fasse couper les jambes par l’Europe ou la Suède la semaine prochaine dans le cadre de la finale deux de trois qui couronne l’équipe championne.

Les amateurs tout comme les journalistes espéraient une victoire de la Finlande simplement pour prolonger le plaisir de voir patiner les jeunes surdoués. De les voir jouer. De les regarder aller.

Une demi-finale Canada – moins de 24 ans aurait été sensationnelle pour le hockey. Ce duel aurait suscité l’intérêt de tous les amateurs en plus d’en attirer d’autres en raison de la portée de l’événement. Un intérêt qui piquera du nez maintenant, malgré un match Canada-Russie qui pourrait être relevé. C’est du moins ce qu’on doit souhaiter.

Surtout que dans le cadre d’une petite partie, qui sait si la vitesse des jeunes aurait pu démanteler la structure solide de l’équipe canadienne?

« Je ne me souviens pas de la dernière fois que le Canada a perdu deux matchs de suite. C’est sûr qu’ils sont les grands favoris et qu’ils seront très difficiles à battre en grande finale. Mais dans le cadre d’un match, nos chances auraient été meilleures », a indiqué Sean Couturier sans jamais oser les quantifier.

On ne saura jamais la réponse.

Ce qu’on sait toutefois, et c’est l’une des grandes leçons que tirera Couturier de son expérience à la Coupe du monde 2016, c’est que les jeunes nord-américains sont exclus de la ronde éliminatoire même s’ils n’ont encaissé qu’un revers. Un revers par un but aux mains de la Russie.

« Depuis que je joue au hockey, je me fais répéter par mes coachs qu’il est important de jouer 60 minutes. Quand on analyse notre tournoi, on se rend compte qu’on s’est placé dans le trouble en raison d’une séquence de 10 minutes. Tout le reste a été très bon. Je vais m’en rappeler pour le reste de ma carrière. »

Maintenant qu’ils quittent la Coupe du monde trop tôt à leur goût, trop tôt au goût de tout le monde, est-ce qu’on doit dire à la prochaine aux surdoués ou malheureusement adieux.

La LNH n’a pas statué sur l’avenir des moins de 24 ans pas plus que sur l’avenir d’Équipe Europe. Mais Connor McDavid, le capitaine des surdoués, a donné un coup dur aux partisans de cette nouvelle équipe lorsqu’il a indiqué qu’il préférerait défendre les couleurs du Canada que de reprendre le flambeau avec le club nord-américain.

McDavid est l’un des trois joueurs – les Américains Auston Matthews et Jack Eichel sont les autres – de l’équipe de l’Amérique du Nord qui n’auront pas encore atteint la barrière des 24 ans dans quatre ans.

Avec la débandade encaissée à Toronto et la déclaration de John Tortorella disant que son équipe n’avait pas les ressources suffisantes en matière de talent pour rivaliser avec le Canada, il serait très surprenant que USA Hockey laisse Matthews et Eichel endosser un autre chandail que celui de leur équipe nationale.

Eichel, Matthews et McDavid seront peut-être suivis de futures vedettes au cours des prochaines années. Ce qui serait excellent pour le hockey.

Malgré tout, l’équipe nord-américaine pourrait difficilement se passer d’eux dans quatre ans alors qu’ils seront meilleurs et plus électrisants qu’ils le sont maintenant. Comme si c’était possible.

On verra.

Si les jeunes reviennent, ce sera tant mieux. S’ils sont rapatriés au sein de leur équipe nationale respective, ce ne sera pas la fin du monde puisqu’ils seront en mesure de nous en mettre encore plein la vue.

Mais ce ne sera pas pareil. Et sans que ce soit la fin du monde, ce sera bien dommage.