Le calendrier régulier de la KHL s’est terminé le 24 février dernier. Le Club de l’Armée Rouge y a remporté son premier titre national depuis 1989 et il se prépare à affronter le HC Sotchi en première ronde. Alexander Radulov et ses coéquipiers ont connu une meilleure saison que l’an dernier. L’ancienne gloire de l’URSS s’est contentée d’une septième place dans son association en 2014, juste derrière le Medvescak de Zagreb.

La campagne 2014-2015 du club croate contraste aussi avec celle de l’année dernière. Le Medvescak doit se contenter d’un treizième rang dans la l’Association de l’Ouest et d’une exclusion des séries éliminatoires. Les partisans du club sont déçus, mais comme l’explique le Québécois Pascal Pelletier, aucun d’entre eux n’a quitté le navire.

« On a eu une année en dents de scie, surtout avec le changement d’entraîneur. Beaucoup de nos joueurs se sont blessés et d’autres sont partis durant la saison. Nous continuons tout de même à jouer à guichets fermés. Lors des deux derniers matchs, nous avons tout fait pour leur donner un spectacle digne de leur loyauté. Ils nous ont encouragés durant toute la saison malgré les difficultés. »

Pascal PelletierLe club a souvent été surnommé « l’équipe d’étoiles de la Ligue américaine. » Avec ses 16 matchs en carrière dans la LNH et ses 345 points dans la Ligue américaine, Pascal est très représentatif des joueurs que l’on trouve dans le Medvescak. Le club sert de tremplin aux vétérans de l’AHL vers les riches équipes de la KHL.

L’exclusion du Medvescak des séries éliminatoires l’a poussé à procéder à une vente de feu. Pascal est un des derniers joueurs à avoir joué à Zagreb jusqu’à la fin du calendrier régulier. Son compagnon de trio, Martin St-Pierre, s’est quant à lui envolé pour Lausanne à quelques matchs de la fin de la saison.

« Son départ ne m’a pas surpris. On voyait les joueurs quitter le club les uns après les autres. Le dernier match, nous l’avons joué à trois trios. On a fait ce qu’on pouvait. Ce n’est pas facile avec tous les gars malades ou blessés. On a tout de même bien fait. »

La saison difficile des Croates s’est terminée par une défaite de 5 à 4 en prolongation contre le puissant Jokerit. Les joueurs et les partisans du Medvescak méritaient mieux, mais cette défaite est à l’image de la campagne de 2014-2015. La détermination et le dévouement ne peuvent pas toujours soulever des montagnes. Malgré les déboires du club, Pascal peut être fier de sa saison. En 57 joutes, il a compté 16 buts et il a récolté 23 aides pour produire un total de 39 points. Ses bonnes statistiques lui ont d’ailleurs valu d’être invité aux Matchs des étoiles à Sotchi.

« C’est le premier Match des étoiles auquel j’ai participé dans ma carrière. J’ai été invité à participer à deux occasions à cet évènement dans la Ligue américaine, mais les deux fois j’avais été rappelé dans la Ligue nationale. Ma première année dans la East Coast League, j’avais aussi été invité au Match des étoiles, mais j’avais reçu une promotion dans la Ligue américaine! Je n’avais donc pas pu y participer. C’était donc la première fois que j’étais physiquement présent au Match des étoiles. Avoir cet honneur à ma première année dans la KHL, c’est très plaisant. »

Dans un monde idéal, Pascal espèrerait bien que cette première saison dans la Ligue continentale ne soit pas la dernière. Il aimerait bien continuer à jouer dans ce circuit l’an prochain.

« Après avoir joué en Suisse et dans la Ligue américaine, je peux confirmer que c’est la meilleure ligue dans le monde après la Ligue nationale. J’aime ça jouer ici. Maintenant, je vais retourner à Québec pour étudier les diverses options. Je n’ai pas encore discuté avec le Medvescak, mais je n’exclus pas un retour à Zagreb l’an prochain. »

La possibilité d’un retour de Pascal en Croatie pourrait en surprendre plusieurs. Des médias russes ont déjà annoncé triomphalement l’exclusion du Medvescak de la KHL. Le club a pourtant déjà commencé à recruter ses joueurs par la prochaine saison. Le Québécois est lui-même perplexe lorsqu’on lui parle de ces rumeurs.

« Le club ne nous a jamais parlé de ça. Nous sommes payés dans les temps et notre aréna est plein à craquer. Lorsque je suis allé au Match des étoiles, à Sotchi, il y a eu beaucoup de discussions par rapport à notre club. Nous n’avons eu que de bonnes nouvelles après la réunion des directeurs généraux. Je ne vois pas d’où viennent toutes ces histoires. »

Les dirigeants du Medvescak ont passé une bonne partie de leur temps à rassurer le monde du hockey eurasien par rapport à leur situation financière. Le directeur sport du club, Markoantonio Belinic, s’est prêté à nouveau à cette routine avec RDS.

« Les rumeurs courent, mais elles ne changent rien aux faits. Nous sommes déjà en train de préparer la saison 2015-2016 et nous la jouerons dans la KHL. Nous avons une entente avec Gazprom, car ils sont implantés dans notre pays. Ils travaillent dans le domaine gazier et ils sont aussi impliqués dans un projet de centrale électrique. Nous avons aussi un fort support de la part des entreprises locales. Nous avons donc les 10 millions d’euros nécessaires pour remplir nos obligations. Notre politique a toujours été de ne jamais dépenser de l’argent dont nous ne disposons pas. Vous pouvez vérifier par vous-même. Toutes ces informations sont du domaine public. »

Les critiques du Medvescak ne comprennent pas pourquoi la KHL s’est implantée en Croatie. Beaucoup d’analystes russes croient que le club est un poids économique et sportif inutile pour la ligue, puisque la Croatie ne serait pas un pays de hockey. Markoantonio Belinic rejette du revers de la main ce point de vue.

« Malgré nos moyens limités, nous avons été des rondes éliminatoires l’an dernier. Nous les avons manquées cette année, mais ça ne signifie en rien que nous en serons exclus la saison prochaine. Oui, nous ne sommes seulement 4 millions en Croatie, mais nous avons des partisans dans les pays voisins. Les amateurs de hockey autrichiens, slovènes et hongrois viennent voir nos matchs. Nos matchs sont aussi diffusés partout dans les Balkans. Notre plan d’affaires ne se limite pas seulement à Zagreb. »